"La situation reste compliquée pour les jeunes diplômés débutants. Ils ne profitent pas du rebond des recrutements de cadres", explique Jean-Marie Marx directeur général de l'Apec. L'Agence pour l'emploi des cadres a livré le 30 septembre 2015 les résultats de son enquête annuelle sur les jeunes diplômés. Et ne constate pas de reprise pour l'insertion professionnelle en 2015 des jeunes diplômés 2014 de niveau bac + 5 et plus.
62%, un taux d'insertion historiquement bas
Au printemps 2015, 62% d'entre eux étaient en emploi. Un chiffre en recul d'un point par rapport à celui des années précédentes . "Le taux d'emploi des jeunes diplômés est à un niveau historiquement bas", commente l'étude de l'Apec. 28% des jeunes diplômés 2014 cherchaient toujours leur premier emploi début 2015 et un sur dix cherchait également un emploi mais après avoir déjà eu une première expérience professionnelle.
"Les embauches de débutants ont diminué de 5% sur un an pour s'établir à 35.200. Pour 2015, les perspectives de recrutements de juniors sont comprises en 33.500 et 39.000", précise Jean-Marie Marx.
La durée moyenne de recherche d'emploi a aussi augmenté sur un an passant de 2,3 à 2,7 mois. Pourtant, le marché se redresse : les recrutements de cadres ont progressé de 4% sur un an, et 176.900 recrutements sont attendus en 2015 (+ 4% également).
un salaire moyen en baisse
Les conditions d'embauche se sont aussi dégradées. Le statut de cadre est obtenu moins fréquemment par la promotion 2014 que pour la promotion précédente et ne concerne désormais que 57% des jeunes en poste (5 points de moins que l'année dernière).
La part d'embauche en CDI baisse de 9 points pour redescendre au niveau de 2010, à 51%. Inversement, et en toute logique, la proportion de CDD progresse de 9 points et atteint le niveau le plus élevé depuis la promotion diplômée en 2008 : 43%. Les jeunes diplômés d'écoles d'ingénieurs ou de commerce s'en sortent mieux que les diplômés bac + 5 d'un master universitaire : 7 sur 10 se font embaucher en CDI, alors que la majorité des universitaires sont embauchés en contrat à durée déterminée.
Le salaire moyen diminue aussi sensiblement sur un an pour s'établir à 26.500 euros brut par an contre 28.700 euros pour la promotion 2013.
En 2015, les jeunes diplômés font des concessions.
(J-M. Marx)
une file d'attente se forme
Comment expliquer cette difficulté à inverser la courbe ? "Les recruteurs privilégient toujours des profils expérimentés au détriment des débutants", analyse Jean-Marie Marx.
"Les jeunes diplômés, principalement les masters, sont aussi plus nombreux à arriver chaque année sur le marché du travail". Résultat : un phénomène de file d'attente se forme. Les recruteurs donnent la priorité aux promotions précédentes. C'est pourquoi les jeunes diplômés de l'année acceptent des conditions d'embauche inférieures pour leur premier emploi. "En 2015, les jeunes diplômés font des concessions", résume Jean-Marie Marx.