Classement 2022 de la réussite en licence : comment les universités font progresser leurs étudiants ?

Amélie Petitdemange Publié le
Classement 2022 de la réussite en licence : comment les universités font progresser leurs étudiants ?
L'Etudiant publie son premier classement de la réussite en licence par université. // ©  Sébastien Ortola/REA
L’université d’Angers arrive en tête de notre classement 2022 de la réussite en licence. François Germinet, président de la commission formation et insertion professionnelle de France Universités, pointe les leviers de la réussite à l’université.

L’Etudiant a établi son classement 2022 de la réussite en licence dans 68 universités françaises, basé sur les données du ministère de l'Enseignement supérieur. Si moins d’un tiers des étudiants réussissent leur licence en trois ans à l’université, le taux de réussite varie grandement selon les établissements. L’université d’Angers arrive en tête, avec 49,9% de réussite en trois ans. Elle est suivie de l’université de Corse, avec 42,5%. L’université de Poitiers arrive juste après, à 41,7%.

Les meilleures licences en 2022 selon le taux de réussite

Le classement permet également de consulter le taux de réussite en quatre ans et la valeur ajoutée de l’établissement qui mesure la capacité à faire progresser les étudiants. Cette donnée est la différence entre le taux de réussite initialement attendu par le ministère de l’Enseignement supérieur et le taux de réussite finalement observé. Le taux attendu se base sur les caractéristiques sociales des étudiants inscrits et des indicateurs comme la moyenne obtenue au bac.

Mais attention toutefois, certaines universités peuvent adopter des stratégies favorisant un meilleur taux de réussite. "Certaines universités font de la sélection à l’entrée en raison de leur capacité d’accueil. Elles importent des mentions 'très bien' de toute la France, ce qui limite l’échec en première année", constate François Germinet, président de la commission formation et insertion professionnelle de France Universités.

Les facteurs de la réussite en licence

Certains établissements ont mis en place des dispositifs qui favorisent la réussite de leurs étudiants. "L’université de Poitiers, qui se classe troisième, a mis en place des dispositifs particuliers de suivi des étudiants. Dès que ça commence à mal aller, ils relancent les étudiants. Dans ce cas, il ne s’agit pas de faire réussir ceux qui réussissent déjà mais d'accompagner ceux qui ne sont pas prédisposés à la réussite", commente ainsi François Germinet.

Le tutorat permet notamment de faire progresser les étudiants. Mais François Germinet note un seul bémol : les étudiants en grande difficulté n’y participent pas. "L’effet du tutorat est relatif car ce sont les étudiants avec un niveau moyen qui viennent au tutorat pour se rassurer et avoir le petit déclic supplémentaire qui leur permettra d’avoir une meilleure note", explique-t-il.

Le président de la commission formation note également les bienfaits de l’apprentissage dans la réussite des étudiants. "A peu près dans toutes les universités, le groupe des étudiants en apprentissage réussit mieux que celui en formation initiale. Les étudiants en apprentissage mettent en pratique en même temps qu’ils apprennent et sont plus motivés". Il plaide ainsi pour des formations plus professionnalisantes, avec des projets et des pratiques en complément de la théorie.

Le taux d’encadrement est aussi un facteur de réussite, selon le président de la commission formation et insertion professionnelle. Plus les étudiants sont suivis, mieux ils réussissent. "C’est pourquoi nous appelons à une loi de programmation pour l’enseignement supérieur afin d'avoir plus de moyens et donc d'améliorer ce taux", souligne François Germinet. Selon lui, l’outil le plus efficace est la proximité avec les professeurs et le lien avec la direction de l'orientation et de l'insertion professionnelle (DOIP).

Adapter les capacités d’accueil

Les capacités d’accueil - souvent insuffisantes - seraient ainsi une des causes de l’échec à l’université. "Les formations proposées ne sont pas adaptées au flux entrant. Il y a trop de capacité d’accueil en filière générale et pas assez en filière technologique et professionnelle", affirme François Germinet.

