Université Toulouse Capitole : de nombreux défis pour faire exister son modèle singulier

Guillaume Mollaret Publié le
Université Toulouse Capitole : de nombreux défis pour faire exister son modèle singulier
L'Université Toulouse 1 Capitole a changé de statuts pour devenir un établissement expérimental. // ©  Toulouse1
L'université Toulouse 1 Capitole a changé de statuts depuis le 1er janvier 2023 pour devenir un établissement public expérimental, en attendant, espère-t-elle, d'obtenir le statut de grand établissement d'ici deux ans. Le point sur les défis à relever d'ici là.

Expérimental à bien des égards ! En changeant de statuts le 1er janvier dernier, pour devenir un établissement public expérimental (EPE), l'Université Toulouse Capitole (ex- Toulouse 1 Capitole) se distingue des autres EPE puisque, jusqu'ici, ceux-ci étaient nés de la fusion d'établissements comme à Grenoble, Lille, Amiens ou encore Nantes.

À l'ouest de la région Occitanie, le nouvel EPE regroupe l'ex-université Toulouse 1 Capitole ainsi que Sciences po Toulouse, établissement public à caractère administratif qui lui était associé et la Toulouse School of Economics (TSE) qui souhaitait prendre son indépendance. Ces deux structures deviennent établissements-composantes. Synergies, budget et axes stratégiques en matière de recherche et de formation, l'établissement aura bien de défis à relever pour s'imposer et se déployer.

Le statut de Toulouse school of economics, source du projet

Né d'une autogénération, l'établissement semble avoir obtenu le statut d'EPE pour permettre à TSE de devenir un "grand établissement" autonome. Un statut que l'EPE doit aussi acquérir à l'issue de l'expérimentation d'ici deux ans et que d'autres composantes – qui conservent leurs entités juridiques et administratives respectives - souhaitent briguer à leur tour.

"C'est un fait", reconnaît Hugues Kenfack, président de la nouvelle Université Toulouse Capitole. "Cette volonté d'indépendance de TSE a été à l'origine de l'EPE. À présent, nous devons regarder vers l'avant".

Cette volonté d'indépendance de TSE a été à l'origine de l'EPE. (H. Kenfack)

"Notre modèle, c'est celui de l'autonomie des composantes que l'on accentue grâce à l'EPE. Il nous permet de construire l'avenir ensemble. Le sujet n'est pas celui de l'indépendance d'une composante mais de l'essaimage de ses bonnes pratiques vers les autres", ouvre-t-il… quand bien même Hugues Kenfack ne fut pas le plus fervent partisan de l'émancipation de TSE.

Pas de moyens supplémentaires pour l'Université Toulouse Capitole

Sur le plan budgétaire, l'université nouvelle ne dispose pas, à cette heure, de moyens financiers supplémentaires - son budget demeure de 127 millions d'euros- ; ni de renforts humains (744 enseignants-chercheurs et 676 personnels administratifs).

"Notre taux d'encadrement est très et même trop faible. Or, nous ne pourrons prospérer que si nous obtenons plus de moyens humains surtout, et financiers évidemment. J'ai, en la matière, bon espoir que la parole publique soit respectée", transmet Hugues Kenfack.

Du côté des personnels, on voit dans la création de cet EPE une opportunité de développer des synergies. Patrick Piera, secrétaire académique du SNPTES, qui travaille au service informatique de l'IEP local, estime qu'"intégrer l'EPE était une sorte d'obligation pour Sciences po Toulouse afin d'être représentée au sein de la Communauté d'universités et établissements (Comue)…"

"Néanmoins, nous y voyons des perspectives intéressantes, notamment pour créer un service commun d'action sociale, favoriser des formations communes pour les personnels ou créer des doubles-diplômes", avance-t-il.

Un nouvel EPE dans un site complexe

L'autre particularité de l'EPE Université Toulouse Capitole, est de s'insérer dans une Comue elle aussi… expérimentale. Auparavant baptisée Université Fédérale de Toulouse, la Comue qui rassemble une trentaine d'établissements se nomme désormais Université de Toulouse… Une appellation proche de celle du nouvel EPE qui n'est pas sans créer de confusion, y compris localement.

Du reste, si la Comue n'a pas été en mesure de donner suite à la demande d'entretien d'EducPros, Hugues Kenfack affirme que "les rapports avec la Comue se sont normalisés". Une parole qui fait suite à une longue période de troubles liées à l'échec de la fusion d'établissement, après le retrait de l'Idex en 2016, et à la mise en concurrence fratricide, l'an dernier, de deux dossiers concurrents pour l'obtention de financement liés au PIA 4.

Ainsi, l'EPE collaborera bien au projet Tiris, porté par la Comue et qui a obtenu 38 millions d'euros de financement de l'État et autant de la Région Occitanie dans le cadre du dernier appel à projets "programme d'investissement d'avenir".

Ces querelles oubliées - du moins officiellement -, l'Université Toulouse Capitole sera représentée à la Comue tantôt par son président ou un membre du "comité de coordination", qui veille aux destinées de l'EPE.

Un incubateur d'idées et des projets à mener d'ici deux ans

Demeurent quelques détails à régler, et non des moindres, concernant la signature des publications scientifiques puisque certaines composantes de l'EPE risquent de perdre leur visibilité dans ce champ crucial pour la visibilité d'un site de recherche.

Concrètement, au-delà de la mise en commun de services, l'EPE a prévu de créer un incubateur d'idées destinées à faire grandir l'établissement jusqu'à l'obtention d'un statut définitif. Il allouera pour ce faire un budget aux projets sélectionnés.

"Un étudiant a notamment proposé de mener un travail pratique analysant les conséquences de l'IA sur l'enseignement du droit et de la gestion", détaille Hugues Kenfack.

Le président fait, par ailleurs, de l'insertion professionnelle une priorité. "Le taux d'insertion de nos diplômés de master est actuellement de 95% sur 30 mois et de 84% sur six mois. Nous souhaitons d'ici trois ans raccourcir les délais pour obtenir un taux d'insertion de 90% trois mois après l'obtention du diplôme", détaille le président de l'Université Toulouse Capitole.

Guillaume Mollaret | Publié le