Université : la fondation lilloise part avec 15 millions d'avance

Jean Chabod-Serieis Publié le
Université : la fondation lilloise part avec 15 millions d'avance
La fondation de l'université Lille 2 est la première à être créée avec 15 millions d'euros de fond de départ. // ©  Université Lille 2
Portée par Lille 2 jusqu'à la fusion, la fondation de la future université de Lille espère atteindre 50 millions d'euros dans cinq ans. Le secret de ces chiffres hors-norme pour une université française : vente d’actions et placement bancaire.

L'histoire est unique et pourrait inspirer d'autres établissements. L'université Lille 2 (Droit et Santé) lance sa fondation partenariale le 4 novembre 2015. Les 15 millions d'euros de sa dotation de départ proviennent exclusivement de la vente d'actions d'une entreprise biopharmaceutique, Genfit, qui emploie 90 personnes et travaille principalement avec Sanofi. En 2014, son chiffre d'affaires s'élevait à 6,77 millions d'euros.

L'université possède des titres Genfit depuis 1999. "L’idée de mon prédécesseur, c’était de soutenir la start-up, explique Xavier Vandendriessche, président de Lille 2. Personne n’avait imaginé que cela mènerait à une rentabilité financière. C’était une action de valorisation, comme nous en menons encore aujourd’hui. Cela fait partie de la culture de la maison."

Le produit de la vente de ces actions est placé sur un compte à 3% minimum, et seuls les intérêts serviront à financer la fondation. "85% du montant n'est pas consommable, prévient Xavier Vandendriessche. Les 15% restants serviront à payer le fonctionnement de la fondation."

Un lien fort avec l'idex

L'objet de la fondation ? "soutenir l'excellence en matière de formation et de recherche, développer l'innovation pédagogique, technologique et scientifique et contribuer au rayonnement et à l'attractivité de l'Université de Lille dans le cadre des Initiatives d'excellence (Idex)."

Xavier Vandendriessche précise : "La fondation ne prétend pas être un acteur de premier plan en termes de pilotages ou d'actions de recherche. Nous la concevons comme une structure légère et opérationnelle qui vient en complément des structures déjà existantes à l'université. Elle sera un outil pour franchir une étape dans un financement, pour accélérer un processus, etc."

Si les projets santé l'intéressent beaucoup, la fondation n'est pas exclusive et soutiendra des initiatives dans tous les secteurs. Elle est d'ailleurs présentée comme une structure partagée par les trois universités lilloises, qui fusionneront le 1er janvier 2018. "Aujourd'hui, la fondation est juridiquement liée à Lille 2, puisque j'en suis le président du conseil d'administration. Mais, à terme, elle sera la fondation de l'université de Lille tout court, Lille 1 et 3 étant d'ores et déjà impliquées dans le comité de pilotage de l'Idex."

Aucune entreprise partenaire pour le moment

Moins de cinq personnes seront recrutées courant 2016, pour faire tourner la jeune fondation partenariale, dont le statut a été retenu après une étude du cabinet d'audit Ernst & Young qui a également aidé l'université dans la rédaction des statuts.

Pour le moment, aucune entreprise n'a investi dans la fondation. Mais le président est confiant : il prévoit le doublement de la dotation dès l'année prochaine (soit 30 millions d'euros) pour arriver à 50 millions en 2020.

Le secret ? "D'une part, nous allons vendre d'autres actions Genfit, puisque nous n'en avons vendu qu'un tiers. D'autre part, et comme me le répétait un entrepreneur, l'argent appelle l'argent : aucune autre fondation universitaire ne s'est créée avec 15 millions d'euros dès le départ."

Certaines promesses de don auraient déjà été formulées et Xavier Vandendriessche l'assure : "si une entreprise donne 1 million d'euros, il sera sanctuarisé et intouchable. Seul le produit de son placement sera utilisé."

Cabinet d'audit, actions en bourses, placements bancaires... La démarche n'est pas courante dans le secteur public. "Nous n'avons pas peur de ces mots-là, soutient le président, car si notre ADN est tourné vers le service public, il l'est aussi vers la rigueur, la valorisation."

Jean Chabod-Serieis | Publié le