L’université de Cergy-Pontoise veut faire communauté avec l’Essec

Camille Stromboni Publié le
L’université de Cergy-Pontoise veut faire communauté avec l’Essec
L’université de Cergy-Pontoise // © DR // © 
Que va devenir l’université de Cergy-Pontoise dans le jeu des regroupements franciliens ? Initialement lié à l’université de Versailles-Saint-Quentin dans le pôle UPGO (université Paris Grand Ouest) – que la Versaillaise a finalement quitté –, l’établissement a resserré son projet et envisage désormais de faire communauté avec l’Essec. Une alliance public-privé singulière. Entretien avec François Germinet, président de l'université de Cergy-Pontoise.

François GERMINET - université Cergy-Pontoise - ©JY Lacote_MGVous envisagez de créer une Comue (Communauté d’universités et établissements) avec l’Essec. Où en est ce projet ?

Nous travaillons actuellement à la rédaction des statuts de cette communauté UPGO (université Paris Grand Ouest) avec l’Essec, ainsi qu'avec les écoles d’ingénieurs du site : le collégium d’Île-de-France et l’IPSL (Institut polytechnique Saint-Louis), mais aussi l'École nationale d'art de Cergy.

Avec d’autres établissements, comme l’École supérieure d’architecture et l’École supérieure de paysage de Versailles, nous réfléchissons au meilleur mode d'association.

Pourquoi ce choix de la communauté, plutôt que l’association ou la fusion, les deux autres options ouvertes par la loi ?

Il est impossible que l’UCP (université de Cergy-Pontoise) fusionne avec l’Essec, qui est une structure associative, privée. Nous avons donc choisi la formule la plus ambitieuse qui nous était proposée : la création d’un établissement public [EPCSP], pour développer des projets stratégiques communs.

Est-ce un handicap d’être la seule université de la communauté ?

À partir du moment où nous ne sommes pas le seul "poids lourd", l’Essec étant une grande école, je ne le pense pas, d'autant qu'elle est tout à fait comparable à une université de droit-économie-gestion.

Plusieurs regroupements universitaires visent la pluridisciplinarité, mais l’UCP est déjà pluridisciplinaire. L’Essec permettra d’enrichir considérablement le droit, l’économie et la gestion, tandis que le collégium représente 1.000 ingénieurs formés chaque année. Cela constitue un très beau projet, homogène et innovant.

Mais nous continuerons évidemment à développer des liens avec d’autres institutions. L’Essec a un partenariat stratégique avec Centrale, nous coopérons avec le pôle Paris Lumières sur les disciplines du patrimoine, de la science politique ou de l’éducation. Tout reste ouvert.

Nous avons besoin de cette force de frappe commune pour passer le cap de l'international

Quels sont vos axes de développement en vue ?

Nous comptons tout d’abord travailler sur l’excellence et le rayonnement à l’international. L’UCP figure déjà dans le classement de Shanghai grâce aux mathématiques. Je souhaite que nous y entrions en économie-finance grâce à ce rapprochement, d’ici à cinq ans. Nous avons besoin de cette force de frappe commune pour passer le cap. Nous avons déjà tous les outils nécessaires pour afficher une stratégie de recherche de très haut niveau, avec un laboratoire commun en économie, un Labex ou encore un diplôme en économie-anglais.

Il faut unifier nos forces, notamment pour créer des chaires internationales en offrant des niveaux salaire conséquents aux chercheurs sur un marché très concurrentiel. Nous envisageons également de porter l’IEA (Institut d’études avancées) de l’UCP au niveau de la Comue, pour l’accueil des chercheurs et l’organisation des conférences internationales.

Ensuite, nous sommes très engagés sur la responsabilité sociétale. Avec notamment des programmes pour les lycéens défavorisés comme l’université d’hiver à l’UCP et le programme PQM (Une grande école pourquoi pas moi) à l’ESSEC.

Enfin, nous nous intéressons aux questions des nouveaux modèles pédagogiques et de l’innovation. Au niveau de la communauté, nous souhaitons favoriser l’émergence de diplômes comprenant des expériences créatives et collectives. Cela existe déjà à l’Essec et au sein de nos CMI (cursus master en ingénierie), cela pourra être développé ensemble. 

Sans oublier les écoles doctorales que nous pourrions mettre en commun.

Au niveau de la communauté, nous souhaitons favoriser l’émergence de diplômes comprenant des expériences créatives et collectives

Concernant le site de Cergy, envisagez-vous des mutualisations particulières ?

Le point d’orgue de notre rapprochement serait la création d’un campus international à Cergy, à l’américaine, avec des logements étudiants, un learning center, des espaces de rencontre, de travail et de vie. Les étudiants d’établissements d’enseignement supérieur franciliens et parisiens pourraient s’y rassembler.

Ce grand projet de la Comue serait financé notamment avec le CPER (contrat de plan État-Région), et des investissements privés.

Une nouvelle vague d’Idex (Initiatives d’excellence) est lancée en 2014. Comptez-vous y prétendre ?

La question se pose en effet pour nous. Elle ne s’était pas posée au premier tour. Il faut voir si la Comue peut porter seule un projet, ou bien avec des alliances. Nous attendons le cahier des charges précis pour définir comment nous allons nous positionner. Tout dépendra du nombre de projets susceptibles d’être retenus in fine.

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Camille Stromboni | Publié le