Avec son campus au Maroc, l'ESC Clermont business school souhaite regagner en attractivité

Agnès Millet Publié le
Avec son campus au Maroc, l'ESC Clermont business school souhaite regagner en attractivité
Richard Soparnot, directeur de l'ESC Clermont business school, a inauguré son nouveau campus à Marrakech fin avril 2024. // ©  Agnès Millet/EducPros
À la rentrée 2024, l'école de commerce clermontoise se projette pour la première fois à l'international en ouvrant un campus à Marrakech, au Maroc. Une première étape pour la business school qui pense déjà à d'autres sites.

"C'est un moment historique pour l'ESC Clermont business school", que partage Richard Soparnot, directeur général de l'école de commerce, ce jeudi 25 avril, sur le roof top du nouveau bâtiment de l'établissement. Aujourd'hui, l'établissement clermontois inaugure son premier campus international, à Marrakech, au Maroc.

Un pas important pour l'école, implantée depuis 1919 dans son fief clermontois et, plus récemment, dans deux campus abrités par des établissements partenaires en Chine, à Zhuhai depuis 2019 et à Pékin, depuis janvier 2024.

Une école de commerce française à Marrakech

Le choix du pays et de la ville peut surprendre. Dubaï a supplanté le Maroc dans la stratégie des écoles de commerce françaises : l'EM Normandie, Skema et l'ESCP s'y sont implantées récemment.

Le Maroc, lui, accueille déjà des écoles françaises – comme l'Essec, TBS Education ou l'EDC - ayant déjà élu domicile à Casablanca et à Rabat. Tandis que d'autres établissements ont quitté le pays, comme l'université Paris-Dauphine en 2019 ou le groupe Insa en 2023.

Ce contexte n'entame cependant pas l'enthousiasme de Richard Soparnot. Saluant les "belles garanties" offertes par le Maroc, le directeur général évoque sa "grande stabilité, son économie dynamique et l'augmentation du pouvoir d'achat". 

Un pari d'autant plus intéressant que Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, accueillait justement son homologue marocain, trois jours auparavant. De quoi rassurer sur la force des liens entre les pays dans ce domaine, tandis que la question de la délivrance des visas suscite des tensions depuis 2021.

Quant au choix de Marrakech, inédit pour un établissement français, l'école explique avoir passé différentes villes – Casablanca, Rabat Tanger, Agadir, Fès et Meknès - au crible de plusieurs critères, à savoir "l'intensité concurrentielle, le développement économique, le prix du foncier, le potentiel en termes de population universitaire, le coût de la vie et de l'immobilier et la dimension qualité de vie et entertainment".

Un campus de 1.000 m², soutenu par les partenaires

Deux ans après le lancement du projet, l'école ouvre donc un campus dans le quartier d'Izdihar, une zone résidentielle récemment construite. Si elle loue ses locaux de 1.000 m² pour 9.000 euros mensuels, l'ESC Clermont estime à 400.000 euros le coût du lancement du campus. Un effort conséquent pour l'école de management qui enregistrait 19,6 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2023

Par ailleurs, "le projet s'est réalisé grâce à la concrétisation de nombreux partenariats et du soutien d'établissements d'enseignement supérieur locaux, de deux laboratoires de recherche et d'une quinzaine d'entreprises, pourvoyeuses de stages", précise l'école, citant notamment le groupe Michelin ; lui-même implanté au Maroc.

Un public cible bien identifié

Pour son recrutement étudiant, l'école avance en terrain connu. Elle espère ainsi ne pas avoir de difficultés de recrutement. En effet, l'école compte sur ses partenariats forts avec les Écoles nationales de commerce et de gestion (ENCG), un réseau marocain de 12 écoles de commerce en cinq ans.

Elle compte aussi sur un vivier de recrutement identifié grâce à ses doubles diplômes : ces trois dernières années, l'école a reçu plus de demandes d'admission de la part d'étudiants marocains que de places disponibles, soit 94 candidatures refusées.

