Le Parlement allemand planche sur les plagiats de thèses

De notre correspondante en Allemagne, Marie Luginsland Publié le
Plusieurs personnalités politiques allemandes ont été accusés dernièrement d’avoir plagié des thèses pour obtenir leur titre de docteur. Une situation qui amène le Bundestag à réfléchir à la mise en place d'organes de contrôle dans les universités. Un débat vif outre-Rhin.

Au cours de cette année, la découverte de plagiats a coûté la carrière de plusieurs personnalités politiques allemandes, accusées d’avoir copié leur thèse de doctorat. Karl-Theodor zu Guttenberg, ex-ministre fédéral de l’Economie qui s’est vu retirer le fameux « Dr » figurant sur ses papiers d’identité, en est l’exemple le plus illustre. Dans un pays où les grandes écoles n’existent pas, le doctorat fait office de sésame pour la carrière professionnelle et même de reconnaissance personnelle.

25 000 étudiants accèdent en moyenne chaque année au titre de docteur. Or, de récentes études révèlent que 90 % des étudiants se déclarent prêts à plagier. Des intentions qui font dire à la députée Ulla Burchardt, présidente de la commission Education au parlement allemand que « les cas récents qui touchent les hommes politiques ne sont que la partie visible de l’iceberg ».


A qui confier le contrôle des plagieurs ?


La commission éducation du Bundestag s’est réunie le 9 novembre 2011 pour analyser les conséquences de la banalisation du plagiat pour les universités. Elle en appelle au ministère fédéral de l’Education et de la Recherche (BMBF) et à la société allemande de la Recherche (DFG) pour mettre sur pied de façon urgente un projet de recherches qui contrôlera les travaux universitaires soupçonnés de plagiat, en procédant par échantillonnage. Et ce, sur l’ensemble de la République fédérale.


Il est cependant improbable qu’un tel système uniforme voit le jour dans une organisation politique fédérale où l’enseignement reste de la compétence des Länder. Ainsi, le Pr. Wolfgang Löwer, professeur de droit à l’université de Bonn et médiateur de la DFG pour les questions d’infraction, s’en remet à l’autonomie des établissements supérieurs. « Nous avons opté pour la décentralisation de l’organisation de l’enseignement supérieur, nous nous devons d’appliquer ces mêmes règles à la lutte contre le plagiat », déclare-t-il. Selon lui, les universités disposent des instruments législatifs nécessaires pour offrir une « assurance qualité » satisfaisante, garantissant de « bonnes pratiques ».


Le Pr. Debora Weber-Wulff, professeur d’informatique à l’université de sciences appliquées de Berlin (HTW) à l’origine de logiciels anti-plagiats, n’est pas d’accord : « ces instruments et les centres anti-plagiats mis en place par certaines universités ne peuvent être que des solutions intermédiaires. » Selon elle, les universités allemandes sont dans une grande incertitude. Sur le choix des logiciels. Sur les démarches judiciaires à suivre en cas de plagiat. Sur la définition de plagiat, elle même. Elle pointe du doigt l’absence d’institution similaire à l’ « Office of Research Integrity » américain qui vient en aide aux universités dans les cas de plagiat scientifique. Un débat qui ne fait que commencer…
Marie Luginsland

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