Sorbonne université revendique plus de moyens et d'autonomie

Éléonore de Vaumas Publié le
Sorbonne université revendique plus de moyens et d'autonomie
Installé dans le couloir piéton, le projet Paris-Parc Sorbonne relie la place de l'Institut du monde arabe au parc du campus de Jussieu (Paris 5e). // ©  Agence BIG
Future loi de programmation de la recherche, autonomie, réforme du lycée… dix-huit mois après la fusion, la direction de Sorbonne université a pris la parole le 1er juillet 2019 pour faire un point d’étape.

Plutôt discret depuis la fusion entre Paris-IV et Paris-VI au sein de Sorbonne université en janvier 2018, Jean Chambaz était, cette fois, disposé à discuter ouvertement des différents chantiers en cours lors d’une conférence de presse organisée le 1er juillet 2019.

Le président de l'établissement a surtout insisté sur son souhait d’acquérir une plus grande autonomie, notamment sur le recrutement et la gestion des carrières des enseignants-chercheurs, mais aussi des personnels de soutien. "Aujourd’hui, nous ne sommes pas du tout autonomes sur ce point. Si je ne milite pas pour la suppression du CNU, je suis en faveur d’un recours conditionnel. Nous n’avons pas besoin du CNU pour recruter des enseignants de qualité. Le doctorat est un diplôme de grande valeur, l’HDR est une qualification rigoureuse et je ne vois pas la valeur ajoutée d’un passage en CNU", a-t-il martelé, en exhortant l’exécutif à se saisir de cette question à l’occasion de la future loi de programmation pluriannuelle de la recherche, qui sera présentée au printemps 2020.

"Nous aimerions pouvoir progresser dans le cadre d’une expérimentation construite de manière contractuelle pour donner, dans le cadre de la fonction publique, plus de liberté, d’espace et de pluriannualité. Nous avons tellement de personnel de grande valeur qui ont un grade qui ne correspond pas à leurs compétences."

Des besoins de financements pour la recherche

Un point qui, selon la gouvernance, a été longuement discuté dans le cadre de la Curif (Coordination des universités de recherche intensive françaises), qui a fait des propositions pour préparer les éléments de la loi. La future loi devra également, espère Jean Chambaz, permettre une "recapitalisation du secteur avec un équilibre entre l’appui récurrent à la recherche, qui a besoin d’un financement à long terme, et de l’ANR pour assurer un taux de retour satisfaisant, de l’ordre de 20 à 25 %, avec des financements de plus longue durée". Questionné sur un chiffrage de ces financements, il précise que, pour l’ANR, il faudrait "plusieurs centaines de millions d’euros supplémentaires par an".

Dans le même sens, la piste des CDI de chantier doit, de l’avis de l’université, être absolument mise en œuvre pour pouvoir recruter des jeunes chercheurs sur 5 ou 6 ans dans une même institution, comme dans la plupart des grands pays scientifiques. Une disposition que l’université souhaite pouvoir utiliser aussi pour les personnels d’appui et de soutien.

Nous aimerions pouvoir progresser dans le cadre d'une expérimentation pour donner, dans le cadre de la fonction publique, plus de liberté, d'espace et de pluriannualité.
(J. Chambaz)

Toujours sur la question du financement, Sorbonne université s’est lancée il y a un an dans une politique de développement des ressources via une campagne de levée de fonds inédite auprès des entreprises, portée par Thierry Breton, PDG du géant de l'informatique Atos. Cette démarche devrait permettre de rapporter 100 millions sur 5 ans à l’institution, mais elle ne doit pas "s’accompagner d’un désengagement de l’État", prévient le président, pour qui investir dans la recherche est un facteur de redressement économique et social d’un pays.

Evolution de la formation

La recherche n’est toutefois pas le seul dossier qui monopolise l’attention de l’établissement. Si, depuis la fusion, un gros travail d’harmonisation de la politique sociale (mise en place du télétravail, système de primes pour les BIATSS et les enseignants-chercheurs, mise en œuvre coordonnée d’une politique de recrutement avec une mobilité interne sur l’ensemble de l’université) a été mené, de nombreux chantiers attendent la direction, comme celui de la rénovation des systèmes d’informations pour lequel Sorbonne université va investir 25 millions sur 5 ans, ou l’accueil des bacheliers concernés par la réforme du lycée à partir de 2021.

"Des groupes de travail vont commencer à plancher dessus dès le mois de septembre pour avoir des idées un peu claires sur la manière de faire évoluer la formation et pouvoir communiquer lors des journées portes ouvertes au printemps prochain", a indiqué Marie-Céline Daniel, VP formation et commission formation et vie universitaire, lors du point presse.

De son côté, Jean Chambaz, n’est pas inquiet : "Le fait que nous ayons pu développer ces dernières années une offre de formation avec majeur/mineur et l’ouverture sur d’autres disciplines va plutôt dans le sens de la réforme. D’autant plus que les choix de combinaisons faits par les lycéens cette année restent relativement classiques".

Le président de Sorbonne université semble plus préoccupé par le retard pris sur le projet Paris-Parc Sorbonne, qui regroupera entre autres des espaces dédiés à l’innovation, des laboratoires communs, et dont l’ouverture est prévue pour la fin 2020. "Pour nous, c’est l’interface entre l’université et les sociétés, confie-t-il. Il serait temps qu’il sorte de terre."

Éléonore de Vaumas | Publié le