Le ministère porte plainte contre l'antenne varoise de l’université Fernando-Pessoa

Virginie Bertereau Publié le
La ministre Geneviève Fioraso a porté plainte contre l'antenne santé de l’université portugaise Fernando-Pessoa ouverte en novembre 2012 à La Garde (83). Motifs : utilisation abusive du mot "université" et défaut de demande d'accord préalable.

Dans le secteur de la santé, on connaît depuis plusieurs années le phénomène des universités européennes (en Belgique, Roumanie ou Espagne, par exemple) qui ouvrent leurs portes à des étudiants français désireux de contourner les concours d’entrée très sélectifs en France. Plus inédit, l’ouverture d’une antenne d’une université portugaise privée à La Garde, près de Toulon, fait aujourd’hui grand bruit.

Geneviève Fioraso, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, vient de déposer plainte contre ce nouvel établissement, ouvert en novembre 2012 et rattaché à l’université Fernando-Pessoa, où des étudiants français en pharmacie, odontologie et orthophonie admis sur dossier peuvent se former en payant de 7.500 à 9.500 € l’année. Ils sont aujourd'hui une vingtaine à y suivre leur cursus.

Le code de l'Education bafoué ?

Motifs de la plainte : utilisation abusive du mot « université » et défaut de demande d'accord préalable. Interrogée sur France Info, jeudi 13 décembre 2012, la ministre a déclaré que "les cours et les cursus des enseignants ne sont pas décrits et aucune autorisation d’ouverture n’a été déposée comme le prévoit le code de l’Education".

Sans compter que pour Geneviève Fioraso, cette ouverture d’antenne est "une façon pas très déontologique de profiter de la légitime déception d’étudiants qui ont raté leur concours à l’issue d’une ou deux années de préparation aux professions de la santé, de les taxer au passage parce que ce sont des écoles payantes et de leur proposer des formations qui ne sont pas habilitées en réalité officiellement".

De "université" à "universidadE"

De son côté, Bruno Ravaz, le vice-président français de l'université portugaise, regrette cette plainte dans Var Matin et "assure être en règle", même s’il n’a pas rempli tous les formulaires nécessaires. Mais pourquoi le ferait-il puisque les diplômes délivrés seront portugais (donc européens et valables en France) ?

Si la justice devait donner raison au ministère, l’antenne de Fernando-Pessoa pourrait renoncer au nom "université" pour s’appeler tout simplement "universidade". Bruno Ravaz pourrait par ailleurs saisir la Cour de justice des communautés européennes pour discrimination. Dans tous les cas, gageons que cette histoire donnera des idées à d’autres établissements de l’Union européenne.  

Virginie Bertereau | Publié le