Lycées franciliens : la tarification au quotient familial des cantines sur la table

Isabelle Maradan Publié le
Le Conseil régional d’Ile-de-France vise l’application du quotient familial aux tarifs de cantine dans les lycées de la région, politique actuellement expérimentée dans sept établissements. Avant de parvenir à généraliser le dispositif, l’ensemble des lycées franciliens ont été incités à unifier leurs tarifs début 2013. Décryptage.

Prix variables au ticket, au forfait de 3, 4 ou 5 jours... A la question "combien coûte le repas de cantine dans un lycéen francilien ?", il existe aujourd'hui plus d'un millier de réponses ! Et la qualité de ce qui se trouve dans l'assiette ne suffit pas à justifier ces différence de coût d'un établissement à l'autre. Sur le dossier des cantines, dont il a la responsabilité, le Conseil régional d’Ile-de-France a décidé de passer à table. Au menu : l’unification des tarifs de cantine de l’ensemble des 470 lycées franciliens et, à terme, une politique tarifaire basée sur le quotient familial pour plus de 475 000 lycéens.

Expérimentation du quotient familial dans 7 lycéens franciliens

« La région a la responsabilité des cantines et je veux que tous les jeunes puissent manger un repas chaud et équilibré au lycée », assure Henriette Zoughebi, vice-présidente du Conseil régional d'Ile-de-France en charge des lycées et des politiques éducatives. Un travail d’expérimentation est mis en place dans 7 établissements de la région pour définir « un tarif minimum permettant aux jeunes issus des familles les plus en difficultés d’aller à la cantine et un tarif maximum raisonnable pour garantir de la mixité sociale », détaille l’élue. Sont impliqués les lycées Honoré-de-Balzac à Mitry-Mory (77), Paul-Belmondo à Arpajon (91), Jean-Moulin au Blanc-Mesnil (93), Louis-Blériot à Étampes (91), Léonard-de-Vinci à Saint-Michel sur Orge (91), Jean-Jaurès, à Montreuil-sous-Bois (93) et Simone-de-Beauvoir à Garges-les-Gonesse (95).

En parallèle de cette expérimentation, l’ensemble des lycées franciliens ont reçu début octobre 2012 une directive du Conseil régional préconisant d’appliquer le même tarif de cantine pour tous de manière provisoire avant la généralisation d’une politique tarifaire basée sur le quotient familial. Le tarif prévu devrait osciller entre 1,20 € et 3 € par repas selon la tranche de revenu de la famille.

Pour l’heure, le lycée public Saint-Louis à Paris, qui mène une politique d’aide sociale singulière en faveur des étudiants boursiers des classes préparatoires, est le seul à avoir alerté le Conseil régional sur les effets pervers de cette mesure transitoire (lire encadré). Mais Henriette Zoughebi assure ne pas être « psychorigide » et prête à « faire machine arrière » si nécessaire.


Effets pervers du tarif unique de cantine au lycée Saint-Louis à Paris
Contre-productive. La mesure prise par la région pour mettre en place des tarifs de cantine plus justes et équitables s’est traduite par une facture très salée (+ 80% dans certains cas) au premier trimestre 2013 pour les étudiants boursiers du lycée Saint-Louis à Paris. Ce lycée public, le seul en France à n’accueillir que des étudiants en classes préparatoires, octroyait jusqu’alors une réduction de 50% sur les tarifs de cantine aux étudiants boursiers de niveau 1 à 6. Inscrite dans le projet de l’établissement, cette aide sociale spécifique s’est vue contrariée par l’application de la même tarification pour tous demandée par la région.

Si 85 % des étudiants ont vu leur facture baisser de 10%, le tarif unique a été défavorable aux 15% les plus en difficultés. « Alors qu’il y a ici une politique volontariste en faveur de l’égalité des chances avec des dispositifs comme les cordées de la réussite, cette situation stupéfiante pourrait contraindre des étudiants boursiers à ne pas aller en prépa pour des raisons économiques », prévient le président de l’association des parents d’élèves du lycée.

Alerté par l’association, la région a déploré que « l’application du principe d’égalité de traitement pour une même prestation de demi-pension pouvait, dans ce cas de figure, apparaître contradictoire », dans un courrier daté du 17 janvier 2013. Henriette Zoughebi reconnait ne pas avoir anticipée la gravité de la situation, avant d’être alertée par les parents. En attendant de travailler sur un système plus juste basé sur le quotient familial, le lycée du boulevard Saint-Michel est autorisé à revenir à son fonctionnement antérieur, avec effet rétroactif au 1er janvier 2013. Retour à la case départ.

 

 

Isabelle Maradan | Publié le