Réussir sa collaboration avec une Junior-Entreprise

Jean Chabod-Serieis Publié le
Chaque année, les Junior-Entreprises réalisent 8 millions d'euros de chiffre d’affaires. Innovants, très économiques, ces bébés-cabinets de conseil peinent pourtant parfois à satisfaire leurs clients, faute d’une mission claire. Voici quelques conseils de pro pour réussir sa collaboration...

Sur la plaquette de la Confédération nationale des Junior-Entreprises (CNJE), les jeunes ont les dents blanches, de beaux tailleurs et de jolies cravates ; il est même écrit qu'ils ont "envie de relever les défis d'un monde qui change". Images corporate, phrases marketing..., les 160 JE hexagonales ont vraiment envie d'être prises au sérieux.

Pourtant, sur le terrain, elles pâtissent de leur statut intermédiaire d'entreprises à statut associatif. Résultat : traitées comme de vrais cabinets quand il s'agit de remettre une étude, elles ont l'impression de redevenir de simples étudiants quand on doit leur régler leurs factures. "Les entreprises sont encore plus exigeantes avec nous qu'avec les cabinets spécialisés, témoigne Akim Berkani, étudiant et président de Your, la JE de l'école de commerce ISC Paris. Les cabinets ont déjà une reconnaissance alors que, nous, nous devons toujours faire nos preuves. Sans compter la concurrence entre JE... Inversement, les grands comptes comme les créateurs d'entreprise n'arrêtent pas de négocier les tarifs", explique le jeune homme. Pire : "Les grands comptes mettent ensuite souvent plus de temps à payer que les PME : récemment, nous avons attendu treize mois avant d'être réglés !"

Par ailleurs, certains clients semblent méconnaître la spécificité de laboratoire pédagogique des JE : ils ne commandent qu'une étude quantitative (des résultats de questionnaires ou de sondages, des tableaux Excel bruts, etc.) mais pas la synthèse qui les accompagne. Or, les statuts d'une JE – rédigés par la Confédération nationale – interdisent à un client de commander uniquement des données ; la CNJE exige une "plus value pédagogique" qui passe nécessairement par la synthèse des données, voire par des recommandations. Dans le cas contraire, la prestation est considérée comme du prêt de main d'œuvre, ce qui est illégal. "C'est pourquoi, si une entreprise nous demande uniquement des données, nous refusons", insiste Akim Berkani, qui est en deuxième année (bac+4). Les JE ne veulent pas se faire plus grandes ou plus matures qu'elles ne sont – malgré le mimétisme parfois forcé du langage commercial et du jargon de l'entreprise. Elles veulent simplement qu'on n'oublie pas qu'on peut être professionnel sans avoir le statut d'une entreprise – ce sont des asso­ciations à but non lucratif.

Stéphane Dahan, directeur du recrutement des ingénieurs chez Alten, une société d'ingénierie et de conseil en technologie (1,2 milliard d'euros de CA), défend ces jeunes pousses à la pointe de l'innovation : "Je veux rappeler aux entreprises que les JE ont pour elles le sens de l'innovation et qu'elles proposent des solutions tout à fait ­pertinentes. Il faut avoir confiance en leur méthodologie, ce sont des étudiants, leurs cours dérivent de la recherche, ils sont donc à la pointe."


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