Écoles de commerce : le palmarès 2017 de la recherche

Baptiste Legout Publié le
Écoles de commerce : le palmarès 2017 de la recherche
Neoma voit sa stratégie en matière de recherche payer. // ©  Neoma business school
Avec 36 publications d’excellence en 2015, HEC domine largement cette année encore le palmarès de la recherche en école de commerce. Derrière ce leader incontesté, de plus en plus de business schools françaises investissent dans la recherche de haut niveau.

La recherche est plus que jamais au centre de la stratégie des grandes écoles de commerce. Poussées par les instances d'évaluation nationales (HCERES et CEFDG) et par les accréditations internationales (Equis, AACSB…), elles sont nombreuses à y avoir investi de gros moyens ces dernières années. Notre classement de la recherche en management le montre : il recense les établissements ayant publié le plus d'articles dans des revues de très haut niveau en sciences de gestion, de catégories 1 et 1*. Un club élitiste d'une centaine de journaux aux règles déontologiques très strictes. 

NEOMA demande à ses professeurs de faire leurs preuves

Plusieurs écoles s’illustrent cette année par leur montée en gamme. Cantonnés jusqu’alors aux articles de catégories 2 et 3, les professeurs de l’Ipag ont réussi à publier en 2015 huit articles dans les meilleures revues, autant que ceux de Grenoble EM. Mais la plus forte progression est à mettre au compte de Neoma, passé de deux articles de catégorie 1 en 2014 à onze en 2015. "Nous commençons à voir les fruits de la politique menée depuis la fusion de Reims et de Rouen, qui, la première, avait pris cette orientation", analyse Frank Bostyn, le directeur général de Neoma.

Pour arriver à ce résultat, l’école a dû se remettre en question pour motiver ses troupes, pas forcément abonnées aux meilleures publications. "C’est devenu un indicateur des missions des professeurs, explique Frank Bostyn. Lorsque nous recrutons un nouvel enseignant, il dispose de six ans pour faire ses preuves avant de pouvoir devenir 'associate professor'. Sinon, il doit partir."

Ce système d’incitation radical, déjà pratiqué par HEC, ne peut fonctionner qu’accompagné de moyens, tempère le directeur : "Chaque professeur a son budget personnel et profite des infrastructures pour trouver des financements. Nous les aidons aussi pour tout ce qui est éditing, comme la traduction en anglais des articles pour les non-anglophones."

Pour consulter tous les résultats école par école, cliquer sur l'image ci-dessus.

25 écoles ont publié dans les meilleures revues en 2015

Cette progression ne concerne pas que les gros établissements en nombre d’élèves. Les écoles plus modestes s’y sont mises elles aussi, avec des résultats notables. Alors qu’en 2013 seules 15 business schools avaient publié dans ce type de revues, elles étaient 25 en 2015. Parmi elles figurent des écoles aux profils variés, aussi bien des postprépa (à l’image de l’Inseec, l'ICN ou Montpellier) que des postbac (comme l’EMLV, l’ESCE et l’Esdes).

Mais comment arriver à de tels résultats quand on ne dispose pas des mêmes moyens financiers que les leaders ? Le système de primes et de décharges de cours s’est généralisé dans le paysage. Mais Alexandre Asselineau, directeur Knowledge & Transfer de Burgundy School of Business, pense qu’il s’agit surtout d’une question de temps et de philosophie.

Plutôt que de parier sur l’apport de nouveaux chercheurs stars, son établissement a en effet préféré miser sur la progression du corps professoral déjà présent dans les murs depuis longtemps. "Nous sommes de nombreuses écoles à avoir recruté depuis une dizaine d’années des jeunes chercheurs. Après dix ou quinze ans d’expérience professionnelle, ils ont progressé et arrivent à maturité", observe-t-il. 

