APHEC : les prépas éco continuent de chercher des solutions pour attirer les élèves

Agnès Millet Publié le
APHEC : les prépas éco continuent de chercher des solutions pour attirer les élèves
Le modèle des classes prépa est-il remis en question par les baisses d'effectifs ? // ©  DEEPOL by plainpicture
Lors de son congrès annuel, les 9 et 10 juin 2023, à Montpellier Business School, l'Association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales (APHEC) a fait le point sur la situation des prépas éco : baisse des effectifs, réforme suspendue et perspectives ont été évoquées.

L'année écoulée a été "très tendue, voire conflictuelle". Alain Joyeux, président de l'Association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales (APHEC) ne s'en cache pas.

Lors de la conférence de presse organisée par l'APHEC à l'occasion de son congrès annuel, il revient sur le diagnostic : les prépas éco doivent être repensées pour contrer la baisse des effectifs. Particulièrement forte en 2021 avec 12,7%, elle a été "stabilisée" en 2022. "Mais ce n’est pas satisfaisant, il faut repartir à la hausse", note le président.

Une réforme des prépas éco suspendue

Un comité de pilotage, lancé fin 2022 et réunissant ministères, prépas, grandes écoles et les autres acteurs de la filière avait été lancé pour trouver des solutions.

Las ! Au bout de quelques mois, la réforme est suspendue. Et l'APHEC a parfois été montrée du doigt pour expliquer cet échec. Mais l'association se défend d'être l'acteur qui a claqué la porte.

Les prépas éco doivent être repensées pour contrer la baisse des effectifs. (A. Joyeux, APHEC)

Si les discussions ont été arrêtées, justifie-t-il, c'est que le scenario présenté semblait contre-productif à l'APHEC, qui s'était fortement mobilisée contre la proposition, en mars.

"Améliorer l'expérience étudiante" en prépa face à la concurrence

"Nous ne sommes pas dans une bulle", se défend le président, qui concède qu'il faut "améliorer l'expérience étudiante" en prépa. Car les élèves sont de plus en plus tentés par la concurrence des bachelors de management ou un départ à l'international.

Les cycles pluridisciplinaires d'études supérieures (CPES), en revanche, semblent moins menaçantes. Le vivier de recrutement n'est pas exactement le même et les effectifs sont limités. Par ailleurs, "le ministère nous a assuré que les CPES n'ont pas été créés pour concurrencer les prépas mais pour alimenter les universités en étudiants destinés au master et au doctorat, en recherche", explique-t-il.

Un audit sur le sujet des CPES et des prépas a pourtant été lancé en janvier par le ministère. Celui-ci suscite des "questionnements" parmi les prépa. "Sera-t-il remis bientôt ? Doit-il aboutir sur des évolutions ?" : le président de l'APHEC s'interroge. D'autant que, depuis la suspension de la réforme, l'association a eu peu de dialogue avec le ministère.

Des discussions relancées avec les écoles de commerce de la CDEFM

En attendant, les professeurs de prépa sont convaincus que les prépas ne peuvent pas "évoluer sans les grandes écoles. Il faut une réflexion à l’échelle de la filière".

Bruno Ducasse, directeur de Montpellier BS, abonde. "Le combat que nous avons mené, nous avons à le mener ensemble pour redonner plus de sens à ces deux ans de prépa. Nous avons beaucoup à travailler pour faire en sorte que ce continuum soit visible et réel dans les écoles". Selon lui, l'objectif est de "faire comprendre à des lycéens que ce ne sont pas deux ans à mettre entre parenthèse, mais que cela fait bien partie de l’expérience étudiante".

Le combat que nous avons mené, nous avons à le mener ensemble pour redonner plus de sens à ces deux ans de prépa. (B. Ducasse, Montpellier BS)

Depuis la suspension de la réforme, le dialogue a d'ailleurs "immédiatement repris avec la Conférence des directeurs des écoles françaises de management (CDEFM)", rappelle Christine Pires, vice-présidente de l'APHEC.

Ainsi, "la CDEFM veut lancer un grand plan de communication à l’automne pour valoriser la filière CPGE, après avoir lancé des focus groupe et un audit par une agence de communication", indique la vice-présidente.

Un état des lieux de la perception des prépas éco

Présentant quelques conclusions de l'audit, Christine Pires explique que la perte d’attractivité des prépas résulte en partie du fait que les élèves sont prêts à faire des efforts mais ne veulent plus faire de sacrifices.

Par ailleurs, "ce qui est apprécié en prépa, c'est la structure du groupe classe : un cadre stimulant et rassurant qui permet de performer et se surpasser".

Autre atout, attendu : la qualité des enseignants et enseignements. La prépa apparait comme une formation exigeante, rigoureuse. C'est un peu une formation 'premium'", ajoute Christine Pires.

Se rapprocher des écoles, des entreprises : différentes solutions à trouver

Quant aux solutions à apporter, l’APHEC s'appuie de nouveau sur l'audit. Tout d'abord,  s’ouvrir à l’entreprise. "Des expérimentations sont menées. Certaines prépas proposent un stage de fin de première année en entreprise ou dans une association, précise Alain Joyeux. Nos étudiants adorent cela. On souhaite que cela soit systématisé à l’échelle nationale".

Par ailleurs, les prépas veulent proposer davantage d’interactions avec les écoles de management et mieux installer la prépa dans un cursus en cinq ans. "Il faut une rupture moins brutale entre la sortie de prépa et l'arrivée dans les écoles. Des écoles ont d’ailleurs commencé à proposer des tuilages sur un semestre ou une année", note Christine Pires.

Il faut une rupture moins brutale entre la sortie de prépa et l'arrivée dans les écoles. (C. Pires, APHEC)

Interrogé sur la possibilité de baisser les exigences en maths en entrée de prépa, Alain Joyeux note que l'audit a apporté une "surprise" de ce point de vue, puisque "personne n'a parlé des maths. Les jeunes semblent trouver cela normal de faire des maths en école de management".

"Au-delà du volume horaires, la question est : quelles maths fait-on ? Peut-on réussir en prépa en ayant uniquement suivi l'option maths complémentaires au lycée ? Cela nous semble compliqué pour intégrer une prépa maths approfondies", nuance-t-il.

Pourtant, "on ne peut pas se permettre de perdre le vivier des jeunes ayant fait HGGSP et SES avec l'option maths complémentaires. Mais ce public-là, on voit qu’on l’a un peu perdu et on veut le retrouver."

L'incertitude est d'autant plus forte que les maths seront réinjectées dans le tronc commun du lycée, ce qui modifiera encore les profils.

Des fermetures de classes prépas?

"Nous n'avons aucune garantie", quant au maintien des différentes classes prépas, indique Alain Joyeux, qui alerte sur le fait que les petites prépas de proximité recrutent une "diversité sociale plus forte qu’en centre-ville".

Le président de l'APHEC indique n'avoir pas eu de réponse des autorités sur l'effectif minimal d'élèves permettant le maintien d'une classe. D'autant que ces questions sont décidées au niveau des rectorats avant d'être traitées à l'échelle nationale.

À l'échelle locale, donc, "l’APHEC crée des délégués académiques. Car on s’aperçoit que lorsque l'on a des informations, c’est déjà trop tard." Quoiqu'il en soit, "les effectif 2023 seront scrutés à la loupe. Ensuite, on verra", explique Alain Joyeux.

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