A Paris 3, les cours continuent... hors les murs

Alice Da Costa Publié le
Jeudi 19 février 2009, à quelques heures de la nouvelle journée de manifestation, d’autres actions étaient en cours. Sur la place du marché Saint- Médard à Paris, des enseignants de l’UFR de communication de Paris 3 se sont réunis pour donner un cours « alternatif » en commun. Une autre façon de faire grève. Lectures publiques, freezing, flashmob, "braderie" de professeurs, "enterrement" des universités, "marathon des savoirs"... Les actions de sensibilisation au mouvement de grève dans les universités, auprès des étudiants ou du grand public, fleurissent en plein mois de février et rivalisent d'imagination.

Sortez vos écharpes et vos gros blousons ! L’hiver n’est pas fini et la mobilisation des enseignants-chercheurs non plus. Il faudra faire attention à la grippe, car les cours à l’extérieur par ce temps ne sont pas toujours une partie de plaisir pour la santé des étudiants et des enseignants. Le principe étant de faire cours dans des lieux publics. Mais à quoi ressemble « un cours hors les murs » ?

Le thème ce jour-là : « Ce que les Lettres et Sciences humaines et sociales peuvent nous dire de l'identité »

Le thème du cours n’a rien d’anodin, c’est un nouveau clin d’œil des enseignants au gouvernement. L’identité nationale est revenue sur le devant de la scène lors de la dernière campagne présidentielle. Lundi 16 février 2009, une enseignante a déjà fait une lecture marathon de « La Princesse de Clèves » pendant plus de six heures pour manifester son désaccord avec les propos du président de la République sur l’inutilité d’apprendre les classiques à l’école, surtout lorsqu’on a pour « destin social » d’être guichetier ! 

L'information circule à l'université

Pour réussir un cours hors les murs, il faut tout d’abord communiquer. A Paris 3, on peut dire que l’information circule. Pour commencer, toutes les actions sont affichées dans le hall de l’université. Pour ceux qui ne se déplacent plus, un blog est disponible, et si vous arrivez quand même à passer au travers des informations, vous pouvez être rassurés, un enseignant se charge de vous envoyer un mail chaque semaine pour un récapitulatif des actions passées et à venir.

Les enseignants sur le trottoir

Il s’agit cette fois de communication « externe », l’idée est de faire connaître l’université au plus grand nombre. Pour ça aussi les enseignants sont au point. Six enseignants se relayent pour dispenser le cours, et distribuer des tracts. Sur le marché, ils expliquent leur action. Avec parfois le plaisir de débattre avec un passant. Généralement tout ce passe bien, même si quelques badauds ne comprennent pas que les enseignants sont en train de travailler...

Debout, attentif, par solidarité

Une quarantaine d’étudiants sont présents, debout. Il fait à peine quelques degrés, pourtant ils resteront attentifs. Les plus courageux prennent des notes, quelques uns s’assoient par terre. Aurélie, étudiante en 3ème année, paraît quelque peu agacée par ce cours : « J’avais un devoir à rendre pour mon enseignante, je ne savais pas qu’il s’agissait d’un cours facultatif ». D’autres sont venus par solidarité, comme trois étudiantes de master 2 : « Le contenu ne nous intéresse pas, nous l’avons déjà fait, nous sommes là par solidarité, nous n’allons pas aux manifestations, c’est notre façon de montrer notre soutien au mouvement ».

La solidarité et le savoir n'ont pas d'âge. En ce moment, en tous cas. Même un bébé a pu suivre son premier cours universitaire du haut de sa poussette rouge.

Pour en savoir plus sur les programmes de cours alternatifs, vous pouvez consulter le site de Fabula , Universités en lutte.

Alice Da Costa | Publié le