
La pression s’intensifie pour le ministère de l’Éducation nationale. Depuis six mois, l’association Droits des lycéens lui réclame les documents techniques régissant Admission postbac, le logiciel de préinscription en première année d’enseignement supérieur. L’association soupçonne que certains critères pris en compte pour départager les bacheliers candidats dans les filières universitaires "en tension" relèvent de pratiques de sélection illégales.
Vendredi 16 septembre, la Cada (Commission d’accès aux documents administratifs), autorité administrative indépendante et consultative chargée de veiller à la liberté d’accès aux documents administratifs, a émis "un avis favorable à la communication de tous les documents sollicités" par l’association.
"On avance, c’est très positif !" se félicite Clément Baillon, président de Droits des lycéens. En juin 2016, après avoir publié un guide des recours APB pour aider les futurs bacheliers, les représentants de l’association avaient été reçus au ministère : ils étaient repartis avec de nombreux documents, mais sans le fameux code source.
Le ministère a désormais un mois pour donner suite à l'avis de la Cada. Un avis qui reste consultatif. “Si le ministère continue de s’entêter dans son refus, nous irons devant le tribunal administratif”, martèle Augustin Ruggieri, vice-président chargé de la communication de Droits des lycéens.
L'ARGUMENT DES dONNÉES PERSONNELLES
La balle est donc dans le camp du ministère et de son service juridique, qui, selon la Cada, est à pied d'œuvre pour "procéder prochainement à la communication de ces documents au demandeur".
Interrogée sur la question mardi 20 septembre, lors de la conférence de presse dédiée à la rentrée universitaire, Najat Vallaud-Belkacem a tenu à souligner que l'algorithme avait été rendu public, et que la difficulté concernant le code source était liée au fait qu'une grosse partie de ce dernier contenait "principalement la gestion de l'interface et les données personnelles des étudiants."
Une phrase qui a suscité de nombreuses réactions sur Twitter :
cette phrase a autant de sens que "Le pb est que le code source contient une licorne ailée."
— Charlotte Truchet (@chtruchet) 20 septembre 2016
Ceci n'a aucun sens. Le code source gère, mais il ne *contient pas* les données. Demandez à n'importe quel dev. https://t.co/bbNQfwZJ0x
— Florian Strzelecki (@Exirel) 20 septembre 2016
#TraduisonsLes Chaque fois qu'il y a un nouvel étudiant, on doit éditer le code-source.
— Luc (@framasky) 20 septembre 2016
Euh… https://t.co/Ryt6zjca73
Le code dans un autre code
Pour Thierry Viéville, chercheur à l'Inria (Institut national de recherche dédié au numérique), "il faut sans doute comprendre derrière cette réponse de la ministre que le code source – le programme, donc – n'est pas intéressant en soi car il ne contient que l'interface utilisateur et non pas les algorithmes calculant les affectations."
Quoi qu'il en soit, "les données des élèves sont bien évidemment ailleurs dans la base de données, quelle qu'elle soit, et non dans le code source", complète le chercheur.
Mais où se cachent donc les règles d'affectation des candidats APB ? "L'algorithme lui-même a été implémenté dans un autre programme, dans un autre code source, et c'est celui-là qui serait intéressant de rendre public !" estime Thierry Viéville.