Des bacheliers professionnels poussent ainsi les portes des licences généralistes, faute de place en BTS, et échouent en raison de cette mauvaise orientation. "Il faut ajuster les capacités d’accueil pour que les étudiants en licence répondent vraiment aux attendus et que les autres aient accès à des formations mieux adaptées", pointe François Germinet.

Le constat est clair : "D’une manière générale, il faut réinjecter des moyens dans la licence générale ou adapter les licences aux moyens aujourd’hui dévolus".

Rang

Etablissement

Taux de réussite en 3 ans

Valeur ajoutée pour la réussite en 3 ans

Taux de réussite en 3 ou 4 ans

Valeur ajoutée pour la réussite en 3 ou 4 ans

1

UNIVERSITE ANGERS

49,9

12,6

60,1

9,9

2

UNIVERSITE CORSE

42,5

12,6

50,5

8,9

3

UNIVERSITE POITIERS

41,7

7,2

55

7,7

4

UNIVERSITE PARIS 1

40,4

-1

56,5

1,6

5

UNIVERSITE SAINT ETIENNE

39,2

11

47,9

8

6

UNIVERSITE LYON 2

38,3

4,1

48,2

2,4

7

UNIVERSITE TOULOUSE 1

38,3

1

51,2

-0,1

8

UNIVERSITE PARIS SACLAY

38,1

4,2

53,2

4,7

9

UNIVERSITE PARIS 2

37,9

4,6

49,6

3,8

10

UNIVERSITE CHAMBERY

37,9

-6,3

53,2

-5,7

11

INU CHAMPOLLION ALBI

37,8

6,8

48,5

5,1

12

UNIVERSITE DIJON

37,6

4,5

49,9

4

13

UNIVERSITE GUSTAVE EIFFEL

37,6

7,1

48,5

5,1

14

UNIVERSITE LA ROCHELLE

36,7

6,9

53,2

10

15

UNIVERSITE MULHOUSE

36,7

5,8

47

4,2

16

UNIVERSITE PAU

36,3

4,1

49,2

3,8

17

UNIVERSITE PARIS 10

35,7

4

48,3

3,5

18

SORBONNE UNIVERSITE

35

-2,9

47,5

-1,8

19

UNIVERSITE CLERMONT AUVERGNE

34,9

0

46,9

-0,5

20

UNIVERSITE LE MANS

34,9

1,7

46,2

0,7


Méthodologie
Pour constituer ce palmarès, nous avons utilisé les données du ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche. L'Etudiant a d'abord analysé la réussite en licence à trois ans. Autrement dit, le classement rend compte des étudiants qui ont réussi leur licence en trois ans, sans avoir redoublé.
L'analyse concerne les étudiants inscrits pour la première fois en première année de licence en 2016, et qui n'ont pas changé de discipline entre temps. Ce sont donc des étudiants qui ont été diplômés en 2019, lorsqu'ils ont eu leur diplôme en trois ans, et diplômés en 2020, lorsqu'ils ont redoublé une fois uniquement.
Le tableau affiche également la valeur ajoutée. Cette information complète le taux de réussite et est calculée par le ministère de l'Enseignement supérieur. Ce dernier calcule un taux simulé de réussite en fonction des caractéristiques sociales des étudiants de chaque établissement (sexe, âge au bac, série du bac, mention au bac, origine sociale). La valeur ajoutée correspond à la différence entre le taux simulé par le ministère et le taux de réussite finalement observé. Plus cet indicateur est important, plus cela signifie que l'université a eu un taux de réussite plus important que celui attendu par le ministère. Plus concrètement, des étudiants dont les chances de réussite n'étaient pas garanties au départ, ont malgré tout réussi à obtenir leur diplôme.
Pour refaire le classement en fonction du critère qui vous intéresse le plus : réussite en trois ans, réussite en trois ou quatre ans, ou valeur ajoutée, n'hésitez pas dans les tableaux à cliquer sur le nom du critère en question pour faire votre classement.

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