S. Chantelot (EBS) : "Le projet d'Accelis est de bâtir sur notre ADN pour un positionnement clair"

Agnès Millet Publié le
S. Chantelot (EBS) : "Le projet d'Accelis est de bâtir sur notre ADN pour un positionnement clair"
L'EBS reste pour l'instant basée sur le campus d'Omnes, avant un déménagement prochain dans le 13e arrondissement de Paris. // ©  EBS
Passée du giron d'Omnes au groupe Accelis, l'EBS annonce la nomination de Sébastien Chantelot au poste de directeur général. Avec une implantation à Barcelone dès 2023 et un nouveau campus parisien en 2024, la mue de l'école de management sera complète. Le nouveau directeur dévoile à EducPros les priorités de l'EBS, avec au cœur du projet une attention centrée sur les étudiants et un virage dans sa philosophie de l'éducation.

Comment avez-vous pris vos fonctions de directeur général de l'EBS ?

J'ai rejoint l'école le 1er mars 2023, en tant que directeur de la transformation, pour préparer les échéances institutionnelles - avec les dossiers de renouvellement pour l'EFMD et le grade de master - et académiques, en redesignant notre PGE.

Sébastien Chantelot
Sébastien Chantelot © DR

Une rampe de lancement pour la direction générale de l'école, que vous endossez officiellement à compter de juin ?

L'objectif est de traduire le projet stratégique de Khalil Khater, président fondateur d'Accelis, pour EBS. Il fallait s'engager rapidement dans les dossiers pour l'année 2023-2024. [NDLR : L'école précise que le précédent directeur, Frank Bostyn,a quitté l'établissement en mars 2023].

Depuis juillet 2022, l'école a été rachetée par GA Education (groupe Accelis) et ne fait plus partie du groupe Omnes.

Le groupe Omnes disposait d'un portefeuille avec deux écoles spécialisées en management international : l'ESCE et EBS. L'EBS, moins portée que son homologue, ne pouvait ni exprimer pleinement son positionnement, ni le faire pivoter.

Au sein du groupe Omnes, l'EBS ne pouvait ni exprimer pleinement son positionnement, ni le faire pivoter.

Depuis plusieurs années, l'ADN de l'école a été moins sollicité, au hasard des gouvernances [NDLR : depuis 2013, l'école est passée sous le pavillon du groupe Laureat, puis d'Apax avant d'intégrer, en 2016, le groupe Inseec devenu Omnes].

L'école était pourtant pionnière sur le modèle de programme Grande école (PGE) en cinq ans, sur l'international, sur le concept d'apprentissage global, avec une pédagogie très expérientielle. Le point fondamental est le souci pour l'étudiant : leur santé, leur bien-être, leur équilibre et leur santé mentale.

C'est un ADN terriblement actuel et nous nous appuyons sur ces valeurs pour construire le projet de l'EBS, qui est une très belle marque. Bâtir sur cela pour un nouveau positionnement clair est un beau projet d'Accelis. Il traduit une vision du monde – avoir un impact positif sur le monde et la société - et c'est l'une des raisons de mon engagement.

Cela change la gouvernance, puisque l'école appartient désormais à un groupe familial, aux valeurs d'humanisme et de bienveillance qui a une vue de long terme pour l'école. En termes de philosophie sur l'approche de l'éducation et du marché de l'éducation, cela change pas mal de choses pour EBS.

Quelle est la place de l'école dans le pôle GA education ?

Le groupe a différentes activités. Dans son pôle éducation se trouvent l'école Ferrières (hospitalité, luxe, gastronomie) et l'école 89, spécialisée dans le numérique. En rachetant EBS, GA education se dote d'un établissement un peu différent : membre de la CGE, avec un grade de master.

Cela montre l'ambition de GA education, qui veut déployer une grande école de management, en synergie avec ses autres écoles. Nous avons déjà conçu deux doubles-diplômes avec l'École Ferrières. Pour nos élèves, cela ouvre deux spécialisations : "hospitality and luxury management" ou "international hospitality management".

