Avec son prochain campus à Dubaï, Skema mise plus que jamais sur l'international

Agnès Millet Publié le
Avec son prochain campus à Dubaï, Skema mise plus que jamais sur l'international
Skema est née en 2009 de la fusion de deux écoles de management lilloises et niçoises. // ©  Florence COULLARE/REA
À un an de l'échéance de son plan stratégique SKY 25, Skema annonce l'ouverture d'un campus à Dubaï et fait le point sur ses projets. L'école de commerce qui se vit comme une multinationale mise plus que jamais sur un déploiement international. Pour la diversité et le développement durable, 60 millions d'euros seront investis.

Née en 2009 de la fusion de deux écoles de management lilloises et niçoises, Skema a depuis longtemps dépassé ses frontières.

Depuis 2021, c'est à Suresnes (92) que se situe son vaisseau amiral de 30.000 m2, tandis qu'elle inaugurait, la même année, son nouveau campus brésilien de Belo Horizonte. L'école est également présente en Chine, au Canada, aux États-Unis et en Afrique du Sud.

Une école de commerce qui se veut mondiale et locale, puisqu'elle revendique pour les diplômes de chacun de ses campus les agréments des ministères de l'Enseignement du pays.

Et la stratégie d'internationalisation n'est pas terminée, avec l'annonce d'un nouveau campus à Dubaï (Émirats Arabes Unis), à la suite notamment de l'EM Normandie.

Plusieurs programmes ouverts à Dubaï

Ce campus de 2.000 m2 sera installé dans le quartier du Dubaï International Financial Centre. En septembre 2024, 200 étudiants seront accueillis, pour la plupart des étudiants de Skema, en mobilité, de troisième année du global BBA ou du master 1 du PGE ou encore des étudiants de MSc.

"À terme, nous pourrons accueillir 1.000 étudiants. Et nous voulons avoir une vraie mixité de population, avec 50% d'élèves recrutés dans la région et 50% d'étudiants en mobilité issus de nos autres campus", explique Patrice Houdayer, executive vice-president et vice-doyen programmes et international de Skema. D'ici quatre à cinq ans, l'école pourrait s'étendre pour accueillir 2.000 étudiants.

Ce campus sera la plateforme de l'école pour les régions Moyen-Orient, Asie-Pacifique, Afrique et Inde. L'école souhaitait d'ailleurs initialement ouvrir un campus sur le sous-continent, mais, note Alice Guilhon, "il y a des pays où cela est plus compliqué qu'ailleurs". Le projet dubaïote a donc été un "compromis" au projet indien, explique la directrice générale de Skema.

Plusieurs programmes seront ouverts à Dubaï : la troisième année du global BBA, les deuxièmes et troisièmes années du PGE (programme Grande école), le MSc International Business et le MSc in Sustainable Finance and Fintech.

Les frais de scolarité, fixés en fonction des droits de Skema et du marché local, seront "assez proches des prix américains et français", explique Patrice Houdayer, soit 25.000 euros pour les masters et 30.000 à 35.000 euros pour des "programmes très exclusifs".

D'autres projets de campus en Australie ou en Europe

"Skema s'inspire des grosses structures internationales", rappelle Alice Guilhon. Ainsi, si le projet en Russie a été interrompu en raison de l'offensive lancée en Ukraine, début 2022, le projet en Australie reste sur la table et sera peut-être le prochain à ouvrir.

Ce qui ne marquera pas la fin de la croissance de l'école. "Il y a l'Europe aussi", rappelle la directrice générale.

Sans compter que chaque campus pourrait générer son propre développement. "Lorsque nos campus deviennent plus autonomes, c'est à eux aussi d'étendre la marque de l'école un peu partout", avec un contrôle de la qualité et la vision de la marque, explique la directrice. On est une multinationale", poursuit-elle.

Cette volonté d'expansion s'est traduite par les négociations menées pour le rachat de la Fashion Institute of Design & Merchandising (FIDM), basée à Los Angeles, aux États-Unis et annoncée en septembre 2023. "À la fin, c'est le gouvernement américain qui a mis des exigences très fortes et nous avons dû renoncer", conclut Alice Guilhon alors que le projet d'acquisition a été annulé.

