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La classe préparatoire très bien perçue par ses élèves

Sarah Nafti Publié le
La classe préparatoire très bien perçue par ses élèves
Plusieurs enquêtes menées auprès des élèves affichent des taux de satisfaction très élevés. // ©  Stephane AUDRAS/REA
Stress, compétition, manque de temps… Alors que les classes préparatoires gardent une image de filière génératrice de souffrance, plusieurs enquêtes menées auprès des élèves – toutes CPGE confondues – affichent pourtant un taux de satisfaction très élevé.

88,1% des étudiants de classe préparatoire referaient le même choix d'orientation. C'est ce qui ressort d'une étude menée par l'APLCPGE (association des proviseurs de lycées à classes préparatoires) dont les résultats ont été détaillés, vendredi 19 janvier 2024.

En tout, 4.500 élèves de deuxième année, soit 11% des effectifs, dans toutes les filières de classes préparatoires, ont répondu au questionnaire. Les résultats, analysés par l'APLCPGE et les chercheurs de l'Observatoire du bien-être du Cepremap (Centre pour la recherche économique et ses applications), révèlent "une réalité bien éloignée de l'image véhiculée sur la prépa", remarque Joël Bianco, président de l'APLCPGE.

Des étudiants de prépa satisfaits de leur choix d'orientation

En novembre 2023 déjà, une enquête menée par le NewGen Talent Centre, le centre d'expertise de l'Edhec sur les aspirations, les comportements et les compétences des nouvelles générations de talents, relevait que 94% des étudiants interrogés referaient le même choix de la prépa.

Selon cette autre étude, 98% ont vécu une expérience enrichissante, 81% l'ont dite heureuse et 64% collective. "La classe préparatoire est un sujet qui ne laisse personne indifférent, soit on aime, soit on déteste, constate Manuelle Malot, directrice du NewGen Talent Centre. Mais souvent les avis très négatifs viennent de personnes qui n'ont pas fait de prépa."

Joël Bianco estime que l'image véhiculée sur les classes préparatoires ne correspond pas au vécu de ceux qui y étudient. "Bien sûr, nous avons des vigilances, sur la gestion du stress notamment, mais c'est encourageant de voir que cette enquête tord le cou aux idées reçues."

"Les élèves apprécient les enseignements, la pluridisciplinarité, le travail, la rigueur, la méthode, même s'ils éprouvent parfois des difficultés", remarque le proviseur. Pour neuf étudiants sur dix, les contenus des enseignements correspondent à leurs attentes, et la pluridisciplinarité est perçue comme un atout pour la poursuite des études, au-delà de la seule réussite des concours.

La prépa, une filière qui fait gagner en maturité

En tête des compétences développées, les étudiants sondés par l'Edhec citent la capacité de travail (96%), la capacité à rebondir (92%) et l'esprit critique (91%). Ils sont 65% à louer la stimulation intellectuelle, 46% la qualité de l'enseignement et même 28% l'esprit de camaraderie.

"La prépa a une image élitiste, liée à la filière d'excellence, souligne Manuelle Malot. Pourtant, les étudiants y étudient les enjeux du monde, elle n'est pas hors sol. Le contenu académique, comme les modalités pédagogiques évoluent constamment."

Le nom de "classe préparatoire", étant donné que la vocation première est de préparer les concours des grandes écoles, prête à confusion pour Manuelle Malot car il donne l'impression que ces deux années ne servent qu'à ça. Or, les étudiants, outre les acquis académiques, sont nombreux à dire que l'expérience les a aidés à gagner en confiance et en maturité.

Du stress, mais pas tant de compétition

Selon l'APLCPGE, 57% jugent fondés les préjugés sur la charge de travail, le stress et la pression, mais infondés les a priori sur l'esprit de compétition ou la dureté des enseignants.

"Les exigences sont élevées, résume Joël Bianco, mais les étudiants comprennent les enjeux. Ils prennent les notes pour ce qu'elles sont : des outils pour s'améliorer". Si 64% ressentent du stress, principalement scolaire, il est considéré par 57% des sondés à la fois comme un frein mais aussi comme un moyen de se pousser à aller plus loin.

Toutefois, Joël Bianco relève un point de vigilance, car le ressenti n'est pas le même pour tous, et la prépa est un peu moins bien vécue quand on est une jeune femme ou boursier. Ainsi, les étudiantes de prépa se sentent plus en retard, moins écoutées, ont moins confiance.

Au total, 40% des élèves de prépa sondés ont pensé arrêter, mais cela concerne 46% des femmes pour 34% des hommes. Pour Joël Bianco, cela nécessite "un travail d'accompagnement particulier".

Des effectifs de prépa en hausse en 2023

De son côté, Denis Choimet, président de l'UPS (Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques) remarque "une nette embellie" au niveau des effectifs sur la rentrée 2023, après plusieurs années de baisse, preuve "que le modèle n'est peut-être pas dépassé". "Nous avons au minimum 1.000 à 1.500 étudiants en plus par rapport à 2022, sur environ 20.000 étudiants, soit 5 à 8% d'augmentation."

Pour l'enseignant, "le bashing est absurde" et il y a au contraire "un vivier à développer, avec trop de jeunes qui s'autocensurent". Les prépas font face à "une opposition idéologique", considère Denis Choimet, car elles sont vues comme élitistes.

"Il faut qu'on arrive à mener une campagne de communication pour montrer le vrai visage de la prépa", estime l'enseignant, qui cite l'exemple de l'initiative "Prépare-toi", lancée par la CDEFM (Conférence des directeurs des écoles françaises de management) et l'APHEC (association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales).

Cette campagne de communication, fait suite à une enquête qualitative menée en mars 2023 auprès d'une centaine d'étudiants. Celle-ci révélait notamment que les étudiants étaient attirés par le prestige de la classe prépa mais qu'ils appréciaient également les cursus pluridisciplinaires et le suivi des enseignants.

Prêts à travailler beaucoup, les étudiants de prépa sont aussi attentifs à leur bien-être. Selon l'étude NewGen Talent Center, 73% des élèves ont pratiqué au moins une activité extra-scolaire pendant les deux années.

Selon ces enquêtes, les classes préparatoires semblent avoir bel et bien évolué et répondre aux attentes de la grande majorité des élèves qui y étudient.

Reste à savoir si les lycéens – et les pouvoirs publics - entendront leur message. La filière semble encore menacée : pour la rentrée 2024, plusieurs classes de prépa doivent être fermées par le rectorat de Paris. Les mobilisations organisées depuis décembre n'ont pas permis de changer la donne.

Sarah Nafti | Publié le