L'ESC Clermont espère aussi se distinguer de l'offre française déjà présente sur place par ses labels internationaux (AACSB et Amba) mais surtout par l'ouverture d'un programme Grande école (PGE) grade master, dont la CEFDG a étendu ce grade à la formation dispensée au Maroc.

Près de 80 étudiants à la rentrée 2024

À la rentrée 2024, 80 étudiants sont attendus pour suivre les deux dernières années de PGE.  Ils doivent être 250 à l'horizon 2024, tandis que la maison-mère en compte 2.000.

Dans un premier temps, ce cursus s'adresse aux étudiants marocains, qu'ils soient issus des ENCG partenaires ou titulaires d'une licence. L'école s'adresse aussi aux autres pays d'Afrique pour lesquels le Maroc souhaite être un hub d'enseignement supérieur.

Les droits de scolarité annuels sont de 7.000 euros, un prix aligné avec l'offre marocaine et déjà pratiqué pour les étudiants des ENCG en double diplôme.

À terme, Richard Soparnot espère attirer sur ce campus des étudiants internationaux et compter 15 nationalités (hors France et Afrique) d'ici cinq ans. Des étudiants inscrits sur le campus français pourront également y venir en échange, comme pour le campus chinois.

Pour l'ouverture de la première année de PGE, de bachelors ou d'autres programmes sur le campus, la réflexion dépendra du succès de l'entreprise.

Dupliquer le campus clermontois

Du côté de l'offre, ce campus "va dupliquer le campus clermontois sur tous les aspects : reconnaissance, vie associative, accompagnement dans le projet professionnel, expérience campus…", détaille Richard Soparnot.

Le programme proposé est donc similaire à celui de Clermont-Ferrand. À l'issue de du PGE 2, une passerelle sera possible vers le campus de Clermont ou de Pékin où les étudiants auront la possibilité de choisir d'autres spécialisations.

Dès cette année, l'école proposera sa majeure "finance" pour laquelle les candidats marocains présentent un "fort engouement" ainsi qu'une majeure "management hôtelier et des entreprises touristiques" créé spécialement pour ce campus. En 2025, une majeure "Sport business" s'ajoutera. 

Enfin, tous les enseignements intégreront une composante de management durable en lien avec la stratégie de l'école autour de la RSE et d'un besoin grandissant au Maroc.

D'autres ambitions en France et à l'international

Avec son plan stratégique "Reveal", l'école affichait son intention de regagner en attractivité, face à des recrutements post-prépa en berne. Le campus de Marrakech est l'une des réponses pour attirer davantage d'étudiants.

D'autres projets sont en passe d'aboutir dont la création, à Clermont-Ferrand, du campus Trudaine XL, à la rentrée 2024, avec ses 10.000 m² rénovés et augmentés d'une extension de 4.000 m².

L'école souhaite aussi ouvrir une deuxième implantation en France et un deuxième campus international en propre d'ici 2027. Ces projets pourraient se prolonger avec un troisième campus en France et un troisième international d'ici à trois ou quatre ans. La business school n'exclut pas la région parisienne qui accueille désormais presque toutes les écoles de management.

Par ailleurs, l'école réfléchit au lancement d'un institut franco-chinois (IFC) avec la BLCU, son partenaire académique à Pékin. Et a déjà délocalisé plusieurs masters of sciences sur le campus de l'ESLCA en Égypte.

Autre territoire pour séduire de nouveaux publics : le distanciel, puisque l'école ouvre à la rentrée 2024, un master grande école de deux ans, entièrement en ligne pour un public hors métropole. D'un coût total de 14.000 euros, il cible les jeunes professionnels de l'Afrique francophone. Des bachelors et des MSc en ligne devraient suivre.

Pour soigner son attractivité, l'école a également lancé une démarche de qualification d'établissement d'enseignement supérieur privé d'intérêt général (Eespig) et poursuit sa demande de label Equis. L'ESC Clermont semble désormais vouloir afficher une certaine ambition de croissance. Une nécessité dans un environnement de plus en plus concurrentiel.

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