Exclusif. Enquête AJE : comment les étudiants jugent les entreprises

Sandrine Chesnel Publié le
Exclusif. Enquête AJE : comment les étudiants jugent les entreprises
AJE // © 
Les étudiants plébiscitent les stages et ont plutôt une bonne image des entreprises. C’est le principal enseignement à tirer de l’enquête réalisée par l’Association Jeunesse et Entreprises, qu’EducPros publie en exclusivité jeudi 11 octobre 2012.


Évaluer le niveau de connaissance de l’entreprise par les étudiants de l’enseignement supérieur. Tel était l’objectif de l’enquête réalisée par le Junior entreprise de Sciences po à la demande de l’association Jeunesse et Entreprises. Au printemps 2012, les étudiants-enquêteurs ont donc questionné quelque 5.600 étudiants, 560 enseignants et directeurs d’établissements, et 480 entreprises, des plus petites aux plus grandes (1). Certains résultats dynamitent les clichés sur la prétendue incompréhension entre les jeunes et les entreprises

Des stages plébiscités


Souvent décriés, présentés comme un moyen pour les entreprises d’exploiter toujours plus d’étudiants, les stages sont au contraire plébiscités dans cette enquête. Les enseignants (à 92%) et les étudiants (à 89%) y sont même encore plus favorables que les entreprises (85%) !

Les séjours en entreprise, sous forme de stages, de jobs ou de contrats en alternance, font désormais bien partie de la vie étudiante : 69% des étudiants interrogés en ont déjà effectué – 83 % des étudiants des grandes écoles et 59% des étudiants d’université hors IUT et licences professionnelles –, le plus souvent dans le cadre d’un stage intégré au cursus. Preuve que le stage est bien accepté par l’ensemble des étudiants, ceux des universités suggèrent même qu’un stage en entreprise soit indispensable pour valider une licence. Un stage aujourd’hui fortement recommandé mais toujours pas obligatoire dans le premier cycle universitaire.

Une bonne image des entreprises


Quelque 90% des étudiants disent avoir une bonne, voire une très bonne image des PME. Un chiffre qui tombe à 65% pour les grandes entreprises. Paradoxal, alors que les étudiants rêvent majoritairement d’intégrer des multinationales et sont peu nombreux à penser envoyer leurs CV à des PME.

Ce décalage peut s’expliquer par le manque de contacts de ces dernières avec le monde de l’enseignement supérieur : si 58% des grandes entreprises interrogées ont déclaré être déjà intervenues dans un établissement, c’est le cas de seulement 18% des PME. De même, 40% des grandes entreprises déclarent accueillir des professeurs en leur sein (partenariats, visites, présentations de nouveaux produits…), contre seulement 9% des TPE.

Une culture économique encore insuffisante selon les entreprises


La culture économique. C’est l’un des deux sujets sur lesquels la différence de point de vue est la plus forte entre les enseignants, les étudiants et les entreprises. En effet pour 79%  des responsables d’entreprises interrogés, la culture économique des étudiants est un point important et insuffisamment développé. Un chiffre qui descend à 54% chez les étudiants et à 48% chez les professeurs. Des résultats à nuancer toutefois en fonction du type d’établissement : les professeurs de grandes écoles accordent sans surprise plus d’importance à la culture d’entreprise que les professeurs d’université (respectivement 62% et 40%). On relève un écart du même ordre du côté des étudiants.

Plus étonnant, l’enquête révèle que plus son niveau d’études est élevé, et sa spécialisation poussée, moins l’étudiant accorde d’importance à la culture d’entreprise : ainsi 59% des étudiants de niveau bac+1 accorde de l’importance à ce sujet, contre 51% des étudiants de niveau bac+5.  

Même dichotomie sur le thème de la connaissance de l’entreprise : 74% des entreprises jugent la connaissance de l’entreprise par les étudiants faible voire très faible, les PME et les TPE étant les plus critiques dans leurs avis. Les enseignants sont moins sévères : “seulement” 54% estiment que les connaissances de leurs étudiants dans ce domaine sont lacunaires. À l’inverse, 60% des étudiants estiment bien connaître la vie en entreprise et son organisation. Là est peut-être l’origine de certaines incompréhensions entre les entreprises et les étudiants.

Alors, quelle solution pour lutter contre ces incompréhensions mutuelles ? Étudiants, entreprises et enseignants sont au moins d’accord là-dessus : tous plébiscitent les stages longs et l’alternance.


(1) Enquête réalisée par la Junior Entreprise de Sciences po. Elle présente les principaux résultats de 3 enquêtes réalisées au printemps 2012 par la même Junior Entreprise :
- une enquête auprès de 5.597 étudiants de l’enseignement supérieur,
- une enquête auprès de 557 enseignants et directeurs d’établissements d’enseignement supérieur,
- une enquête auprès de 476 entreprises (TPE, PME, ETI, GE).

Des propositions concrètes

Pour que cette enquête ne reste pas qu’une photographie à un instant donné de l’état des relations entre les étudiants et les entreprises, les enquêteurs ont demandé à leurs interlocuteurs de formuler des propositions qui contribueraient à les améliorer.

Les étudiants, tous cursus confondus, ont réclamé dans leur majorité que leur soient donnés plus de cours sur l’entreprise. Ils ont également plébiscité les conférences, les débats et la présence de professeurs issus de l’entreprise. Tout comme ils aimeraient être mieux formés au management et aux outils de base comme les logiciels Excel et PowerPoint. Enfin ils souhaiteraient être davantage informés sur le marché du travail et les métiers.

Plus classiquement, les professeurs ont suggéré le recours à davantage d’études de cas et la mise en place de concours de création d’entreprise. Quant aux responsables d’entreprises, ils prescrivent la mise en place de formations sur l’organisation et les règles de vie dans l’entreprise, ainsi que sur la finance et le marketing.

Lire l'enquête de l'AJE

Sandrine Chesnel | Publié le