CampusFrance : des Rencontres annuelles en temps de crise

Fabienne Guimont Publié le
Du 2 au 5 décembre 2008, l’agence CampusFrance organise ses Rencontres à la Cité internationale universitaire de Paris. Chaque année, ses tables rondes rassemblent les représentants des espaces CampusFrance de par le monde et les responsables des établissements d’enseignement supérieur français. L’occasion de refaire le point sur les principales problématiques du moment.

Les chiffres en toile de fonds. La France se place en troisième position avec 265 000 étudiants accueillis (chiffres 2006) derrière les 585 000 vers les Etats-Unis et les 330 000 vers la Grande-Bretagne. L’Allemagne talonne l’Hexagone avec 260 000 étudiants étrangers reçus.

Les étudiants asiatiques - de loin les plus nombreux dans ces flux d’étudiants internationaux - enregistrent une croissance exponentielle : ils sont passés de 564 000 en 1999 à 1 079 000 en 2006. « La zone Asie « mange » progressivement les autres. L’Europe est en panne et le nombre d’étudiants africains en mobilité se tasse », résume André Siganos, directeur général de Campus France. Qui sont les étudiants étrangers accueillis en France ? Les Marocains représentent un quart des étudiants étrangers en France (29 000) devant les Algériens ( 21 600) et les Chinois (17 000).  

Concurrence accrue et repli sur zone  

Pour le directeur général de CampusFrance, « la crise financière va se faire sentir sur la mobilité dans les deux ou trois ans à venir. On risque d’assister à un repliement des étudiants sur leur zone géographique : les Asiatiques en Asie… ». Si comme Christophe Gigaudaut, chargé de mission Asie-Océanie à la direction générale de la coopération internationale et du développement (Ministère des affaires étrangères) l’a lancé « La Chine, c’est le Pérou ! », certains ont regretté l’arrivée en Chine depuis dix ans des établissements d’enseignement supérieur français en ordre dispersé, contrairement aux autres pays européens.

Principal concurrent sur cette zone : l'Allemagne. Le travail de terrain du DAAD pourrait encore tailler des croupières à la France. En Inde, avec l’ouverture de 9 bureaux CampusFrance, l’Hexagone essaie de rattraper son retard mais court derrière le travail de promotion du système supérieur allemand en place depuis 50 ans. Si Nicolas Sarkozy a invoqué l’objectif de 4000 étudiants indiens en France d’ici à 2012 (contre 1700 aujourd’hui), le DAAD a prévu de doubler ses moyens sur l’Inde en 2009 et fait bisquer les Français avec un budget illimité pour organiser le salon EHEF (European Higher Education Fair) en Thaïlande en octobre prochain.     

Des moyens en baisse  

La France veut-elle avoir une politique publique d’attractivité des étudiants étrangers à la hauteur de ses ambitions ? Au-delà de la question de l’organisation de l’agence CampusFrance – devenue depuis 2007 un GIP regroupant EduFrance, Egide et le Cnous - et de la centaine d’espaces Campus France à travers le monde, la question centrale des moyens a été reposée par André Siganos, son directeur général. Dans le projet de loi de finance 2009, 3,113 millions d’euros de financement de l’Etat ont été inscrits, contre 3,395 millions engagés en 2008. Le PLF 2009 précise également que « pour l’avenir, les missions de CampusFrance devraient être regroupées avec celles d’Egide et de France Coopération Internationale, GIP chargée d’assistance technique et d’expertise internationale française à l’étranger ».  

Autre lame de fonds à anticiper selon André Siganos, l’intégration du coût carbone d’une formation éloignée. « On va devoir prendre en compte cette donnée et en tirer les conséquences par rapport aux longs déplacements de certaines mobilités. Il faut repenser au e-learning et à la formation ouverte et à distance dans lesquelles nous sommes loin d’être en avance ».          

Fabienne Guimont | Publié le