Florian Lecoultre (président de l'UNL) : «Nous espérons un mouvement d’ampleur pour cet automne»

Propos recueillis par Virginie Bertereau Publié le
Florian Lecoultre (président de l'UNL) : «Nous espérons un mouvement d’ampleur pour cet automne»
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A quelques jours de la passation des pouvoirs - le 27 septembre 2008 - entre Florian Lecoultre et sa probable dauphine, Lucie Bousser, le président de l’UNL (Union nationale lycéenne) donne son avis sur la réforme du lycée. Le leader de la mobilisation lycéenne du printemps 2008 veut relancer un mouvement contre les suppressions de postes dans le secondaire à partir de la manifestation prévue le 19 octobre 2008. 

Où en sont les discussions sur la réforme du lycée ?

Xavier Darcos ne fait pas preuve d’un grand volontarisme. Il ne donne rien de concret, notamment sur la semestrialisation des études et les parcours de découverte en seconde, alors que nous n’attendons que cela… A la place, le ministre multiplie les petites phrases pour noyer le poisson, comme celle sur les médailles. A ce sujet, je tiens à rappeler qu’il ne s’agit pas d’une demande des lycéens. C’est une mesure vieillotte dont les bacheliers n’ont pas besoin pour fêter leur bac. Le ministre parle du bout des lèvres du retour de l’uniforme à l’école. On se croirait presque dans le film « les Choristes ». Bref, la réforme du lycée ne part pas dans les conditions optimales.  

Que proposez-vous de votre côté ?

Nous voulons notamment plus de cours participatifs (TPE, TP…) et moins de cours magistraux, qui endorment les élèves. Les journées devraient être réduites à six heures de cours pour permettre aux lycéens de pratiquer plus d’activités extrascolaires. L’interdisciplinarité devrait aussi faire partie de la réforme. Nous sommes partisans de la création d’un portail Internet destiné à l’orientation et d’un service public d’aide scolaire pour que les plus défavorisés ne soient plus désavantagés. Concernant le bac, nous proposons un système mixte mêlant partiels en première et en terminale et épreuve finale comptant pour la moitié de la note. Cela éviterait le bachotage qui atteint son paroxysme… En revanche, nous ne sommes pas favorables au contrôle continu. Cela nuirait au caractère national du diplôme. Selon nous, il faudrait enfin développer les passerelles entre les filières. Cela passe par la mise en place de lycées polyvalents, où les élèves des bacs généraux et technologiques côtoieraient ceux des bacs professionnels.  

Avez-vous eu des retours sur les effets des suppressions de postes dans le secondaire ?

Nous avons reçu un message d’un lycée qui n’avait plus qu’une heure d’anglais par semaine. Dans le lycée de Lucie Bousser, en Dordogne, les élèves de première et terminale ont latin ensemble, de même pour l’occitan. Il n’y a plus de proviseur adjoint et la conseillère principale d’éducation n’est présente que deux jours par semaine. Dans les Ardennes, on trouve des classes de 36 à 40 élèves. C’est insupportable. Malgré ces faits concrets, 13 500 postes de plus vont être supprimés à la rentrée 2009. On en prévoit 60 000 au total. Pour lutter contre cela, nous allons nous mobiliser le 19 octobre 2008.  

Les lycéens se sont déjà mobilisés trois mois au printemps 2008. Et cela n’a pas donné grand chose… Vous avez même signé un «  protocole d'entrée en discussions » avec le ministre sur la réforme du lycée. Qu’espérez-vous cette fois-ci ?

Le mouvement du printemps 2008 a commencé très tard. La mobilisation a chuté à cause des examens. Cette fois-ci, nous voulons réunir toutes les conditions pour obtenir quelque chose de fort. Nous avons lancé une campagne sur les suppressions de postes à la rentrée. Et nous n’allons pas nous arrêter là... Nous attendons beaucoup du 19 octobre. Les petites déclarations de Xavier Darcos, son attitude même, font grincer beaucoup de dents… Nous avons signé un accord avec lui parce que nous voulons vraiment changer le lycée. Mais nous n’allons pas discuter indéfiniment avec un ministre qui s’entiche de faux sujets.   Vous êtes-vous sentis lâchés par les professeurs en juin dernier ? C’est sûr, nous aurions aimé que la mobilisation soit plus large… Mais on comprend que certains ne croient plus à la grève… On espère qu’ils vont y croire de nouveau cet automne. On a bon espoir de mener un mouvement d’ampleur. Pour la réforme du lycée, cela vaut le coup : on ne peut pas laisser passer cette occasion historique de changer le système.             

Propos recueillis par Virginie Bertereau | Publié le