Laurent Foulloy : “La croissance du réseau Polytech ne doit pas rompre sa dynamique”

Céline Authemayou Publié le
Laurent Foulloy : “La croissance du réseau Polytech ne doit pas rompre sa dynamique”
Laurent Foulloy, directeur de Polytech Annecy-Chambéry et nouveau coordinateur du réseau Polytech. // ©  Yannick Perrin
Créé en 2000, le réseau d’écoles d’ingénieurs internes aux universités Polytech rassemble aujourd’hui 13 établissements et diplôme chaque année plus de 3.000 ingénieurs. L'Esstin à Nancy est la prochaine sur la liste et l'Istia d'Angers frappe à la porte. Laurent Foulloy, nouveau coordinateur de la structure et directeur de Polytech Annecy-Chambéry, explique à EducPros comment il voit l'avenir du réseau.

Vous avez pris la tête du réseau Polytech le 1er septembre 2015. Quels sont les chantiers qui vous attendent, au cours de vos deux années de mandat ?

Mon prédécesseur, René Le Gall, directeur de Polytech Nantes, a lancé de grandes opérations qui ont structuré la vie du réseau. Je pense notamment au programme AVOSTTI (Accompagnement des vocations scientifiques et techniques vers le titre d'ingénieur), qui permet d'ouvrir les portes des Polytech aux étudiants de Paces et aux bacheliers STI2D. Je m'inscris donc dans une logique de continuité et de consolidation des bases.

Parmi les chantiers à venir, nous souhaitons accroître notre visibilité auprès des entreprises, avec la signature de nouvelles conventions de partenariats. Si les écoles ont noué bon nombre d'accords industriels communs, les signer au niveau du réseau permet de renforcer les liens existants.

Autre dossier important : la structuration même du réseau Polytech. Aujourd'hui, les aspects administratifs et techniques sont portés par un service inter-universitaire, basé à Lille. Une réflexion est en cours pour faire évoluer ce modèle d'organisation.

Le réseau regroupe aujourd'hui 13 écoles. L'Esstin, école nancéenne, est en passe de devenir la 14e école Polytech. Une réflexion est-elle menée autour de la croissance du réseau ?

En effet, cela fait partie des sujets à l'étude. Comment faire grossir le réseau tout en conservant la dynamique actuelle de groupe et les valeurs qui nous unissent ? C'est une vraie question. D'autres réseaux ont par exemple mis en place des systèmes de franchises, de partenariats. Nous n'en sommes pour notre part qu'au stade de la réflexion.

Concernant l'Esstin, l'école est associée au réseau depuis 2014. Cela fait donc plusieurs mois que nous préparons progressivement son intégration. Une réforme est actuellement en cours au sein de l'école pour restructurer son unique spécialité en plusieurs filières. Car pour faire partie du réseau, il faut être, par définition, "pluritechniques". La CTI (Commission des titres d'ingénieur) auditera l'école cette année. Nous attendons son passage pour finaliser l'intégration.

Rachid El Guerjouma, le président de l'université du Maine, a évoqué par voie de presse une possibilité pour l'Ismans, après fusion éventuelle avec l'Ensim, de candidater à Polytech. Quelle est votre position sur le sujet ?

Nous avons lu cette réflexion dans la presse mais nous n'avons pas reçu de demande formelle. Le dossier concernant l'Ismans est assez complexe. Aujourd'hui, nous avons sur notre bureau une seule candidature officielle, que le directoire va instruire. Elle concerne l'Istia d'Angers.

Quels sont les critères étudiés par le directoire de Polytech lorsque ce dernier se penche sur une candidature ?

Polytech est une marque porteuse de valeurs sociales. Notre rattachement à l'université nous permet de faire accéder des jeunes issus de classes populaires à des formations d'ingénieurs. À nous de vérifier que les candidats respectent ces valeurs et que l'image du réseau en soit renforcée.

De façon plus concrète, toutes les écoles du réseau disposent par exemple d'un seul et même règlement des études, d'un cycle préparatoire commun. Un étudiant doit pouvoir rejoindre, à la fin de ce cycle, n'importe quelle école du réseau. Nous devons donc nous assurer que le contenu des prépas est cohérent.

Notre rattachement à l'université nous permet de faire accéder des jeunes issus de classes populaires à des formations d'ingénieurs.

Toutes les écoles du réseau sont internes aux universités. Ces dernières ont connu des derniers mois houleux, marqués par des débats budgétaires complexes. Votre statut de composante universitaire est-il une force ou une faiblesse ?

Il faut bien reconnaître que les contraintes budgétaires auxquelles sont soumises les universités, la mise en place des Comue, le passage aux RCE (responsabilités et compétences élargies) nous touchent directement.

Sur certains points, nous souhaiterions parfois disposer de plus de liberté. Par exemple, lorsque nous voulons conclure un partenariat avec un établissement étranger, nous n'avons pas délégation de signature : c'est le président d'université qui doit signer l'accord. Ce qui peut poser des problèmes pour nos interlocuteurs étrangers, qui ne comprennent pas que l'équivalent de leur doyen de faculté ne puisse pas lui-même parapher le document.

Nous évoluons dans un système complexe, où les relations entre l'école d'ingénieurs et son université de rattachement dépendent beaucoup des échanges entre directeur et président. Mais appartenir à une université comporte aussi beaucoup d'avantages. Les élèves bénéficient de toute l'infrastructure universitaire : service des sports, bibliothèque, environnement de recherche, droits de scolarité réduits... Le lien avec l'université n'est pas prêt de se distendre.

Céline Authemayou | Publié le