Un réseau national des écoles universitaires de tourisme pour apporter des solutions à des métiers en tension

Léa Fournier Publié le
Un réseau national des écoles universitaires de tourisme pour apporter des solutions à des métiers en tension
Deux millions d'emplois, directs ou indirects sont générés par le tourisme en France. // ©  7maru/Adobe Stock
Six universités ont officiellement lancé, vendredi 17 mars, le réseau national des écoles universitaires de tourisme. Renforcement et visibilité du partenariat, rayonnement à l’international, adaptation aux nouveaux enjeux, développement des formations en apprentissage et en continue, digitalisation… Les enjeux sont multiples.

Si la crise sanitaire a été un coup de massue pour le tourisme, en 2022, les recettes du secteur en France ont dépassé le niveau de 2019 avec une hausse de 8,6%. Six universités se mobilisent pour appréhender les nouveaux enjeux qui vont de pair avec ce regain de croissance et les besoins d'un secteur porteur à la recherche de professionnels bien formés.

À l’occasion du salon mondial du Tourisme à Paris, elles ont officialisé la création du réseau des écoles universitaires de tourisme, constitué des universités d'Angers (ESTHUA), de Paris 1-Panthéon-Sorbonne (IREST), de Gustave Eiffel (IFIS), de Toulouse-Jean Jaurès (ISTHIA), de Savoie-Mont Blanc (USMB) et de Nice-Côte d'Azur (ITCA). Les membres de ce partenariat sont déjà à l’œuvre depuis le mois de juillet 2022 pour bâtir un projet ambitieux.

Des formations continues, en alternance et à l’international

Deux millions d’emplois, directs et indirects, sont générés par le tourisme en France. Pour faire de ce nouveau réseau un leader dans le domaine de la formation touristique, les universités se sont fixé plusieurs objectifs.

L’un d’eux consiste à "accroître le nombre de diplômés pour répondre aux besoins du secteur", explique Philippe Galez, président de l’université Savoie-Mont Blanc. Notamment en créant "800 places d’ici à la rentrée 2024, en particulier en apprentissage". Le choix de l'alternance, "convient bien aux professionnels qui peuvent ainsi (...) participer à la formation de futurs collaborateurs", d'après lui.

L’accent sera par ailleurs mis sur la formation continue, avec des modules courts et personnalisés pour les professionnels et les personnes qui souhaitent se réorienter. Frédéric Zancanaro, directeur adjoint de l’ISTHIA, souligne également la volonté de développer des formations de tourisme à l’international. "La France est vue comme un excellent lieu de formation à l’étranger. Nous voulons créer des activités de coopération internationale, avec par exemple des doubles diplômes."

Réinventer les formations en tourisme

La création de ce réseau d’universités fait partie du plan global de relance du secteur du tourisme, initié par le gouvernement de Jean Castex. "Bien sûr, la période des confinements successifs a perturbé le secteur. Cependant, il n’y a pas que la crise sanitaire aujourd’hui qui est à l'origine d'un certain nombre d’évolutions nécessaires", précise Christian Robledo, le président de l’université d’Angers.

La reprise de l’attractivité du pays confronte ses acteurs à une augmentation des flux touristiques. Mais la digitalisation des territoires, les innovations et les difficultés de recrutement sont autant de défis à relever. Ce sont aussi les changements sociétaux et climatiques qui poussent le secteur tout entier, et donc les universités, à se réinventer. "L’ensemble des acteurs doit mettre en place des mesures pour limiter leur empreinte carbone", explique Christian Robledo.

Ce groupement des écoles universitaires aura ainsi pour vocation de favoriser l’innovation dans le secteur du tourisme. L’une des mesures annoncées est d’ailleurs la création d’incubateurs, à destination d’étudiants, d’anciens étudiants voire même des personnels des universités.

La transition écologique amène des nouvelles problématiques. C’est un enjeu majeur à inclure dans l’ensemble des modules de formation. (M. Jougleux, Université Gustave Eiffel)

De nouveaux thèmes seront également inclus dans les différents cursus. Certains modules (communication non-violente, économie internationale du tourisme, mobilité du tourisme…) sont déjà prêts pour la rentrée et seront déclinés en plusieurs langues. D’autres sont encore en préparation. "La transition écologique amène des nouvelles problématiques : en termes d’infrastructures, de mobilité, d’énergie, de gestion des eaux, précise Muriel Jougleux, vice-présidente Partenariats et professionnalisation à l’Université Gustave Eiffel. C’est un enjeu majeur à inclure dans l’ensemble des modules de formation."

Une visibilité nécessaire du secteur touristique

Le directeur général adjoint d’ADN tourisme, la fédération unique qui réunit les organismes institutionnels du secteur, se réjouit de la création de ce réseau universitaire. "Le tourisme représente 8% du PIB français. Paradoxalement, il s’agit d’une activité qui n’est pas reconnue à sa juste valeur, affirme Christophe Marchais. Il faut faire connaître ces formations auprès des jeunes, des professionnels mais aussi des collectivités."

Un challenge qu’entend bien relever le consortium, comme l’explique Christian Robledo : "Un certain nombre de formations existent aujourd’hui, plutôt bien réparties sur le territoire. Malheureusement, elles subissent un effet de dispersion. Nous avons donc pour but de créer un réseau pérenne de formations universitaires en tourisme et d’en assurer la visibilité et la notoriété. Aujourd’hui, nous sommes six partenaires mais l’objectif est de s’enrichir et de s’élargir."

Pour se faire connaître, le réseau des écoles universitaires de tourisme engage une première action à l’occasion de la semaine des métiers du tourisme du 3 au 9 avril 2023 : les différentes universités ouvriront leurs portes au public pour des ateliers et des conférences.

Léa Fournier | Publié le