Quelles sont les priorités dans la stratégie de l'école ? Comment cela se traduit dans la refonte du PGE ?

Nous voulons former des professionnels qui auront un impact positif et global : sensibilisés à l'entreprenariat, audacieux, responsables, engagés et portant la valeur d'humanisme. Il nous faudra au moins un cycle de production pour mettre cela en place.

À la rentrée 2023, nous mettons en place la première année rénovée, puis la maquette se déploiera au fur et à mesure.

Nos axes seront l'expérientiel et l'attention portée à l'étudiant. Leurs profils sont hétérogènes : on ne peut répondre par des parcours standards. L'idée est de co-construire les parcours, en leur proposant une pédagogie active. Comme nos promotions sont réduites, nous pouvons mener un travail différent. Une PME ne fait pas le même travail qu'un industriel.

Nous nous appuierons sur un socle d'humanités pour donner aux étudiants les clefs mais aussi les former aux ruptures et aux défis à venir.

Nous nous appuierons sur un socle d'humanités, élargi à tous les "liberal arts" (sciences politiques et géopolitique, sciences et technologie, lettres et arts, sciences humaines et sociales, environnement mais aussi sciences du vivant, santé et sport), pour donner aux étudiants les clefs mais aussi les former aux ruptures et aux défis à venir.

En cycle bachelor, les disciplines "classiques" d'une école de management ne représenteront pas plus de 50% de l'emploi du temps. Le cycle master en management sera robuste, avec des spécialisations. Nous les initierons au bien parler, bien écrire et bien communiquer : tout ce qui est de l'ordre du savoir-être.

L'accent sur l'international sera renforcé, surtout sur l'Europe. L'école s'appelle tout de même European business school. Chaque année, des learning expéditions seront organisées, en mode projet, avec des institutions européennes. L'idée est de parcourir le monde à travers l'Europe : comprendre ses mécanismes et croiser le regard européen avec les autres zones socioculturelles du monde. L'avenir passe par la construction de ces parcours internationaux.

Visez-vous une augmentation des effectifs ? Ouvrirez-vous d'autres programmes?

Nous comptons 600 étudiants en PGE, au total et nous visons les 1.000 à 1.500, d'ici cinq ans. Cela passera par la création d'un bachelor généraliste professionalisant, à la rentrée 2024, et de MSc, ouverts à nos PGE.

Le groupe annonce un campus à Barcelone en 2023 et deux autres campus dans des métropoles européennes d'ici 2027.

Dès cette rentrée, des élèves d'EBS partiront en learning expedition en Espagne, sur le campus de GA Education. Nous voulons ensuite proposer à nos élèves d'y faire leur première année de cycle master ou leur première année post-bac.

Nous voulons nous développer en Europe. Nous essaierons, chaque année, non pas d'acquérir un campus mais d'être présent dans une nouvelle métropole européenne, pour permettre à nos étudiants une mobilité. Nous prospectons à Berlin et nous pensons à la Suisse, à l'Italie, au Royaume-Uni et, dans un second temps, aux pays de l'Est et nordiques.

Et pour votre implantation parisienne ? Un projet de campus dans le 13e arrondissement est annoncé pour la rentrée 2024.

La politique d''Accelis – qui a un pôle immobilier – est que chaque école possède son campus. De plus, l'EBS se situe aujourd'hui sur un campus parisien d'Omnes. Le groupe veut donc doter l'école de son écrin pour faire valoir son identité et son développement [NDLR : l'école précise que l'investissement se chiffre à 35 millions d'euros]

Nous serons sur un site plus spacieux – 2.500 m², avec deux fois plus de salles de cours, adaptée à de la pédagogie active. Il y aura un énorme changement qualitatif.

Agnès Millet | Publié le