L'ouverture de quatre écoles disciplinaires appliquées au business

Comme annoncé dans son plan stratégique, Skema a ouvert en interne des écoles disciplinaires appliquées au business à l'instar de Skema Law School for Business ou plus récemment, de Skema Design School for Business.

"Pourquoi des écoles ? Parce que c'est le schéma qui permet de développer de la recherche interdisciplinaire", résume Christophe Germain, vice-doyen en charge du développement des écoles et ancien directeur d'Audencia.

Ces écoles disposent d'un ensemble de programmes et d'une équipe rattachée, allant de 5 à 21 professeurs. Les écoles de l'IA (intelligence artificielle) et de géopolitique ont également leur centre de recherche.

L'école de droit propose notamment deux programmes post-bac, permettant aux entrants de passer le barreau – 13 ont réussi cet examen en 2023. L'objectif est que les trois autres écoles ouvrent également une offre de formations allant du post-bac au master, ainsi que de la formation continue. Skema n'exclut pas de créer d'autres écoles, sans préciser les thèmes.

Intégrer l'intelligence artificielle dans la pédagogie et l'organisation

Autre priorité : l'intelligence artificielle. "Notre vision de l'IA vise à répondre à deux enjeux : avoir une approche des contenus, mais aussi transformer notre organisation", explique Nathalie Hector, directrice innovation de Skema.

Une évolution qui serait discrètement en cours, à commencer par la collecte de "données propres", pour déployer des outils.

Ainsi, le centre de recherche en IA de l'école, basé à Montréal, a participé à la construction du "Skema AI tutor", en test dans certains programmes. L'application accompagne les nouveaux étudiants, via des remises à niveau. Durant les études, elle permet la génération de résumés de cours ou de questions/réponses et aide à préparer les examens avec la création de plannings de révision ou de QCM. Elle devrait être déployée à tous les étudiants en 2025.

L'école développe également un référentiel de compétences, intégrant l’IA comme compétence fondamentale.

60 millions d'euros d'investissements pour la diversité et le développement durable

Skema lance également le plan "3D", se référant à ses ambitions de diversité, de décarbonation et de "digital and data for good", en matière de recherche, de formation, de sensibilisation des salariés et des étudiants et des campus.

En recherche, des chaires seront ainsi lancées en 2024 et 2025 et 50% des publications de recherche devront être en rapport avec les objectifs de développement durable, d'ici 2027.

De plus, l'ensemble des salariés et des étudiants devront être formés aux enjeux du management de la diversité, de la transition bas-carbone et du numérique responsable, en 2025. D'ici à 2026, la moitié des associations étudiantes devront intégrer "une dimension impact dans leur mission".

En faveur de l'ouverture sociale, l'école souhaite porter le montant annuel des aides financières attribuées aux étudiants de 3 à 10 millions d’euros, d'ici 2027.

Et ce sont 50 millions d'euros qui seront investis sur les campus pour réduire de 30% le bilan carbone de l'école, d'ici 2030. Les déplacements quotidiens et les achats seront scrutés à la loupe, puisqu'ils représentent plus de la moitié du bilan carbone réalisé en 2022.

Quant aux mobilités internationales, elles restent au cœur du projet de l'école, même si celle-ci étudie "des expériences de slow travel", précise Isabelle Jauny, directrice de Skema transitions.

Les chiffres de la trajectoire 2020-2025 de Skema

  • Budget de fonctionnement : 92 millions d'euros en 2020 pour 145 millions aujourd'hui et 150 millions visés en 2025.

  • Effectifs étudiants :  8.500 en 2020 pour 11.000 aujourd'hui et 12.000 visés en 2025.

  • Effectifs salariés : 600 en 2020 contre 750 aujourd'hui et 800 visés en 2025.

  • Effectifs professeurs permanents : 160 en 2020 pour 190 aujourd'hui et 200 visés en 2025.

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