La qualité de vie : un critère de choix pour les enseignants des universités, selon le Times Higher Education

Géraldine Dauvergne Publié le

Le tout nouveau ranking du Times Higher Education malmène les universités britanniques habituées du top ten ! Oxford se retrouve ainsi à la 68e place du classement général, tandis que Cambridge sauve l’honneur de justesse avec une petite 28e place. Le classement « Halifax-Times Higher Education Quality of Life » est le premier destiné spécifiquement aux enseignants, et met en avant la qualité de vie dans 121 universités britanniques (1) - et surtout dans les villes universitaires qui les entourent. Selon la journaliste auteur du ranking, Esther Oxford, les enseignants aborderaient de plus en plus souvent, lors même de leurs entretiens d’embauche, des sujets n’ayant pas trait directement à la sphère professionnelle, par exemple la qualité des établissements scolaires pour leurs enfants.  

Le ranking repose ainsi sur seize variables, censées passer au crible le marché du travail (taux d’emploi dans la région, revenu brut hebdomadaire moyen), le logement (taux de résidents propriétaires, nombre de pièces par foyer, taux de foyers équipés du chauffage central), l’environnement urbain (flux de la circulation, logements vacants, nombre de cambriolages, émissions de carbone), l’environnement physique (heures d’ensoleillement, précipitations), la santé (pourcentage de la population en bonne santé, espérance de vie masculine), l’éducation des jeunes (taille des classes du primaire, résultats dans le secondaire). Seuls deux critères sur les 16 sont directement liés à la politique de recrutement des universités : le salaire moyen du corps enseignant, et la proportion de l’équipe en contrat à durée indéterminée.  

Pourtant, les universités britanniques ne manquent pas d’arguments spécifiques pour attirer les enseignants courtisés dans le monde entier. Les avantages en nature, de plus en plus fréquemment proposés par les universités à leurs nouvelles recrues, ne sont bizarrement pas pris en compte comme critère de classement. A Oxford, est-il précisé dans l’article qui accompagne le tableau, les maisons sont chères, mais l’université apporte une aide au logement à ses enseignants. Même son de cloche dans d’autres prestigieux établissements. « Nous proposons un ensemble d’avantages personnels aux membres de notre équipe, qui montre que nous prenons sérieusement en compte leurs préoccupations, souligne David Chiddick, vice-chancelier de l’Université de Lincoln, interrogé dans ce même article. Ils reçoivent des réductions, ils ont accès gratuitement à notre centre sportif et bénéficient d’une assurance médicale complémentaire à tarif préférentiel. »  

« Nombre des plus prestigieuses institutions britanniques, reconnaît l’auteur de l’article, se situent dans les grandes villes et souffrent dans notre banc d’essai ». Ainsi, l’ensemble des universités londoniennes se sont vu notées de la même manière dans les 14 catégories ayant trait à la région, les deux critères propres à l’université (salaires et contrats à durée indéterminée) faisant seuls la différence entre elles. D’une manière plus générale, ce classement relève davantage d’un classement « des villes où il fait bon vivre », que d’un classement d’établissements à la manière de Shanghai.  

Ce n’est probablement pas demain que les heures d’ensoleillement ou le chauffage central détourneront massivement les profs d’Oxford pour les mener à Bucks New University !

(1) Certains établissements, comme l’Open University, n’apparaissent pas, pour des raisons non spécifiées.

Géraldine Dauvergne | Publié le