Campus connectés : gros plan sur Redon

Éléonore de Vaumas Publié le
Campus connectés : gros plan sur Redon
Le nouveau campus connecté sera hébergé au sein du GIP Campus Esprit à la CCI de Redon. // ©  Pôle communication, Campus E.S.P.R.I.T. Industries - ESLI
À la rentrée 2019, l’offre de formations du premier cycle s’étoffe, grâce à l’ouverture de 13 campus connectés permettant d’étudier des diplômes nationaux à distance. À quoi ressembleront ces nouveaux lieux d’étude ? L'illustration de Redon, ville bretonne de 9.000 habitants.

Comme 12 autres villes en France, Redon va ouvrir un campus connecté à la rentrée 2019. Avec cette expérimentation, lancée par le MESRI le 2 mai 2019, l’objectif est de "donner à tous ceux qui veulent réussir dans l’enseignement supérieur les moyens de surmonter les barrières géographiques, urbaines et sociales qui créent des inégalités de destin", écrit Frédérique Vidal dans le dossier de présentation.

Une situation que connaît bien la ville bretonne, qui, d’un point de vue géographique, pâtit de sa proximité avec trois villes universitaires : Rennes, Nantes et Vannes. Résultat, l’offre de formations dans l’enseignement supérieur est assez limitée, et le nombre d’étudiants (315 étudiants en 2015-2016) en baisse depuis 15 ans. Depuis quelques années, la stratégie du territoire consiste toutefois à faire un atout de sa situation.

En misant sur le développement d’entreprises industrielles, il s’est doté, dès 2014, d’un campus de proximité, le GIP CEI (Campus Esprit - Enseignement supérieur, professionnalisation, recherche, innovation, technologies - Industries), rejoint en 2016 par l’Esli (École supérieure de logistique industrielle), qui propose des formations en alternance de niveau bac +3 à bac + 5, essentiellement axées vers l’industriel.

Une initiative qui a été co-financée via deux AAP dans le cadre du PIA 2 (Programme d’investissement d’avenir) en 2016, à hauteur d'environ 4 millions d’euros. "L’engagement des élus locaux sur la question des formations de l’enseignement supérieur est assez fort en Bretagne, constate Bernard Pouliquen, vice-président chargé de l’enseignement supérieur, la recherche et la transition numérique à la région Bretagne. La proposition faite par l’État d’expérimenter un campus connecté entre donc ‘en résonance’ avec l’expérience vécue à travers notre campus de proximité."

Une formule souple et sur-mesure

Le projet de campus connecté repose sur l’idée de constituer, à terme, "une plateforme" d’accompagnement à la formation ouverte et à distance mutualisée à l’ensemble des établissements. La ville compte ainsi attirer les lycéens n’ayant pas trouvé de place sur Parcoursup en 2019 et les "décrocheurs", pour leur proposer de réintégrer un parcours de formation supérieure. "Le but est d’offrir une offre différente, plus souple, hors du cadre académique strict pour pouvoir s’adapter aux besoins des jeunes", complète Bernard Pouliquen.

Il ne s’agit pas de maximiser le nombre d’étudiants, mais d’avoir une solution de remédiation qui prend en compte les contraintes et les attentes de chacun.
(B. Pouliquen)

Si la région Bretagne assure que le dispositif sera prêt à la rentrée prochaine, le projet "n’est pas encore totalement ficelé", avoue le vice-président. À Redon, une commission dédiée à l’enseignement supérieur, incluant les établissements, la ville, l’agglomération et la région, doit se réunir dans les prochains jours pour déterminer les modalités pratiques, et s’assurer que le projet répond au cahier des charges du ministère de tutelle.

Des réglages à prévoir

Pour l’heure, une note interne qu’Educpros s’est procurée le 13 mai indique que les cours auront lieu dans une salle dédiée au sein du campus Esprit, aménagée en lieu de co-working. Situé en centre-ville, le choix de ce lieu vise à "favoriser le contact avec d’autres étudiants". "C’est important que le lieu soit central et que cela soit un autre cadre qu’un établissement scolaire classique", analyse Bernard Pouliquen.

Côté formations, le nombre et le type de cursus doivent encore être déterminés. La ville préfère se laisser le temps de cibler le profil des candidats pour leur proposer un parcours "à la carte". Une chose est toutefois sûre, l’offre ne sera pas aussi exhaustive que le catalogue des 60 formations mises à disposition par le ministère.

Un animateur, détaché du campus de proximité, assurera l’accompagnement des étudiants, à raison de 12 à 18 heures par semaine. En complément, la ville prévoit également l’intervention d’un coordonnateur de la vie étudiante, chargé d’orchestrer la vie associative, culturelle, sportive et événementielle des étudiants du campus connecté.

10 places à la rentrée

Maintenant que le projet a reçu le feu vert de l’exécutif, un appel à candidatures spontanées va pouvoir être lancé dans les prochains jours. En outre, un partenariat sera développé avec la mission locale pour identifier les jeunes désirant reprendre des études supérieures. Parallèlement, l'académie de Rennes sera sollicitée pour fournir la liste des bacheliers n’ayant pas obtenu d’affectation via Parcoursup.

La ville s’est fixé, comme premier objectif pour 2019, d’accueillir une dizaine d’élèves. En fonction de l’état de la demande, elle n’exclut pas la possibilité d’élargir la capacité d’accueil à 20 places, comme en moyenne dans les autres campus. "On va progressivement monter en gamme, prévient le vice-président. Il ne s’agit pas de maximiser le nombre d’étudiants qui seraient mobilisés dans ce projet, mais d’avoir une solution de remédiation qui prend en compte les contraintes et les attentes de chacun."

D’ici à 2022, le ministère de l'Enseignement supérieur souhaite ouvrir une centaine de campus connectés, répartis sur l’ensemble du territoire, avec un ambitieux objectif de 100 % de réussite aux examens.

Éléonore de Vaumas | Publié le