Grande-Bretagne : une pénurie de profs atténuée par la crise ?

De notre correspondante en Grande-Bretagne, Elisabeth Blanchet Publié le
Grande-Bretagne : une pénurie de profs atténuée par la crise ?
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Luc Chatel a promis le 6 septembre sur RTL une revalorisation des salaires des enseignants pour la rentrée 2010. La France n'est pas le seul pays européen à vouloir susciter des vocations pour l'enseignement. Être enseignant en Grande-Bretagne, par exemple, n'a pas vraiment la cote... Depuis près de dix ans, le gouvernement britannique multiplie les efforts pour attirer de nouvelles recrues. De plus en plus de cadres récemment licenciés à cause de la crise économique se reconvertissent.

Contrairement à la France, il n’existe pas en Grande-Bretagne de concours de la fonction publique tels que le CAPES. On obtient son diplôme d’enseignant, le PGCE (Postgraduate Certificate of Education), suite à une année de formation qui porte le nom d’ITT (Initial Teacher Training). Pour s’inscrire en ITT, il est nécessaire d’avoir obtenu au moins un « C » (l’équivalent d’une mention assez bien) en mathématiques et en anglais à son General Certificate of Secondary Education (GCSE). Pour enseigner dans le primaire, un « C » au minimum est aussi exigé en sciences. Il est ensuite demandé d’avoir une licence ou l’équivalent dont le sujet dominant doit correspondre à la matière que le futur enseignant projette d’enseigner.  Cependant, si ce n’est pas le cas, de nombreuses formations de mise à niveau peuvent être suivies parallèlement à la formation d’enseignant.

Trois cursus pour un métier

En fonction de sa formation initiale, du temps dont on dispose, de ses finances, de ses aspirations et de ses préférences, il existe trois types d’ITT possibles. La première option, la SCITT (School-Centred Initial Teacher Training), consiste à passer une année en immersion dans une école. La deuxième, le GTP (Graduate Teacher Programme), également délivrée in situ dans les écoles au bout d’un an, vise le personnel déjà enseignant mais non diplômé qui souhaite obtenir le PGCE. Enfin, la plupart des universités britanniques offrent la possibilité de suivre à temps plein (en une année) ou à temps partiel une ITT qui débouche sur l’obtention du PGCE. Les différentes options de formation ont des critères de recrutement très souples et proposent des passerelles si les prérequis notamment au niveau du diplôme ne sont pas remplis. Ainsi, une personne qui n’a pas terminé sa licence peut tout à fait s’inscrire en ITT tout en poursuivant son cursus classique.

Flexibilité et diversification sont donc deux caractéristiques du système britannique de formation des maîtres pour permettre de répondre à la pénurie d’enseignants outre-Manche. Après les mathématiques et l’anglais au milieu des années 2000, c’est au tour des sciences d’être touchées par ce phénomène. Des primes, des bourses, des campagnes publicitaires et de recrutement d’enseignants en provenance d’autres pays anglo-saxons sont autant d’initiatives que le gouvernement et les écoles ont mis en place pour attirer de nouveaux profils.

Pas de négociation salariale possible

À chaque rentrée, les écoles arrivent ainsi tant bien que mal à ne pas laisser leurs élèves sans enseignants. Ce sont en effet ces dernières qui recrutent les enseignants. L’État n’intervient en aucun cas dans leurs affectations. Une fois son diplôme en poche, l’enseignant peut postuler directement auprès des établissements, passer par une agence de recrutement spécialisée dans les métiers de l’éducation, par les annonces parues dans les journaux ou encore participer à des salons spécialisés. On postule à un poste d’enseignant comme à un poste dans une entreprise privée. En revanche, la négociation salariale est impossible dans les écoles publiques, les grilles de salaires des enseignants britanniques étant fixées par l’État.

Sachez qu’en moyenne un professeur anglais gagne 34 000 £ (36 500 €) par an (pour l’année 2008). À ce salaire moyen s’ajoutent des primes géographiques ou de mérite. Et pourtant, le métier n’attire toujours pas les foules. Un temps de travail trop long (le nombre d’heures d’enseignement n’est pas fixé, l’enseignant doit être présent dans l’établissement tous les jours pendant les heures d’ouverture et doit remplacer ses collègues absents), des difficultés liées à la violence de certains élèves et établissements, le manque de respect et de reconnaissance d’élèves et de parents comptent parmi les principales critiques vis-à-vis de la profession.

Pourtant, un nouvel horizon se dessine. De plus en plus de cadres récemment licenciés à cause de la crise économique se reconvertissent. La rentrée 2009 sera peut-être la première, depuis une décennie, à ne pas souffrir d’une pénurie de profs.

Notre prochain volet sur le sujet : l'Allemagne. L'Allemagne rencontre le même problème de pénurie d'enseignants, accentué par la concurrence à laquelle se livrent les landers.

De notre correspondante en Grande-Bretagne, Elisabeth Blanchet | Publié le