Assises régionales de l'enseignement supérieur et de la recherche : Isabelle This Saint-Jean défend la stratégie de l'Ile-de-France

Propos recueillis par Camille Stromboni Publié le
Assises régionales de l'enseignement supérieur et de la recherche : Isabelle This Saint-Jean défend la stratégie de l'Ile-de-France
27282-this-saint-jean-isabelle-ps-juillet2010-recadree-original.jpg // © 
Les Assises régionales de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation en Île-de-France débutent le 5 juillet 2010. Vice-présidente du conseil régional sur ces questions, Isabelle This Saint-Jean explique la démarche.

Pourquoi la Région organise-t-elle des Assises de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation ?

Le paysage institutionnel de la recherche et de l’enseignement supérieur a profondément évolué. Par exemple avec l’ANR [Agence nationale de la Recherche], ou encore avec le Grand emprunt en ce moment. Nous devons donc faire le bilan du dispositif de soutien de la Région à ce secteur, afin de le faire évoluer et d’établir les réponses les plus efficaces possibles.

"Nous voulons nous tourner vers les premiers concernés : les acteurs du supérieur, de la recherche et de l’innovation"

Pour cela, nous voulons nous tourner vers les premiers concernés : les acteurs du supérieur, de la recherche et de l’innovation. Notre ambition est en effet de poursuivre ce très fort soutien de la Région au secteur, qui a représenté 1,3 milliards d’€ du budget de l’Île-de-France lors de la dernière mandature. A l’issue des Assises, nous prendrons nos responsabilités et nous trancherons. Un texte de cadrage sortira avant la fin 2010 et nous réorienterons notre dispositif.

Cinq tables rondes sont au programme [vie étudiante, mobilité étudiante, aménagement du territoire, stratégie d’innovation, outils pour la concertation] de ces trois journées de réflexion. Tous les sujets sont ouverts ?

Effectivement. Même si sur certaines thématiques, nos orientations sont plus dessinées que sur d’autres. Par exemple, concernant les conditions de vie étudiante, tout le monde est convaincu que la Région doit apporter son aide et même la renforcer, notamment sur le logement étudiant ou les mutuelles « santé ».

Dans le domaine de la recherche par contre, c’est beaucoup plus indéterminé. La Région finançait auparavant beaucoup d’équipements mi-lourd pour les laboratoires par exemple, avant de s’investir de plus en plus sur les DIM [Domaines d’intérêt majeur], qui sont des financements sur certaines thématiques. La communauté est très partagée sur cet outil. C’est un sujet dont il faut vraiment discuter.

Grand emprunt, PRES, Opé Campus, LRU … Quel rôle peut avoir la Région au sein d’un paysage en pleine mutation ?

Nous sommes actuellement dans un désordre institutionnel incroyable. Tous les acteurs que je rencontre [notamment au cours de ses visites de 15 établissements franciliens ces derniers mois]sont perdus. Prenez Saclay : qui aujourd’hui structure scientifiquement Saclay ? Dans ce cadre, la Région, à l’image d’un paquebot à la force tranquille, doit être garante d’une véritable stabilité.

"Nous souhaitons appuyer les établissements qui nous présenterons des projets ambitieux pour aider les « décrocheurs »"

Nous soutenons les établissements, via les CPER [Contrat de projets Etat-Région] mais aussi d'autres opérations : pour les bibliothèques, les maisons de vie étudiante, les allocations de recherche, etc. La Région a par exemple soutenu l’Est francilien, où l’offre de formation est très faible : en Seine-et-Marne, le taux de poursuite d’études des bacheliers est 20 % en dessous de la moyenne régionale. Nous devons veiller à ce que l’ensemble des jeunes d’Ile-de-France accèdent à l’enseignement supérieur. Nous souhaitons d'ailleurs appuyer les établissements qui nous présenterons des projets ambitieux pour aider les « décrocheurs ».

Concernant la recherche - l'Ile-de-France représente 40 % de la recherche nationale - il faut la valoriser et la soutenir partout où elle existe. Et ce n’est pas du saupoudrage, comme le critiquent certains. C’est simplement tout l’inverse de la logique gouvernementale de mise en concurrence systématique, qui concentre tous les moyens sur ceux qui remportent la course. Une stratégie inefficace ! En effet l'excellence, c'est compliqué ! La coopération entre les chercheurs est primordiale. Avec la Région, nous voulons réunir les conditions pour favoriser les échanges au sein du milieu scientifique, afin d'endiguer ce mouvement vers toujours plus de concurrence.

Propos recueillis par Camille Stromboni | Publié le