Une appli gratuite pour rendre les cours interactifs

Sophie Blitman Publié le
Une appli gratuite pour rendre les cours interactifs
Utilisation de l'application Votar en amphi à l'université de technologie de Compiègne // ©  utc
Sur le principe des boîtiers de vote électroniques, l'application Votar permet de faire participer les étudiants en cours de manière simple et, c'est son avantage, quasiment gratuitement.

Une question de l'enseignant, et voilà que s'élèvent des cartons bariolés, qui égaient la salle de cours autant qu'ils rendent celui-ci participatif. Selon la réponse que les étudiants souhaitent donner (a, b, c ou d), ils orientent le carton de manière à voir face à eux la lettre choisie dans le bon sens. De l'autre côté, les petits carrés jaune, bleu, vert et violet apparaissent alors dans des positions différentes. Reste à l'enseignant à prendre une photo de l'ensemble sur son téléphone, et il peut immédiatement connaître le nombre de réponses correctes. Le tout grâce à l'application Votar, qui signifie "vote en réalité augmentée".

Comme les boîtiers électroniques, mais en moins cher

Développé en 2013 par Stéphane Poinsart, informaticien à la cellule d'appui pédagogique de l'UTC (université de technologie de Compiègne), le système s'apparente aux boîtiers de vote électroniques qui se répandent depuis quelques années dans les écoles et universités.

Avec une différence essentielle : le coût du dispositif, beaucoup moins élevé que celui des clickers. À raison d'environ 30 € par boîtier, le budget pour équiper un établissement atteint vite plusieurs milliers d'euros. L'application Votar, elle, est gratuite, et disponible sur Android. Il suffit de photocopier les cartons et de prendre la photo avec un téléphone basique.

Un outil au service des pédagogies actives

Sur le plan pédagogique, l'intention est la même : introduire davantage d'interactivité en cours, tout en permettant aux étudiants de s'autoévaluer. "C'est un bon moyen de rendre la relation plus vivante et plus personnelle, témoigne Arnaud Ducastelle, chargé d'enseignements en gestion de production et management de projet à l'UTC, qui utilise l'application en TD depuis un an. "Cela permet de savoir en temps réel qui a bien répondu ou non alors que, d'habitude, les étudiants n'osent pas lever la main pour poser une question."

À l'université Lille 2, c'est en amphi que cinq enseignants expérimentent Votar. "Nous testons l'application en deuxième année de licence de Staps pour l'UE sciences de la vie, détaille Murielle Garcin, vice-présidente formation tout au long de la vie. Ce cours très scientifique, qui repose sur de l'anatomie, de la physiologie ou encore de la biomécanique, pose des difficultés à beaucoup d'étudiants qui ne viennent pas tous d'un bac S. Votar nous apparaît comme un dispositif de soutien à la réussite."

Premier objectif : maintenir l'attention des étudiants en cours, en scandant celui-ci de petits quiz qui introduisent également une dimension ludique. "L'application est d'autant plus adaptée à nos étudiants que les cartons de couleur correspondent bien à l'esprit Staps", souligne Murielle Garcin.

En outre, les QCM posés en cours, ainsi que d'autres quiz, sont mis en ligne sur la plateforme Moodle, de manière à ce que les étudiants puissent travailler chez eux. Ces ressources doivent leur permettre de revenir sur les points mal compris, mais aussi de s'entraîner pour améliorer leur score, l'examen final étant lui-même présenté sous forme d'un QCM.

étudiants "accro" ?

"Les étudiants se montrent demandeurs", avance Murielle Garcin, qui reste néanmoins prudente : "Reste à voir s'il y aura un effet sur le nombre de connexions Moodle puis sur les notes obtenues."

À l'UTC, beaucoup sont carrément "devenus accro, sourit Arnaud Ducastelle. À tel point que la plupart utilisent eux-mêmes Votar quand ils font un exposé devant leurs camarades pour s'assurer que ces derniers ont bien compris !" Quant aux résultats finaux, l'enseignant estime qu'ils sont "globalement meilleurs, et la motivation plus forte".

Pour autant, les enseignants sont conscients que Votar ne va pas à elle seule tout révolutionner. Pour Arnaud Ducastelle, l'application est "un outil parmi d'autres, comme les cartes mentales ou, plus généralement, une approche pédagogique de type Freinet. J'essaie d'éviter que les cours ne soient trop répétitifs, qu'ils ronronnent trop". Car, à la longue, même une application peut lasser.

Une application en open source
Créateur de Votar, Stéphane Poinsart explique son projet, guide les utilisateurs et met le code source à disposition des internautes sur http://votar.libre-innovation.org/.
Sophie Blitman | Publié le