Doctorat : trop de diplômés pour un marché de l'emploi restreint ?

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"Doctorat, vers une crise de surproduction ?" : revenant sur les difficultés à intégrer les docteurs, ParisTech Review continue de défendre leurs compétences car, à l'ère de l'économie de la connaissance, ceux-ci sont indispensables à la compétitivité d'un pays.

"Les économies modernes ont un besoin crucial de chercheurs de haut niveau, mais elles ont du mal à leur offrir des emplois" : c'est partant de ce constat que ParisTech Review aborde la question d'une éventuelle "surproduction de docteurs".

De fait, l'insertion professionnelle des docteurs est problématique, surtout en France comme le soulignait, en novembre 2013, une étude publiée par le CGSP (Commissariat général à la stratégie et la prospective) : 9% des jeunes docteurs y sont au chômage, contre 3% en moyenne dans les pays de l'OCDE.

Or, rappelle ParisTech Review, "parmi les ressources humaines dont dispose un pays, le titulaire d’un doctorat, c’est-à-dire le nec plus ultra de la formation universitaire, devient un élément décisif du succès dans la compétition mondiale, à tout le moins ceux qui ont choisi les spécialités les plus concurrentielles". Dès lors, "l’augmentation du taux d’emploi des titulaires de doctorat dans les entreprises est un facteur décisif de l’augmentation du rendement des investissements publics dans la science et la technologie".

Dans les grands pays scientifiques, ce sont les docteurs qui sont les acteurs principaux de l’innovation (ParisTech Review)

La France, pour sa part, souffre toujours de la dualité de son système d'enseignement supérieur, rappelle ParisTech Review : "Le doctorat se trouve dans une position particulièrement délicate, en raison de la prééminence des grandes écoles et de la concurrence qu’elles exercent à l’égard des universités." Alors que peu de diplômés de grandes écoles font une thèse, la capacité du pays à innover risque d'en pâtir puisque "dans les grands pays scientifiques, ce sont les docteurs qui sont les acteurs principaux de l’innovation dans la haute fonction publique comme dans les entreprises de pointe".

Conscient de la nécessité d'améliorer l'insertion professionnelle des docteurs, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Geneviève Fioraso a lancé, fin janvier 2014, une mission sur la reconnaissance professionnelle du doctorat devant aboutir à des mesures concrètes.

L’avenir des docteurs n’est plus à l’université (ParisTech Review)

Face à ces difficultés d'insertion, la question se pose de savoir si l'on forme trop de docteurs. De fait, ParisTech Review revient sur "l'inflation" observée depuis 15 ans, liée à la "démocratisation considérable du doctorat". Mais aussi au fait que "les universités profitent d’une catégorie de travailleurs intellectuels particulièrement brillants, motivés et peu exigeants quant à leur rémunération".

Pour résoudre le problème de la surproduction de docteurs, l'essentiel est donc d'adapter le doctorat au marché, en en repensant la formation.

"La solution, avance la revue, pourrait résider dans une refonte radicale des programmes de doctorat en fonction des besoins des 'clients'. Le doctorat reste souvent extrêmement pointu, conformément aux besoins de la recherche et de l’enseignement universitaires, alors que l’avenir des docteurs n’est plus à l’université." D'où la nécessité de multiplier les initiatives comme le parcours "Doctorat pour l'entreprise", mis en place par ParisTech. Mais aussi celui intitulé "Compétences pour l'entreprise", instauré au niveau de toutes les écoles d'ingénieurs.

Lire l'article de ParisTech Review : "Doctorat, vers une crise de surproduction ?"

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