Philippe Meirieu, tête de liste d'Europe Écologie en Rhône-Alpes : « Mon challenge : réconcilier les jeunes avec la politique »

Propos recueillis par Virginie Bertereau Publié le
Philippe Meirieu, tête de liste d'Europe Écologie en Rhône-Alpes : « Mon challenge : réconcilier les jeunes avec la politique »
Philippe Meirieu // © 
Il est l'une des personnalités les plus connues du milieu éducatif en France. Professeur en sciences de l'éducation à Lyon 2, Philippe Meirieu s'engage en politique aux côtés d'Europe Écologie pour les régionales en Rhône-Alpes. Ce pédagogue a fait du développement de la formation continue, des rencontres intergénérationnelles ou encore de la notion d'empreinte écologique, des priorités au sein de son programme en matière d'éducation.

Pourquoi vous êtes-vous engagé en politique avec les écologistes ? Y a-t-il eu un élément déclencheur ?

Oui, l'émergence d'Europe Écologie aux dernières élections européennes. J'avais auparavant collaboré avec le Parti socialiste, mais je trouve qu'il manque aujourd'hui de créativité. Europe Écologie ne se situe pas dans la logique politicienne technocratique des partis traditionnels. Il incarne une nouvelle façon de faire de la politique. Les gens qui en font partie ne sont pas dans une logique de carrière... Me présenter aux élections régionales est pour moi une opportunité passionnante, une aventure prometteuse. On nous annonce une grosse abstention, notamment chez les jeunes. Mon challenge : essayer de changer cela et les réconcilier avec la politique.

Comment votre candidature s'est-elle concrétisée ?

Fin août 2009, au moment de son université d'été, Europe Écologie a souhaité poursuivre son ouverture auprès de personnes de la société civile. Daniel Cohn-Bendit m'a sollicité au nom des militants. Ils ont dû penser qu'une personnalité fortement identifiée dans le monde de l'éducation, un sujet important, était un atout. Il y a eu ensuite une procédure de désignation, à l'issue de laquelle j'ai recueilli 85 % des suffrages.

Pourquoi vous engagez-vous précisément pour les régionales et pourquoi en Rhône-Alpes ?

Chaque région consacre la moitié de son budget à la formation et à l'éducation. C'est beaucoup plus que pour la culture ou encore les transports. La région s'occupe du lycée (bâtiments, personnels TOSS, aides financières - manuels, bourses, etc.), de l'apprentissage, des formations sanitaires et sociales, de l'université et surtout, un sujet qui me tient à cœur, de la formation tout au long de la vie. Je n'aurais pas accepté de me présenter comme député, sénateur ou autre, car je ne veux pas me lancer dans une carrière politique. Pour moi, c'est trop tard. Quant à la région Rhône-Alpes, j'y vis depuis plus de trente-cinq ans et je m'y suis beaucoup investi comme militant associatif.

Quel est votre programme en matière d'éducation ?

Au niveau du secondaire, nous voulons développer les lycées écoresponsables, c'est-à-dire rendre les élèves, les professeurs et les personnels responsables de leur empreinte écologique, les associer à leur production d'énergie, aller vers une cuisine plus bio, etc. Nous voulons également ouvrir les établissements à la formation continue (pour mélanger les publics) ou au tissu associatif pour en faire des lieux de rencontres intergénérationnelles.
Concernant la formation continue, il faut plus de lisibilité. Cela peut passer par la création d'un service public régional de la formation et le développement de la VAE (validation des acquis de l'expérience), absolument essentielle.
Nous voulons également encourager la « monnaie solidaire », c'est-à-dire offrir aux jeunes certains avantages (des logements moins chers, des réductions pour la culture ou les transports, etc.) en échange d'un peu de leur temps (tutorat, accueil d'autres étudiants...). Voilà quelques exemples d'idées parmi d'autres.

Propos recueillis par Virginie Bertereau | Publié le