Jean-Marc Rapp, président de l'EUA : "Il est plus important d’améliorer la qualité des établissements avec de l’argent public que de faire des classements"

Propos recueillis par Fabienne Guimont Publié le
Jean-Marc Rapp, président de l'EUA : "Il est plus important d’améliorer la qualité des établissements avec de l’argent public que de faire des classements"
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Jean-Marc Rapp a pris ses fonctions de président de l’Association européenne des universités (EUA) lors de sa 5ème convention, qui s'est tenue à Prague du 18 au 21 mars 2009. Entretien avec l’ancien recteur de l’université de Lausanne sur sa vision des projets européens en matière d’enseignement supérieur et de recherche.

Quels sont les grands axes que vous voulez développer lors de votre mandat ?

Je ne suis pas le seul à élaborer la stratégie. Nous continuerons à travailler sur les deux volets de l’EUA. D’une part, nous continuerons à développer les services aux membres comme le programme d’évaluation des universités, ou le conseil doctoral. D’autre part, nous devons définir la politique européenne des universités que nous défendrons auprès de nos partenaires (processus de Bologne, espace européen de la recherche, classement…).

Lors du colloque de Prague, nous aborderons le dossier du processus de Bologne pour définir notre position avant la réunion des 46 ministres européens de l’éducation à Louvain fin avril 2009. Les actions définies dans le processus de Bologne (mobilité des étudiants, reconnaissance des ECTS, des chercheurs, des collaborateurs, transférabilité de leurs pensions) doivent devenir des réalités.

Nous devons aussi réfléchir à concilier l’espace européen de l’enseignement (processus de Bologne) et l’espace européen de la recherche et de l’innovation (processus de Lisbonne). Une charte européenne des jeunes chercheurs devrait notamment être mise en place.

Où en est le processus européen de l’assurance qualité des universités ?

Les standards européens de l’assurance qualité ont été adoptés. Le registre européen de l’assurance qualité (c’est-à-dire la liste des agences qualité) est en place. Mais ce qui compte désormais, c’est le résultat : qu’on améliore la qualité des établissements. L’EUA peut faire passer le message que cette politique qualité doit partir des établissements avec un plan d’assurance qualité à leur niveau. Les agences qualité sont là pour contrôler que le dispositif qualité des établissements fonctionne.

Que pensez-vous du projet de classement européen des universités mondiales lancé par la commission européenne, à l’initiative de la France ?

L’EUA n’a pas encore défini sa position sur le sujet. D’ici à l’automne 2009, je réunirai un groupe de travail sur les classements. Je ne suis pas sûr que les classements soient l’affaire du processus de Bologne ou des Etats. La question à se poser est : « pour quelle raison mettre de l’argent public dans un classement des universités ? ». Pour moi, il est plus important d’améliorer la qualité des établissements avec de l’argent public.

Je ne pense pas que les classements soient un axe de politique publique. On ne mesure absolument pas la complexité de l’opération avec des universités aux profils très différents et dans plus de 20 langues. En plus, les classements induisent tous les biais possibles pour améliorer son classement.

Avec des concentrations de budget dans certains domaines de recherche comme les sciences de la vie ou la médecine. A l’inverse, le concept de qualité dans un établissement doit être largement discuté et partagé et qu’ensuite il y ait un contrôle extérieur.

Quelles sont les structures qui doivent être élues à l’EUA et quel est leur rôle ?

Le board est le bureau exécutif composé de 8 personnes autour du président. Le council définit la politique de l’EUA. Il est composé des présidents de conférences de recteurs ou de présidents d’université et se réunit trois ou quatre fois par an. L’assemblée générale de tous les membres de l’EUA élit le board et le président.

Les statuts qui viennent de changer en mars 2008 à l’assemblée de Barcelone permettent d’élargir le cercle des membres de l’EUA. Désormais, il n’est plus obligatoire d’être un établissement qui délivre le doctorat pour entrer dans l’EUA.  

Propos recueillis par Fabienne Guimont | Publié le