Game of Deans : un serious game pour réinventer l'enseignement supérieur

Étienne Gless Publié le
Game of Deans : un serious game pour réinventer l'enseignement supérieur
Les responsables de programmes masters de l'EFMD testent Game of Deans, un jeu sérieux sur l'enseignement supérieur, le 3 décembre 2014 à Grenoble // ©  Etienne Gless
Grenoble École de Management a développé, en partenariat avec EducPros et Daesign, le premier jeu de créativité sur l'enseignement supérieur. Baptisé Game of Deans, il donne aux étudiants, enseignants, administratifs et alumni l'occasion d'imaginer ensemble les universités et écoles de demain.

"Ce jeu développe notre créativité. Il va nous permettre d'améliorer notre organisation et notre image de marque qui en ont bien besoin !" Raymond Mc Dowell a le sourire après avoir testé le dernier serious game made in Grenoble École de Management. Le 3 décembre 2014, le doyen de la faculté business and law de l'université West England de Bristol et une centaine de ses pairs ont testé Game of Deans, à l’occasion de la conférence sur les programmes master organisé par l’EFMD, l’organisme européen d’accréditation des business schools.

Game of Deans le dernier né des serious games créé par Grenoble EM
Game of Deans le dernier né des serious games créé par Grenoble EM // © Etienne Gless

En meneuse de jeu, Hélène Michel, professeure à GEM et titulaire de la chaire Serious Games, invitait l’assemblée à une séance de "ice breaker" : ou comment en moins d’une heure briser la glace entre confrères, inventer un concept d’innovation à plusieurs... et le pitcher. Une version courte des possibilités de créativité du jeu, une séance classique durant plutôt 1h30.

Chaque responsable de programme de master en management se voit distribuer une carte dite "tuile". Mais pour pouvoir donner son concept, il faut disposer de quatre tuiles de familles différentes : ressources à disposition, utilisateurs, bénéfice apporté... Game of Deans propose des milliers de combinaisons. Pour cette séance, tous les participants se sont pris au jeu. “Pourtant il n’y pas public plus difficile que des doyens d’organisations d’enseignement supérieur en business !”, sourit Hélène Michel à l'origine du concept. Les idées produites prennent la forme de montgolfières.

La montgolfière de Game of Deans

des produits et services a concevoir

Pour ses 30 ans en 2014, l’école a décidé de créer un jeu de créativité autour de sa propre problématique : trouver des idées neuves pour inventer le futur de l’enseignement supérieur. Ainsi est né Game of Deans : “le jeu se penche sur les problématiques de tous les établissements d'enseignement supérieur. Le jeu s’adresse aussi bien aux universités, aux écoles d’ingénieurs, aux écoles d’art voire aux universités d’entreprise ou aux organismes de formation continue”, explique Laure Dousset, étudiante à GEM et chef du projet.

"Game of Deans a été conçu pour imaginer produits et services pour les établissements d’enseignement supérieur. Surtout il met les gens dans l’action en leur créant un modèle. Quand ils ont cessé de jouer avec le plateau, ils continuent à jouer mentalement”, explique Hélène Michel. Le but n’est pas forcément de produire des idées innovantes immédiatement mais d’être dans la disposition d’esprit d’en proposer dans 3 ou 6 mois."

Hélène Michel animant une séance de Game of Deans
Hélène Michel animant une séance de Game of Deans // © Etienne Gless

Testé par les personnels, les étudiants... et les alumni

Pour rendre séduisant Game of Deans, ses concepteurs ont travaillé son “gameplay”,  à savoir son sex-appeal ludique. C’est l’entreprise Daesign, éditeur spécialisé en jeux sérieux qui a été chargée de gonfler le pouvoir de séduction du jeu. Il a ensuite été pré-testé par 150 membres du personnel de GEM avant de tourner auprès de 550 étudiants de l’école à la rentrée de septembre et auprès des anciens élèves fin novembre.

Exemple d’innovation produite qui verra peut-être le jour dans les établissements d’enseignement supérieur : la “high tech-tèque”, ou médiathèque permettant d’emprunter non des livres ou des logiciels mais des objets connectés comme les Google Glass ou un drone. Autres idées nées avec le jeu : projeter, sur les murs extérieurs des locaux de GEM donnant sur la gare, les projets des entrepreneurs de l’incubateur ou encore créer un “centre de désintoxication numérique” dédié aux cadres surmenés. Toutes ces idées doivent ensuite passer à l'étape de la concrétisation : sont-elles originales ? Pertinentes ? Et surtout réalisables ! 

GEM développe une culture "game design"
La business school grenobloise multiplie les intiatives dans le domaine des "serious games". Depuis l’arrivée d’Hélène Michel début 2012, Grenoble EM avait déjà réalisé des jeux pour l’innovation par exemple dans le domaine des nanotechnologies avec “NanoRider”. Le jeu a été également introduit comme un élément pédagogique. Grenoble EM veut en effet se doter d’une expertise en  “game design”. “Au-delà d’une pensée créative, ce sont des méthodes de travail, des façons de collaborer, d’aborder un problème, une expérience utilisateur qui renouvelle nos façons de faire”, confie Hélène Michel. La professeure spécialisée en management et organisation n’envisage pas de substituer cette approche aux cours classiques de management mais de généraliser cette approche complémentaire. 

L’école de management grenobloise compte aller plus loin. Elle vient de signer début décembre une convention avec Aries, l’école privée de jeux video qui a aidé à la conception de "Game of Deans". Pour les jeunes étudiants d’Aries qui, après leur bachelor, intègrent un studio de jeux comme développeur, ce sera l’occasion d’envisager une poursuite d’études en management pour valoriser cette culture du game design dans d’autres secteurs.

A lire : le blog de Hélène Michel sur les serious games

Des boîtes de Game of Deans à gagner avec Educpros
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Étienne Gless | Publié le