Lorsque nous recrutons un nouvel enseignant, il dispose de six ans pour faire ses preuves avant de pouvoir devenir 'associate professor'. Sinon, il doit partir.
(F. Bostyn)

des temps de publication conséquents

Si monter une politique de recherche dynamique est une question de temps, les processus de publication peuvent facilement amener de fortes variations d’une année à l’autre. D’après Christophe Roquilly, doyen du corps professoral de l’Edhec, il peut se passer jusqu’à trois ans entre le début du travail de recherche et l’acceptation et la publication de l’article. Pendant ce laps de temps, les tendances peuvent évoluer : "Les effets de mode réduisent les chances de voir un papier aller jusqu’au bout s’il ne s’inscrit pas dans la thématique porteuse du moment", rappelle-t-il.

Son école et Rennes School of Business ont d’ailleurs connu une année moins productive que la précédente. De dix articles d’excellence chacune en 2014, elles n’en ont obtenu que respectivement cinq et quatre en 2015. Pas de quoi alarmer Christophe Roquilly, qui ne fait pas de cet élément sa préoccupation principale. "Les publications restent un indicateur de performance purement académique à l’international. Nous nous devons d’être présents, mais ce n’est pas la finalité de la recherche à l’Edhec, qui est d’avoir un impact sur les entreprises".

Plus de 106 articles dans les meilleures catégories pour HEC en trois ans

Entre les effets de conjoncture et de mode et l’incertitude du très long processus de publication, les perdants d’une année peuvent rapidement devenir les gagnants de la suivante. Une seule école en France semble à l’abri de ces aléas. Avec 106 publications dans les catégories 1 et 1* en trois ans (36 en 2015, 33 en 2014 et 37 en 2013), HEC fait presque trois fois mieux que l’Essec et ses 37 publications sur la même période. Briller loin, très loin devant les autres : une nécessité pour l’institution qui ambitionne de figurer parmi les 10 meilleures business schools mondiales.

Le palmarès 2017 de la recherche en gestion

  Nombre de publications 1*, 1e, 1g, 1eg et 1 Nombre de professeurs en 2015-2016
Établissements 2015 2014 2013
HEC, Jouy-en-Josas 36 33 37 136
Essec, Cergy-Pontoise 14 11 12 130
Neoma, Reims, Rouen 11 2 3 131
EM Lyon 9 11 12 89
Kedge, Bordeaux, Marseille 9 9 7 146
Grenoble École de management 8 5 5 143
Ipag, Paris, Nice 8 1 1 75
ESCP Europe, Paris 7 6 6 131
Iéseg, Lille, Paris 6 5 11 98
Edhec, Lille, Nice, Paris 5 10 13 92
Rennes School of Business 4 10 0 82
Skema, Lille, Nice, Paris 3 3 4 84
Audencia, Nantes 3 1 0 100
Burgundy School of Business 3 0 1 61
Toulouse Business School 2 1 2 85
EM Strasbourg 2 1 2 78
Essca Angers, Paris, Aix, Bordeaux, Lyon 2 0 0 104
Télécom EM, Évry 1 2 0 70
Inseec, Bordeaux, Paris, Chambéry 1 1 0 95
EM Normandie 1 0 0 58
EMLV, Paris 1 0 0 30
ESC La Rochelle 1 0 0 75
ESCE, Paris 1 0 0 55
Esdes, Lyon 1 0 0 42
ICN, Nancy, Metz 1 0 0 55
Montpellier Business School 1 0 0 62
EBS, Paris 0 1 0 30
Montpellier Business School 0 0 1 62

Méthodologie
Pour établir notre palmarès de la recherche, nous avons retenu le nombre total d'articles parus dans les revues référencées par la Fnege (Fondation nationale pour l'enseignement de la gestion des entreprises) et le CNRS dans les catégories 1*, 1e, 1g, 1eg et 1 du 1er janvier 2015 au 31 décembre 2015. Le délai de publication dans ces journaux étant souvent très long, nous avons fait le choix d'étendre notre période de référence à trois ans. 

Les données ont été collectées auprès des établissements dans le cadre des palmarès des écoles de commerce de l'Etudiant et vérifiées par ses journalistes.

- Tous les résultats du palmarès des grandes écoles de commerce de l'Etudiant
Baptiste Legout | Publié le