Conflit cliniques privées-gouvernement : les étudiants infirmiers pris entre deux feux

Virginie Bertereau Publié le
Les étudiants infirmiers ont manifesté, mardi 4 mars 2014, dans plusieurs villes de France. Bien malgré eux, ils se retrouvent au centre d’un conflit qui oppose la Fédération de l’hospitalisation privée et le gouvernement. Pour faire entendre leurs diverses revendications, les cliniques et hôpitaux privés ont décidé de ne plus prendre de stagiaires à partir du 1er mars. Si le ministère de la Santé s'est employé à reclasser tous les "sans-stage", pour les étudiants, les conditions de travail ne sont pas idéales.

"Pris en otages", "au centre d'un bras de fer", "pions d'un jeu qui ne les concerne pas", "monnaie d'échange"... Les expressions imagées ne manquent pas pour décrire la situation actuelle des étudiants en soins infirmiers. Les élèves, qui manifestaient mardi 4 mars 2014 dans plusieurs villes de France, se retrouvent coincés dans le conflit qui oppose la FHP (Fédération de l'hospitalisation privée) au gouvernement : ils se voient privés de stages dans les cliniques et hôpitaux privés qui forment chaque année environ 35.000 élèves infimiers, soit 30 % de l'effectif global.

Mobilisation du public pour proposer des stages

Tout a commencé début février 2014. La FHP "entre en résistance" et appelle, "à regret", les établissements qu'elle représente à ne plus accueillir de stagiaires à partir du 1er mars 2014 "pour démontrer son rôle essentiel dans le système de santé". La fédération juge les cliniques lésées par le gouvernement (notamment à cause de la baisse de leurs tarifs en 2014) par rapport à l'hôpital public. Selon le syndicat, près de 80 % des 1.100 établissements au sein de la fédération s'engagent à suivre le mouvement. Marisol Touraine, la ministre de la Santé, contre-attaque alors en mobilisant les hôpi­taux publics, les instituts de lutte contre le cancer, des établissements privés à but non lucratif et certaines cliniques. "Aujourd'hui, 100 % des étudiants ont un stage", assure le ministère.

Les étudiants, toujours sur leur garde

De son côté, la FNESI (Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers) fait preuve de moins d'enthousiasme. "Si l'on a huit élèves par terrain de stage, un tuteur pour trois étudiants, ce n'est pas confortable. D'autre part, on peut se retrouver stagiaire dans des structures qui ne correspondent pas forcément à notre parcours de stage, ni à notre projet professionnel", nuance Guénolé Carlier, étudiant à Rennes et administrateur de la FNESI.

Mardi 4 mars 2014, ils étaient donc plusieurs milliers dans la rue pour protester contre la décision de la FHP. Mais pas seulement... "C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Cela fait longtemps que nous réclamons un vrai statut étudiant, des stages de qualité rémunérés", indique Guénolé Carlier. La FNESI se réserve ainsi le droit d'appeler à une mobilisation nationale le 13 mars.

Virginie Bertereau | Publié le