La Recherche et l’innovation en France

Jacques Lesourne et Denis Randet Publié le

C'est le troisième opus estampillée FutuRIS (Recherche Innovation Société). La mission de cette plate-forme de réflexion rassemblant acteurs économiques et experts de la recherche au sein de l'ANRT (Association nationale de la recherche technique) est d'analyser les évolutions majeures du SFRI (système français de recherche et d'innovation). Petite revue de détail.

Le principal intérêt de ce livre-somme écrit à plusieurs mains est de présenter une cartographie très précise des enjeux liés aujourd'hui à la recherche et au développement. Il y est fait un bilan chiffré des engagements publics (1) et privés en matière de recherche, mais aussi une présentation des différents dispositifs mis en place pour essayer de « booster » la recherche et l'innovation : les pôles de compétitivité, le crédit-recherche (à destination des entreprises), la politique des brevets (au niveau national comme au niveau européen)... Sans oublier oublier d'analyser le rôle et les attentes des différents acteurs du SFRI (système français de recherche et d'innovation) : l'Etat, les entreprises privées, les chercheurs, les universités... Tout au long du livre, le constat du retard français en matière de valorisation et d'innovation est à plusieurs reprises répété tout comme est soulignée la lenteur des réformes : « Y arrivera-t-on et surtout y arrivera-t-on assez vite, alors que pendant des dizaines d'années on a laissé s'accumuler les handicaps? », s'interroge dans la préface Jean-François Dehecq, président du comité d'orientation de FutuRIS.

A cette question, l'économiste Jacques Lesourne, y répond en partie dans le premier chapitre en faisant le bilan de six années de réforme (2002-2008). Il dresse la liste des différentes zones de conflit qui selon lui, minent le paysage de la recherche française : clivage entre le ministère qui prend une décision et la direction du budget qui ne débloque pas de crédits, entre le domaine public et les entreprises (« un clivage que la France a hérité d'une histoire longue »), entre les universités et les grandes écoles, mais aussi entre l'enseignement et la recherche au sein même de l'université, manque de lisibilité de la carrière de chercheurs (« cette carrière commence dans l'incertitude et par une course de haies, se poursuit ensuite dans un statut de fonctionnaire sans beaucoup de discriminations jusqu'à la retraite »)... Autant de points de blocage, de conflits et de clivages qui d'après Jacques Lesourne, ont rendu difficile la mise en oeuvre des réformes. Pour y remédier il milite, comme les autres contributeurs de cet ouvrage,  pour que les universités fortes et autonomes deviennent les pièces maîtresses du SFRI : « La transformation voulue demandera du temps. Certains établissements réussiront et d'autres échoueront, notamment en fonction de la qualité de leur gestion économique. (...) Il faudra aussi que le ministère s'attache plus aux réalités qu'au saupoudrage et à l'égalitarisme, et prenne du recul vis-à-vis de contrats quadriennaux qui demandent beaucoup de travail et n'ont souvent pas beaucoup de valeur que le papier sur lequel ils sont écrits », écrit-il. Une perspective qui risque de faire grincer quelques dents.  

(1)  En 2008, la dépense nationale de RD devrait atteindre 42,7 milliards d'euros, soit 2,16% du PIB

Frédérique Letourneux

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