Onze femmes présidentes en 2011. Parmi elles, six ne peuvent pas ou ne seront pas candidates à leur réélection (Françoise Moulin Civil, Sylvie Faucheux, Bernadette Madeuf, Josette Travert, Nadine Lavignotte et Simone Bonnafous). Lors des renouvellements en cours, une seule, Sophie Béjean à Dijon, est actuellement en lice pour la présidence de son université.
Quels sont les éléments d’explication ? Interrogées sur cette question, certaines avancent la loi LRU :« avec la revalorisation de la fonction de président, le poste intéresse plus d’hommes, la concurrence devient plus forte et il est plus dur pour une femme de se faire sa place » assure Bernadette Madeuf, présidente de l’Université Paris Ouest Nanterre. "Le milieu universitaire a encore malheureusement du mal à faire confiance à une femme", renchérit Danièle Hérin, présidente de l'université Montpellier 2.
Sophie Béjean pointe davantage la part de femmes dans le corps professoral : 20% contre 41,5% dans celui des maîtres de conférences. Or les professeurs constituent le vivier prépondérant des candidats à la présidence des universités. « Peu nombreuses dans les postes de professeurs, elles le sont également pour se porter candidate à la présidence des universités », souligne la présidente de l’université de Bourgogne. Simone Bonnafous, la présidente de l’UPEC, avance une autre raison : « les femmes s’autocensurent, n’osent pas se mettre en avant et ce dès le plus jeune âge. Si l’on observe les listes étudiantes lors de nos dernières élections aux conseils centraux, les femmes sont également sous représentées ».
Passer à un cadre réglementaire
La CPU a adopté une motion le 23 juin 2011 incitant à la parité des listes pour les conseils centraux. Si cette mesure apparaît utile pour Anne Fraïsse, la présidente de Montpellier 3 -« les rappels et les incitations font avancer les choses » -, d’autres souhaitent aller plus loin comme Sophie Béjean « pour la représentation dans les conseils, il faudra sans doute en passer par un cadre plus réglementaire ». Simone Bonnafous en est convaincue : « il faudrait, comme le propose Francine Demichel [ancienne DGES], un cadre légal qui rende inéligible les listes non paritaires et qui installe la parité dans le temps : une femme succède à un homme et inversement. Pour le choix des vice-présidents, nous pourrions très bien imaginer que lorsque le président est un homme, un ou deux vice-présidents de conseils centraux soient des femmes ».
Si aucune ne fait de pronostics sur le nombre de femmes qui composeront la prochaine CPU, toutes souhaitent que le prochain bureau de la Conférence comporte au moins une femme. Cependant, « cela aura-t-il encore un sens si le nombre de présidentes est encore plus faible que l’actuel ?», s’interroge Simone Bonnafous.