Marie-Guite Dufay : "Nous voulons accroître l’appétence des jeunes bacheliers de Bourgogne-Franche-Comté pour les études supérieures"

Propos recueillis par Dahvia Ouadia Publié le
Marie-Guite Dufay :  "Nous voulons accroître l’appétence des jeunes bacheliers de Bourgogne-Franche-Comté pour les études supérieures"
"L’ambition de la Région est de donner envie d’étudier en Bourgogne-Franche-Comté, puis de s’y installer durablement", souligne Marie-Guite Dufay. // ©  Clément Barre
Le développement de l'enseignement supérieur et la recherche passe aussi par les régions. Pour comprendre les dynamiques en cours, EducPros donne la parole aux présidents et présidentes de régions. Dans cet entretien, Marie-Guite Dufay, présidente de Bourgogne-Franche-Comté, revient sur les projets de développement pour rendre la région plus attractive.

Quels que soient les territoires, l'enseignement supérieur représente un enjeu d'attractivité, de dynamisme et de revenus économiques. Ainsi, la Bourgogne-Franche-Comté compte près de 83.000 étudiants pour 2,8 millions d'habitants. Pour EducPros, Marie-Guite Dufay, présidente de la Région, fait le point sur le développement de l'enseignement supérieur sur son territoire.

Quelle importance donnez-vous à l’enseignement supérieur dans vos politiques ? Quel est son poids dans votre budget ?

En 2023, nous avons consacré plus de 41 millions d'euros à la politique en faveur de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Sur ce montant, 22,4 millions d'euros sont dédiés à l’enseignement supérieur et 18,8 millions d'euros à la recherche.

Quels sont les enjeux et les problématiques propres à votre territoire dans le domaine de l’enseignement supérieur ?

La Bourgogne-Franche-Comté (BFC) comprend des sites universitaires dans 13 villes réparties sur le territoire. Un 14e campus a aussi ouvert en septembre dernier à Dole qui compte deux formations en BUT.

L’enjeu majeur consiste à fédérer l’ensemble de la région, dans un souci de mutualisation, d'ouverture et d'égalité d’accès aux ressources et services aux étudiants pour l’ensemble de ces sites. Nous voulons également rendre le territoire plus attractif, en lien avec la Comue UBFC et ses membres, le Crous BFC, l’État et les collectivités.

La Région agit sur le patrimoine universitaire immobilier, dont les logements étudiants, ainsi que sur l’optimisation des conditions de vie étudiante et de réussite des études sur les campus. Nous nous appuyons notamment sur les volets enseignement supérieur, recherche et innovation des contrats de plan État-Région (CPER), des contrats de développement métropolitains et des programmes opérationnels FEDER-FSE ou encore sur le Plan d’accélération de l’investissement régional (PAIR).

Cette dynamique vise à accroître l’appétence des jeunes bacheliers de Bourgogne-Franche-Comté pour les études supérieures, mais aussi à attirer des bacheliers et étudiants d’autres régions ou pays.

Quel est le projet le plus ambitieux que porte votre Région pour l’enseignement supérieur et la recherche ?

Nous avons le projet de création d’une école d’ambition nationale sur l’hydrogène, pour franchir une étape supplémentaire et offrir un continuum du CAP jusqu’au doctorat.

C’est une ambition régionale que nous portons avec l’État en région et pour laquelle nous mobilisons tous les acteurs économiques, de l’emploi, de la formation et de l’innovation. La Région Bourgogne Franche-Comté est la cheffe d’orchestre de ce projet pour lequel nous candidatons à France 2030.

Mettez-vous en place des dispositifs ou aides financières pour attirer les établissements du supérieur ? Lesquels ?

Nous nous appuyons notamment sur les CPER pour permettre aux établissements de Bourgogne-Franche-Comté d’asseoir leur attractivité. Et ce au travers de programmations ambitieuses de construction, extension et rénovation du patrimoine universitaire.

Elles incluent des infrastructures numériques et l’aménagement d’espaces de vie étudiante qui prennent en compte les enjeux actuels liés au numérique, à la performance énergétique, à la biodiversité et au bien-être au quotidien.

À cela s’ajoutent des contrats de développement métropolitains avec quatre pôles régionaux majeurs. Ils ont notamment pour objectif de faire le lien entre le développement socio-économique du territoire et le binôme formation-emploi.

Pour illustrer ces projets, un nouveau campus universitaire a même été crée et inauguré en 2022. Deux écoles d'ingénieurs [ESTP et ESEO ndlr] se sont installées à Dijon, à proximité du campus alors que leur siège est en dehors de la région. Le bâtiment construit a vocation à constituer une vitrine en matière de qualité des services via l’utilisation des technologies de l’information et de la communication.

Les établissements de l’enseignement supérieur représentent-ils un outil d'aménagement du territoire ?

Nous sommes convaincus du rôle-clé du triptyque enseignement supérieur – recherche - innovation dans le développement intellectuel, sociétal et économique du territoire. La Région soutient fortement le déploiement d’une politique structurante telle que portée par la Comue UBFC.

Les établissements pris séparément n’ont en effet ni la taille critique, ni la visibilité suffisante pour peser au niveau français et au-delà. L’action de la Région répond à une volonté d’accès à la connaissance et à l’épanouissement des jeunes générations, dans une logique de démocratisation.

Je suis aussi attentive à réduire la précarité des étudiants. Au-delà du soutien au bâti universitaire qui inclut les logements étudiants, la Région favorise la réussite et l’environnement des études, ainsi que l’accès à l’enseignement supérieur pour les étudiants les plus éloignés.

Et nous accompagnons également leurs initiatives associatives. L’ambition in fine est de donner envie d’étudier en Bourgogne-Franche-Comté, puis de s’y installer durablement, générant de l’activité au bénéfice de son développement dans toutes ses composantes.

Quelles sont les retombées économiques des acteurs du supérieur et de la recherche pour les villes et les territoires ?

Je n’ai pas de chiffres précis à vous fournir, mais plus de 80.000 étudiants sur le territoire, cela a automatiquement des retombées économiques, surtout à l’échelle de nos campus en région.

Les présidents des agglomérations ne s’y sont pas trompés, ils sont très actifs pour attirer de nouvelles formations et offrir aux étudiants les meilleures conditions d’études. Au-delà des retombées économiques, l’enseignement supérieur est un outil d’attractivité, nous avons aussi envie de montrer aux jeunes tous les atouts de notre territoire pour construire leur avenir.

Étudier, faire un stage, s’investir dans la vie locale… c’est le premier pas vers une installation en Bourgogne-Franche-Comté, c’est un investissement pour l’avenir.

Notre série : les enjeux de l'enseignement supérieur dans les territoires, vus par les présidents de Région

Pour comprendre les enjeux de chaque territoire, EducPros vous propose une série d'interview des présidents de Région.

À tous, nous avons posé les mêmes questions, pour pouvoir saisir les spécificités de leur Région, et permettre également de comparer les situations. L'entretien de Marie-Guite Dufay est le sixième de notre dossier

Vous pouvez également consulter les interviews :

Propos recueillis par Dahvia Ouadia | Publié le