Rénovation énergétique des universités : un chantier titanesque

Clémentine Rigot Publié le
Rénovation énergétique des universités : un chantier titanesque
L'université de Bourgogne a entamé la rénovation de six de ses campus. // ©  David CESBRON/REA
Face à la crise de l’énergie, les établissements de l’enseignement supérieur se lancent dans des travaux de grande ampleur, pour allier, sur le long terme, confort, préservation du patrimoine et économies. Certaines universités n'ont pas attendu la crise pour engager ces rénovations et les résultats sont là.

Quinze millions d’euros. C’est le montant de la facture énergétique à laquelle se prépare à faire face l’université de Bourgogne, d’après ses estimations cette année. Une somme multipliée par trois par rapport à 2021. Si l’Etat a aidé l'université à hauteur de 200.000 euros, le reste devra être épongé par les fonds propres de l’université.

Des travaux de rénovation déjà engagés

De quoi légitimer davantage les travaux de rénovation des six campus, déjà entamés depuis plusieurs années. Au programme : réfection de menuiseries (fenêtres et volets) mais aussi, entre autres, isolation des murs et des toitures. Sur les 40 millions d'euros d'investissement prévus pour la rénovation énergétique des bâtiments, 15 devraient être assurés par l'Etat dans le cadre du Plan France Relance, 5 par la région, et 20 par les fonds propres de l'établissement. Couplé à une refonte du système lumineux et de chauffage, l’université de Bourgogne table sur 8% d’économies par rapport à la période pré-Covid.

"Dans les bâtiments où les travaux sont quasiment terminés, on constate une réelle hausse du confort, le personnel a eu moins froid que les hivers derniers", assure Philippe Perrot, vice-président de l'université délégué au patrimoine.

Ces améliorations quasi immédiates, il n’est pas le seul à les ressentir. A Rennes 2 aussi, on se réjouit de la transformation du bâti énergivore. "On n’a pas attendu la crise pour rénover nos bâtiments", se félicite Marc Bergère, vice-président en charge de la documentation, du patrimoine immobilier et de la transition numérique.

Des universités qui misent sur la sobriété énergétique

Ici aussi, cap sur l’isolation thermique, mais aussi remplacement du système lumineux par des ampoules LED, moins gourmandes, ou encore modernisation de la ventilation et du chauffage. Un budget de 250.000 euros par an a été alloué spécifiquement pour investir sur ces installations. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : couplés à un plan de sobriété, ces projets de rénovation ont permis à l’université de diminuer de près d’un quart sa consommation énergétique depuis 2014.

L’établissement s’appuie aussi sur une optimisation du chauffage et de l’électricité. Système de détection de présence pour l’éclairage, baisse du chauffage d’un degré, réorganisation des plannings pour optimiser l’utilisation des locaux, prise en compte de l’amplification horaire… Mises bout à bout, ces petites stratégies ont ainsi permis de consommer moins que l’année précédente, alors même que le présentiel n’était pas encore généralisé. A terme, Marc Bergère espère pouvoir réduire de 40% la consommation énergétique sur les bâtiments rénovés.

Toutes ces transformations ont pour objectif d’améliorer le confort au quotidien mais aussi, sur le long terme, d’endiguer l’explosion des tarifs de l’énergie, qui paralyse certaines facs à l'instar de l’université de Strasbourg qui avait décidé de fermer ses portes pendant quinze jours après les vacances de fin d'année.

Le développement durable au cœur des projets

A Poitiers aussi, l'université a misé, de longue date, sur la rénovation énergétique. Mais l'établissement a dû faire face à un défi supplémentaire : retaper son patrimoine immobilier, vieux des années 2000… jusqu’au Moyen-Age ! Des contraintes additionnelles puisqu'on ne rénove pas un bâti de la même façon lorsqu’il est sauvegardé et parfois même classé. "Ces bâtiments étaient pourtant peu énergivores, notamment parce qu’il y avait peu d'équipements électriques", précise Lionel Vinour, directeur du pôle Vie de campus et patrimoine. Les travaux ont par ailleurs permis une mise aux normes, en développant l’accessibilité du campus.

Au-delà de ces réfections, l'université de Poitiers voit vert : panneaux photovoltaïques, électricité 100% durable et même, depuis 2015, la création d’une chaufferie biomasse. Ce seul nouveau mode de chauffage permet à l’établissement d’économiser 7.500 tonnes de CO2 par an. Mais ces travaux n’auront pas suffi à endiguer l’explosion de la facture : pour cette année, on estime qu’elle culminerait à 8,5 millions d’euros.

L’objectif, à terme : "s’affranchir de la fluctuation des marchés", explique Laurent-Emmanuel Brizzi, vice-président Vie de campus et patrimoine, rappelant que l’université fixe la fin des travaux sur le parc ancien à l’horizon 2030. Ici aussi, l’établissement mise sur un duo rénovation et plan de sobriété, que l’on souhaitait "ambitieux et soutenable".

Les trois universités rénovent, pierre après pierre, leur patrimoine immobilier, en associant autant que possible le personnel encadrant et les étudiants. Des projets accueillis favorablement par une génération de plus en plus sensible aux questions environnementales.

Clémentine Rigot | Publié le