Trésors cachés. La grande collection de livres anciens d'Agrocampus Ouest

Laura Makary Publié le
Trésors cachés. La grande collection de livres anciens d'Agrocampus Ouest
La bibliothèque patrimoniale, un bel écrin d'étagères en chêne pour des ouvrages remarquables. // ©  Agrocampus Ouest
Créée en 1896 lors de la construction du bâtiment de l'école d'ingénieurs, la bibliothèque patrimoniale d'Agrocampus Ouest, située à Rennes, rassemble plus de 30.000 références, dont des ouvrages remontant au XVIe siècle. Suite de notre série dédiée aux trésors cachés de l'enseignement supérieur.

"La plus belle bibliothèque de Rennes." C'est ainsi que Sophie Levert, responsable du service commun de documentation d'Agrocampus Ouest, décrit les lieux. "Elle a été créée en 1896, en même temps que l'école, avec une architecture très classique pour une bibliothèque humaniste du XIXe siècle. Elle est organisée sur deux niveaux, avec une coursive pour accéder au rayonnage construit en chêne", détaille-t-elle. Un matériau noble, qui n'a nécessité aucune rénovation depuis la création des lieux...

Ouvrages du XVIe siècle

Mais au-delà des lieux, remarquables en eux-mêmes, c'est bien la collection détenue par l'école d'ingénieurs qui en est le principal trésor. Agriculture, agronomie, chimie.. 30.000 références constitue le fonds patrimonial. L'ouvrage le plus ancien, un traité, date de 1571 et fut écrit par Messer Augustin Gallo, un agronome italien. Son titre complet ? "Secrets de la vraye agriculture, et honestes plaisirs qu’on reçoit en la mesnagerie des champs, pratiquez et experimentez tant par l’autheur qu’autres experts en ladicte science divisez en XX journées, par dialogues" (sic).

Si cette bibliothèque dispose d'autant de documents anciens, c'est qu'elle a récupéré les fonds documentaires de l'École nationale d'agriculture de Grand-Jouan, transférée à Rennes à la fin du XIXe siècle, ainsi que ceux de l'Institut national d'agronomie de Versailles, créé en 1850 et fermé deux années plus tard pour raisons budgétaires. À la fondation de ce qui deviendra le bâtiment d'Agrocampus Ouest, la bibliothèque regroupe donc déjà 10.000 volumes. Depuis, versements, dons et achats successifs ont triplé la collection.

États de conservation quasiment parfaits

Parmi les ouvrages les plus notables, Sophie Levert cite notamment "Iconographie du genre Camellia", paru en 1841. "Le livre reprend les 360 variétés de camélias, avec de belles gravures sur cuivre et des descriptions de leurs spécificités. C'est un objet d'une qualité exceptionnelle, avec un état de conservation quasiment parfait", explique-t-elle. Autres documents de la même époque : "Recueil de coquilles", du naturaliste Benjamin Delessert, avec "une peinture en nacre parfaite", ou encore "Anatomie pratique du cheval", publié en 1870 et ses "planches en chromolithographie".

Le fonds patrimonial conserve également des collections entières de revues scientifiques et de vulgarisation. "Nous disposons par exemple de l'intégralité de la "Feuille du cultivateur", publiée de 1790 au début du XIXe siècle, ou des "Annales de l'agriculture française", de 1785 à 1873", souligne Sophie Levert. 

Le fonds dispose de plusieurs recueils dotés de superbes illustrations dépliantes. //
© Agrocampus Ouest

"Un trésor pour les historiens"

Tous ces documents ne sont bien entendu pas à la libre disposition des visiteurs et doivent être consultés sur place, sur demande. "La plupart de ces références sont de toute façon obsolètes sur le plan scientifique. Néanmoins, c'est un trésor pour les historiens s'intéressant à la science ou à l'agriculture. Nous avons régulièrement des demandes de la part de doctorants ou de chercheurs, parfois même de l'étranger", précise la responsable.

Huit salariés s'affairent toute l'année dans la bibliothèque rennaise. Car au côté du fonds patrimonial, cette dernière dispose également d'une collection plus contemporaine, regroupant plus de 50.000 volumes. Voire même 70.000, si l'on compte les ouvrages du second campus de l'école, situé à Angers.

Laura Makary | Publié le