"Les inégalités scolaires, une affaire de corps", la chronique d'Emmanuel Davidenkoff

Emmanuel Davidenkoff Publié le
Les inégalités scolaires ne s’expliquent pas seulement par les différences d’accès à la culture. Elles s’alimentent aussi de dispositions plus impalpables comme le rapport au temps et au corps.

La sociologie de comptoir retient généralement que les enfants des classes supérieures réussissent mieux leurs études car ils ont baigné dans un environnement culturel plus riche, et qu'ils ont bénéficié d'un accès aisé à des ressources coûteuses – séjours linguistiques, musées, théâtre, etc. Le livre que Muriel Darmon consacre aux classes préparatoires montre que les mécanismes conduisant à l'excellence scolaire sont bien plus complexes, et qu'ils se nourrissent aussi d'un rapport au temps et au corps forgés dès l'enfance puis travaillés par la prépa.

L'élève qui réussit le mieux en prépa, montre-t-elle, est celui qui parvient à devenir "maître du temps", ce qui ne consiste pas seulement à être capable de gérer ses horaires au cordeau mais aussi de ne pas se sentir esclave du tempo imposé par l'institution. Le rapport au corps aide, lui, à ménager la monture, par le sport ou l'alimentation, mais aussi à réfréner les ardeurs amoureuses de l'adolescence (en général, le dicton "prépa maquée, prépa manquée" semble se vérifier). Toutes ces dispositions n'ont qu'un rapport lointain avec les qualités intellectuelles et scolaires généralement mises en avant pour expliquer la réussite scolaire. Elles n'en sont pas moins déterminantes.

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