Olivier Duhamel : "À Sciences po, il y a une communauté vivante de professeurs, c’est très différent de l’université"

Propos recueillis par Camille Stromboni Publié le
Olivier Duhamel : "À Sciences po, il y a une communauté vivante de professeurs, c’est très différent de l’université"
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Voilà vingt-cinq ans qu’Olivier Duhamel enseigne les institutions politiques à Sciences po Paris . En cette fin d’année 2010, le charismatique professeur a décidé d’arrêter. Il explique son choix à EducPros et revient sur ce métier, le seul qui lui donne autant de stress mais aussi de satisfaction.

Pourquoi avez-décidé d’arrêter d’enseigner à Sciences po ?

Il faut s’arrêter avant de décliner. Je pense avoir atteint ce que je pouvais faire de mieux comme enseignant. Et on a moins de force à 60 ans qu’à 20. D’autant que l’enseignement, c’est la seule de mes activités qui me donne un tel stress : j’arrive toujours à un cours avec le trac et j’en ressors la chemise trempée.

Mais j’aime beaucoup Sciences po et j’ai encore de nombreux projets comme conseiller de l’établissement, par exemple travailler au développement d’un campus consacré à l’Afrique (six antennes en régions existent déjà, chacune avec une spécificité internationale). J’enseignerai tout de même encore ponctuellement, je ne compte pas perdre le contact avec les étudiants. En plus, j’ai participé à la création des cours enrichis en ligne et le mien restera présent sous cette forme.

Votre dernier cours à Sciences po Paris, le 24 novembre 2010, a réuni beaucoup d’élèves et d’applaudissements. Comment faites-vous pour capter l'attention des étudiants depuis vingt-cinq ans ?

Tenir un amphi de 350 personnes devant vous, c’est épuisant. D'autant plus aujourd'hui où ils sont nombreux avec leur ordinateur, et peuvent très bien préférer aller sur Facebook. Je pense que ça marche si vous vous donnez à fond, avec passion. Les petites astuces, comme baisser la voix quand il y a trop de bruit, sont vraiment secondaires. Il y a évidemment des moments où cela fonctionne moins bien que d’autres, le plus souvent lorsque les étudiants ne comprennent pas. C’est ce que j’ai appris de plus important d’ailleurs : être de plus en plus simple, ce qui est bien plus difficile qu’être compliqué !

Vous avez également enseigné à l’université pendant longtemps (Besançon, Nanterre, Paris 1). Quelle est la principale différence avec Sciences po ? La mesquinerie des professeurs, avez-vous dit récemment ?

[Rires] Ce n’est pas leur faute. Les professeurs ne sont vraiment pas bien traités dans les universités . C’est devenu un lieu où l’on dispense son cours et l’on s’en va. Tout est compliqué, que ce soit pour monter un événement ou obtenir l’autorisation de faire des photocopies ! À Sciences po, c’est très différent. Il y a une communauté vivante de professeurs. Car, même s’ils ne sont pas mieux payés qu’à l’université, l’administration les gratifie d’être là. Ils sont traités comme s’ils faisaient partie d’une grande famille.

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Propos recueillis par Camille Stromboni | Publié le