Anny Forestier (association France Chine Education) : "L’enseignement du chinois doit maintenant basculer de LV3 à LV2"

Propos recueillis par Sylvie Lecherbonnier Publié le
Anny Forestier (association France Chine Education) : "L’enseignement du chinois doit maintenant basculer de LV3 à LV2"
FCE // © 

Les associations France Chine Education et AFPC (Association française des professeurs de chinois) organisent vendredi 20 janvier un colloque sur "Apprendre le chinois, un atout. Quels parcours pour quels débouchés ?", au lycée Louis-Le-Grand à Paris. À l'occasion de cette manifestation et des années croisées de la langue chinoise en France et de la langue française en Chine, en 2011-2012, Jean-Pierre Lorenzati, proviseur fondateur de la FCE et Anny Forestier, secrétaire général de l'association et proviseur du lycée Janson-de-Sailly à Paris, dressent pour EducPros les enjeux du développement de l'enseignement du chinois dans le secondaire.


Pourquoi avoir créé l'association France Chine Éducation en 2007 ?

Jean-Pierre Lorenzati : L’association a été créée il y a quatre ans pour constituer un réseau entre les établissements français enseignant le chinois, afin de contribuer à la promotion de la coopération éducative franco-chinoise. 600 collèges et lycées disposent aujourd'hui d'un enseignement de chinois. Près d’un quart a adhéré à l'association et nous touchons la moitié des établissements. Nous voulons aider les chefs d'établissements à développer l'enseignement de cette langue, qu'ils ne se retrouvent  pas seuls à réinventer la poudre. Il s'agit d'entretenir un réseau de contacts, de créer une plateforme d'échanges… Par exemple, professeurs et proviseurs font face à des questions très pratiques lorsqu’ils entreprennent des échanges avec des établissements chinois. Comment s'organise-t-on pour monter un échange ? Demande-t-on un visa individuel, collectif ? Combien ça coûte ? Des questions moins faciles à résoudre que lors d'échanges avec des pays européens.

Quels sont les enjeux du colloque du 20 janvier et plus largement du développement de l’enseignement du chinois dans le secondaire ?

Anny Forestier : L'enseignement du chinois est venu après celui des autres langues mais il doit désormais basculer de LV3 à LV2. Dans les périodes de restrictions budgétaires, on connaît la fragilité de la LV3. Pour cela, il faut pousser les collèges à ouvrir le chinois en LV2 pour connaître un effet boule de neige dans les lycées. Par ailleurs, vont principalement aujourd’hui dans les sections internationales de chinois des enfants de diplomates chinois, des enfants de Chinois installés en France et qui gardent de forts liens avec la Chine et des Européens dont les parents ont vécu en Chine. Nous voulons voir naître un public franco-français qui apprend le chinois comme on apprend l'anglais ou l'allemand.

Jean-Pierre Lorenzati : Que le chinois soit encore parfois considéré comme une langue rare est assez risible alors qu’elle est la deuxième langue la plus parlée dans le monde. La question n'est pas de créer une filière élitiste mais de répondre à une nécessité économique pour la France. Ainsi, les lycées hôteliers montent des échanges avec la Chine car l'hôtellerie se développe dans l’Empire du milieu et qu'il y aura bientôt deux millions de touristes chinois qui voyageront à travers le monde.


Menez-vous des actions pour favoriser la venue d'étudiants chinois dans les lycées français ?

Anny Forestier : Le projet "50 lycéens chinois en France" permet depuis dix ans d'attirer des élèves chinois dans les classes préparatoires scientifiques françaises. Ils sont sélectionnés sur leur niveau scientifique et suivent un stage intensif de français à leur arrivée dans l'Hexagone. Quelques étudiants taïwanais participent désormais au dispositif. Les classes préparatoires sont très attractives pour les Chinois car elles correspondent à un système sélectif auquel ils sont habitués.

Jean-Pierre Lorenzati : Il existe une grande demande des lycées chinois pour des échanges avec la France. Notre association va d'ailleurs s'ouvrir aux lycées chinois pour développer ces partenariats. Notre objectif est aussi de développer l'apprentissage du français en Chine.

L'enseignement du mandarin en France

Dans l'enseignement secondaire

À la rentrée 2011, près de 30 000 élèves sont engagés dans l'apprentissage du chinois en collège, lycée, BTS ou classes préparatoires, contre 9 300 en 2004. Le chinois est ainsi passé de la 9ème à la 5eme place des langues enseignées dans le secondaire. 530 collèges et lycées sont partie prenante. Parmi eux, 28 sections internationales de chinois touchent près de 1000 élèves. Dans six cas sur dix, le chinois est étudié en LV3. Mais la proportion de LV1-LV2 croit rapidement.

Dans l'enseignement supérieur

12 000 étudiants suivent des cours de chinois dans 150 universités ou grandes écoles. Parmi eux, 5 000 étudiants suivent un cursus "de spécialité" dans l'un des 25 départements universitaires de LLCE (Langue, littérature, civilisation étrangères) ou LEA (Langues étrangères appliquées).

Propos recueillis par Sylvie Lecherbonnier | Publié le