E. M. Mouhoud (Université Dauphine-PSL) : "Il faut transformer les crises en opportunité"

Amélie Petitdemange Publié le
E. M. Mouhoud (Université Dauphine-PSL) : "Il faut transformer les crises en opportunité"
Le nouveau président de l'Université Paris-Dauphine fait le point sur les enjeux à venir. // ©  Aurélien Guéry
Professeur d'économie à l'université Paris-Dauphine, El Mouhoub Mouhoud a été élu président de l'université Paris Dauphine- PSL le 3 décembre 2020. Dans ce premier entretien à la presse en tant que président, il dévoile les grandes lignes de son futur mandat.

Vous avez été élu à la tête de l'université Paris-Dauphine la semaine dernière. Quels sont les objectifs de votre mandat ?

D'abord, je veux consolider ce que nous avons mis en place. La dynamique d'intégration avec l'université PSL (Paris, Sciences et Lettres) est une trajectoire à consolider. Il s'agit notamment des sept programmes gradués auxquels Dauphine participe au sein de PSL.

El Mouhoub Mouhoud
El Mouhoub Mouhoud © Paris Dauphine/psl

Nous allons aussi lancer des programmes transdisciplinaires, qui sont encore plus nécessaires avec les effets de la crise sanitaire. Il s'agit par exemple d’allier l'intelligence artificielle avec d’autres domaines de recherche de Dauphine : management, droit, économie, sciences politiques, sociologie… Nous avons six laboratoires qui nous permettent de féconder ces approches, comme le laboratoire d'économie de la santé.

Vous avez en effet annoncé lors de votre campagne le renforcement de programmes transversaux. De nouvelles formations vont-elles voir le jour ?

Oui, cela représente à la fois la création de programmes de recherche communs et une nouvelle offre de formation. Nous déployons par exemple notre programme transversal "Dauphine Numérique" pour déboucher sur un master internationalisé de haut niveau. Cela se fera durant ces quatre ans.

La dynamique d'intégration avec l'université PSL est une trajectoire à consolider.

Je voudrais aussi tenir compte du nouveau profil des lycéens avec le nouveau bac en construisant des bi-diplômes. Ils allieraient les sciences, par exemple maths, informatique, gestion, management… et les arts, avec la Fémis, l'école des Beaux-Arts ou les Arts déco, qui sont dans PSL. Je pense aussi à des diplômes ingénieur et management avec Mines ParisTech.

L'université Dauphine est membre fondateur de l'établissement PSL. Quelles ont été les conséquences pour l'université ?

Elles sont formidables. PSL est une très grande opportunité pour les programmes de recherche et pour les programmes gradués. Ce sont des conditions de recherche inégalées, que j'aurais aimé connaître en tant qu'étudiant. Ce sont aussi des possibilités immenses de collaborer avec les établissements de PSL.

Même si l’on peut relativiser les classements internationaux, cela révèle une dynamique, et nous sommes désormais 36e mondial (du classement de Shanghai 2020, NDLR). D'ailleurs, avec la pérennisation toute récente de l’IDEX PSL, les résultats devraient donc encore s'améliorer. Cela a un impact sur les étudiants, les enseignants-chercheurs et les chercheurs : cela renforce les sentiments de fierté, de confiance en soi et d'appartenance.

Vous prévoyez de développer vos campus situés à Tunis et à Londres et de favoriser la mobilité. Qu'allez-vous mettre en place ?

Nous opérons un très grand chantier sur l'international. J'ai convaincu mes collègues en expliquant qu'il faut transformer les crises en opportunité. Par exemple, nous avons appris à travailler autrement. Je fais ainsi beaucoup de conférences avec des collègues de Columbia et Princeton par Teams.

Il faut cartographier et remettre à plat nos échanges internationaux en concentrant nos efforts et en utilisant les technologies numériques. Nous voulons favoriser la mobilité longue, supérieure à six mois pour nos étudiants comme nos doctorants, post-doctorants et enseignants-chercheurs. Nous voulons aussi développer les mobilités régionales des étudiants à partir de nos campus à Tunis et à Londres.

Il faut cartographier nos échanges internationaux en utilisant les technologies numériques.

L'idée, c'est de réduire la mobilité courte, comme une conférence de trois jours à San Francisco, pour favoriser la mobilité longue des étudiants et des post-doctorants. Il faut recentrer nos efforts et nos moyens sur l'essentiel.

Quelles seront les prérogatives du nouveau Conseil environnemental et social de Dauphine ?

Ce Conseil fera en sorte que les questions environnementales soient enseignées dans les cursus et dans les activités de recherche. Il donnera son avis sur les nouvelles formations, par exemple.

Les problématiques environnementales ne doivent pas seulement être prises en compte dans notre fonctionnement quotidien. Le Conseil rassemblera les étudiants, enseignants-chercheurs et personnels administratif pour que les questions environnementales soient prises au sérieux à tous les niveaux : vie étudiante, vie universitaire, recherche, formation, culture...

La ministre de l'Enseignement supérieur travaille avec les établissements pour organiser une reprise en présentiel dès janvier. Où en est cette consultation avec Dauphine ?

Nous sommes prêts pour une rentrée avec une jauge à 50%. Les départements, les directions centrales, les personnels administratifs et les enseignants ont travaillé dur pour organiser un système d'alternance entre les étudiants. Cela dit, il y a une grande incertitude sur ce qui va se passer après les fêtes. Aux Etats-Unis, il y a eu une montée considérable du virus après Thanksgiving.

Nous avons donc anticipé différents scénarios. Tout est prévu pour un retour en présentiel dès janvier mais si les choses changent, tout est organisé pour un présentiel à 25%, à 30%, à 70%... Aujourd'hui, on nous annonce qu'on peut rentrer en janvier, mais nous ne sommes encore sûrs de rien.

Amélie Petitdemange | Publié le