O. Rauzy (université Toulouse 3) : "Nous commençons les démarches pour créer un établissement expérimental"

Amélie Petitdemange Publié le
O. Rauzy (université Toulouse 3) : "Nous commençons les démarches pour créer un établissement expérimental"
Odile Rauzy, présidente de l'université Toulouse 3-Paul Sabatier répond aux questions d'EducPros. // ©  DCCE /Université Toulouse III-Paul Sabatier
La présidente de l’université de Toulouse 3-Paul Sabatier, Odile Rauzy, a été élue en janvier 2024. Elle dresse, pour EducPros, les grands chantiers à venir pour son établissement. Un établissement public expérimental devrait voir le jour l'année prochaine.
Odile Rauzy, présidente de l'université Toulouse 3-Pierre Sabatier
Odile Rauzy, présidente de l'université Toulouse 3-Pierre Sabatier © université Toulouse 3-Pierre Sabatier

Odile Rauzy a pris ses fonctions à la tête de l’université de Toulouse 3-Paul Sabatier en janvier dernier. La création d'un établissement public expérimental (EPE) et la lutte contre la précarité étudiante occuperont son mandat.

Un projet d’université de recherche est en cours avec l’université de Toulouse, pourriez-vous nous en dire plus ?

Nous voulons nous allier avec l'université de Toulouse, avec qui nous avons déjà mené des projets de recherche. Cette dynamique a déjà abouti sur de la reconnaissance et des financements. Demain, les grandes universités de recherche obtiendront des financements dédiés que n'auront pas les autres.

L'idée, c'est de donner une structure juridique à ces projets inter-établissements. Étant donné l'importance de l'université Toulouse 3 en termes de recherche, il est naturel que nous soyons le chef de file de cette dynamique.

L’université Toulouse 3 a-t-elle pour vocation de créer un EPE pour rassembler plusieurs établissements du territoire ?

Nous sommes en pleine discussion sur ce sujet, notamment avec l'université de Toulouse qui est la Comue expérimentale. Nous commençons tout juste les démarches pour créer un EPE, porté par l'université Toulouse 3. Le conseil d'administration m'a donné mandat fin avril pour travailler sur ce projet.

Les discussions à venir porteront sur la structure elle-même, car plusieurs statuts sont possibles pour un EPE. Nous aurons beaucoup de travail auprès des établissements mais aussi en interne. Nous allons faire participer et interroger des représentants du personnel et des étudiants, pour respecter la démocratie universitaire. Des groupes de travail vont être mis en place, car les étudiants ont aussi leur mot à dire sur la future université dans laquelle ils vont être formés.

Il y a cependant une problématique d'échéance nationale, car les derniers EPE seront créées en janvier 2025. L'enjeu sera de travailler de manière collégiale, mais dynamique.

Quels autres établissements participeront à cet EPE, et avec quels objectifs ?

Nous réfléchissons encore aux établissements qui pourraient nous rejoindre. Le but, c'est de structurer le site de Toulouse et de devenir une grande université de recherche, avec une visibilité nationale et internationale. Les organismes de recherche sont donc inclus dans la réflexion, et sont d'ailleurs dans la Comue.

Aujourd'hui, Toulouse n'a pas le niveau de visibilité qu'elle mérite pour la recherche, au niveau des classements internationaux par exemple, car nos forces ne sont pas regroupées. C'est d'ailleurs l'idée de la création de l'université de Toulouse.

En interne, comment allez-vous œuvrer pour la transition écologique sur le campus ?

C'est un des points majeurs de notre programme. Le bilan carbone a été fait, maintenant il faut l'analyser et mettre des actions en place dans tous les domaines : recherche, formation, immobilier, et numérique. Nous avons préféré intégrer la RSE dans tous les domaines pour que chacun s'approprie ces éléments, plutôt que d'en faire un sujet indépendant.

Nous sommes encore dans la phase de bilan mais nous prévoyons beaucoup de rénovation énergétique car les bâtiments sont anciens. Nous sommes en train de construire le schéma directeur, qui doit être terminé pour juillet.

NeOCampus (Groupement d’intérêt scientifique pour lancer des expérimentations, NDLR) aborde aussi ces sujets et nous donne des pistes qu’on pourra transposer au quotidien, par exemple sur la gestion des déchets.

Nous développons aussi le volet formation, auprès des équipes administratives présidentielles, et des étudiants. Au niveau national, il sera obligatoire d'ici 2025 de former les étudiants de licence à la transition écologique et sociétale. Il faut à la fois une formation globale et une déclinaison dans les différentes composantes avec des modules plus métier, par exemple sur la santé environnementale pour les formations en santé.

Pour le financement, l'idée est d'aller chercher dans les financements complémentaires du contrat d'objectif et de performance, avec un axe dédié à l'aspect écologique.

Quelles actions concrètes allez-vous mettre en place pour lutter contre la précarité étudiante ?

Beaucoup de nos étudiants sont touchés par la précarité. Nous travaillons notamment sur l'accès aux repas, car il y a la queue pour aller au restaurant universitaire le midi, donc certains étudiants ne peuvent pas y accéder. Nous voulons notamment décaler les horaires des cours pour organiser une rotation des étudiants. Nous allons aussi augmenter le nombre de places, en partenariat avec le Crous.

Enfin, nous avons une épicerie solidaire qui fonctionne bien, mais dont il faut aussi améliorer l'accès.

Au-delà des étudiants boursiers, certains étudiants en difficulté sont repérés pour leur donner accès l'épicerie solidaire, aux logements, et à des bourses de l'université dédiées (environ 1.000 étudiants sont concernés). Les services sociaux de l'université sont là pour repérer ces étudiants, qui peuvent aussi être adressés par les équipes enseignantes. Nous informons aussi les étudiants de ces dispositifs à leur arrivée.

Amélie Petitdemange | Publié le