"À quand la pédagogie collaborative et le design thinking à l'école ?", la chronique d'Emmanuel Davidenkoff

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Combien de temps faudra-t-il pour que l’enseignement scolaire comprenne que les entreprises attendent des jeunes diplômés qu’ils savent coopérer ?

Dix ans. Pendant dix ans, les scientifiques les plus éminents ont échoué à trouver la structure tridimensionnelle de la protéase rétrovirale du virus M-PMV, étape indispensable pour découvrir, peut-être, une molécule qui stopperait la reproduction du VIH – en clair : de soigner le sida. En trois semaines, le site Fold-It (“Pliez-le”) a résolu le problème. Comment ? En le soumettant aux internautes. Dans le monde entier, des dizaines de milliers d’entre eux se sont “amusés” à essayer de plier cette protéine. Ils ont réussi. Cet exemple qu’aime rappeler le biologiste François Taddei, infatigable défenseur des pédagogies coopératives, est emblématique mais pas unique.
De manière beaucoup plus quotidienne, nous sommes nombreux à résoudre des bugs informatiques en consultant les forums spécialisés mettant en commun les trouvailles de bidouilleurs qui sont loin d’être tous diplômés en informatique. Dans Makers (Pearson, 2013), Chris Anderson, un des gourous de la Silicon Valley, donne lui aussi plusieurs exemples de résolution de problèmes grâce à la puissance de l’intelligence collective.

Les entreprises ont bien compris tout le bénéfice qu’elles pouvaient en tirer et disent la rechercher. Elles passent commande aux grandes écoles de formations moins tubulaires, moins spécialisées, leur demandent de développer les compétences relationnelles, collaboratives, des étudiants.
Cette tendance encore émergente se traduit par la multiplication d’accords entre écoles de commerce, d’ingénieurs et de design, voire par la naissance de nouveaux établissements, comme Paris Est D.School, créée en partenariat avec la mythique D.School de Stanford. Même l’université, réputée plus éloignée du monde de l’entreprise et, de par sa taille et son histoire, moins rapidement adaptable, s’intéresse à ce courant – celle de Cergy-Pontoise abrite ainsi un “Fac Lab”, variante des Fab Labs qui bourgeonnent dans le monde entier, afin d’offrir aux citoyens des espaces collaboratifs pour travailler la matière (bois, céramique, plastiques, fer, etc.).

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