CNRS : nouveau contrat d'objectifs, malgré l'opposition des syndicats

Frédérique Letourneux Publié le

Sans surprises, le conseil d'administration du CNRS a adopté le contrat d'objectifs et de moyens avec l'Etat pour 2009-2013 (voir fichier ci-dessous), par 15 voix pour et 6 voix contre. Pour l'occasion, le CA avait été convié au CERN, le laboratoire européen sur la recherche nucléaire, basé à Genève. Une délocalisation inédite qui a immédiatement jeté le soupçon sur les intentions de la direction : aurait-elle préféré fuir pour éviter un énième affrontement avec des chercheurs mécontents ?

« Un contrat d’objectifs sans moyens »

C'est la version défendue par les élus représentant les personnels au sein du CA qui ont rejeté à l'unanimité ce qu'il qualifie de  « contrat d’objectifs sans moyens ». « La question des moyens est réglée en 8 ou 10 lignes dans ce contrat, assure Pierre Girard, élu SGEN-CFDT. Il est juste rappelé l'engagement de la ministre de ne pas supprimer d'emplois en 2010-2011. Mais aucune garantie n'est donnée sur l'après. Nous sommes loin du plan pluriannuel de l'emploi scientifique que nous réclamons de nos voeux ».

Mais le malaise n'est pas que conjoncturel : « Le CNRS est en train de tourner une page de son histoire. Ce contrat consacre sa perte d'autonomie et un pilotage de plus en plus fort par le ministère », poursuit  Pierre Girard. En cause, la part croissante prise par les crédits de recherches distribués par l'ANR (l'Agence nationale de la recherche) sur appels à projets. Autre inquiétude fortement exprimée par la communauté scientifique depuis des mois : la création des instituts (au nombre de 10) en lieu et place des actuels départements scientifiques du CNRS.

Crainte de cloisonnement de la recherche

Même s'il est inscrit noir sur blanc dans le contrat que le CNRS reste un organisme unitaire, gardant en son sein l'ensemble des disciplines, beaucoup de chercheurs craignent que cette organisation en instituts ne cloisonne trop fortement la recherche et empêche des projets trans-disciplinaires. Et surtout que des alliances avec d'autres organismes (comme dans le domaine des sciences de la vie) soit le premier pas vers un démantèlement, à terme, du CNRS.

Nouveau décret sur le CNRS attendu

De toutes façons, la bataille autour des instituts devrait se poursuivre autour du projet de décret censé modifié celui, fondateur, de 1982. Le texte présenté en Commission technique paritaire (CTP) le 23 juin 2009, doit désormais être examiné par le Conseil d'Etat. Ce projet de décret modifie aussi les missions même du CNRS : « On retire au CNRS la capacité d'évaluer pour ne lui laisser que les deux missions « d'effectuer » et de « faire effectuer » des recherches tout en lui demandant d'avoir une vision stratégique. Or sans évaluation, il n’y a pas  de choix pertinents »,  s'inquiète l'élu SGEN-CFDT. Affaire à suivre, donc.

Frédérique Letourneux | Publié le