Après une fusion ratée, l’ESC Clermont sort progressivement la tête de l'eau

Eva Mignot Publié le
Après une fusion ratée, l’ESC Clermont sort progressivement la tête de l'eau
L'ESC Clermont mise sur la formation continue et une offre de formation diversifiée pour se développer. // ©  ESC Clermont
L’ESC Clermont fête cette année son centenaire. Créée en 1919, l’école est aujourd’hui en pleine reconstruction après avoir connu des années noires après le fiasco de France Business School.

Depuis un siècle, la business school auvergnate a diplômé plus de 12.000 étudiants. Il y a quelques années pourtant, l’école était au bord du gouffre après l’aventure France Business School (FBS).

En 2012, l'ESC Clermont s'associait avec trois autres écoles : l’ESC Amiens, l’ESC Brest – désormais connue sous le nom de Brest Business School –, l’ESCEM (Tours, Poitiers et Orléans) pour fusionner en une association : FBS. À peine deux ans et demi après sa création, la structure périclitait avec pertes et fracas.

La douloureuse expérience FBS

Comptabilité désorganisée, erreurs de gestion, effondrement des recrutements, non-obtention du grade de master pour ses formations… L’échec a laissé des traces. L’ESC Clermont, qui comptait avant FBS plus de 1.500 étudiants – 1.879 pour 2012-2013 –, n’en accueillait plus que 783 à la rentrée 2016. Si les effectifs sont de nouveau à la hausse – 1.223 étudiants pour la promotion 2018-2019 –, cette fusion a sérieusement égratigné l'image de la business school.

Nous misons sur la formation continue, avec un objectif de chiffre d'affaires, à l'horizon 2024-2025, de 1,5 millions d’euros.
(F. Roudier)

Aujourd'hui, l'école a retrouvé son autonomie financière et juridique, et elle tente de se relever. La convalescence est cependant loin d'être achevée, et le spectre de FBS n’est jamais très loin : le retour à l’équilibre, initialement prévu pour 2018, a ainsi été repoussé à 2020.

C’est d’autant plus difficile que la CCI (chambre du commerce et de l’industrie) du Puy-de-Dôme se désengagera bientôt du financement de l’école. "La chambre nous accompagne jusqu’à ce que nous retrouvions l’équilibre. Après, ses subventions cesseront", précise Françoise Roudier, directrice de l’ESC Clermont.

La formation continue à développer

Après l’annonce de la disparition de FBS en 2014, l’école a rapidement cherché à redresser la barre. "Aussitôt après la dissolution, nos diplômes ont été à nouveau reconnus. Nous sommes passés devant la commission de la CEFDG (Commission d'évaluation des formations et diplômes de gestion) en décembre 2014 et avons retrouvé notre grade de master en mars 2015", rappelle la directrice.

Dans la foulée, l'école a également réintégré la BCE (Banque Commune d’épreuves) ; ce qui lui a permis de récupérer sa population historique de candidats issus de classes préparatoires. La business school a toutefois conscience que les CPGE ne représentent plus son principal vivier. En 2018, pour 60 places proposées dans le programme grande école aux élèves de prépa, elle n'a recruté que 36 étudiants.

Si l'école a tout de même ouvert 70 places aux élèves de prépa en 2019, elle s’est résolue à se tourner vers d’autres publics : Bachelor, Master of Sciences, MBA, DBA… "Nous allons aussi miser sur la formation continue. Nous visons ainsi un chiffre d’affaires dans ce domaine de 1,5 millions d’euros en 2024-2025", estime Françoise Roudier.


Un rapprochement de business schools dans la région Auvergne-Rhône-Alpes ?
La déconvenue France Business School (FBS) n’a pas complètement refroidi l’ESC Clermont qui n’écarte pas l’idée d’un nouveau rapprochement entre écoles.
Depuis plusieurs années déjà, des bruits courent sur une potentielle fusion entre Grenoble École de management, l’EM Lyon et l’ESC Clermont. Si elle a été à de nombreuses reprises contestée, la rumeur persiste, et le projet ne semble pas abandonné. Reste à savoir si les établissements parviendront à s’entendre sur la marque adoptée en cas de fusion.

Cap sur l’international

L’ESC Clermont fait également le pari de l’international. Quand les universités craignent, de leur côté, une diminution drastique du nombre d’étudiants étrangers sur leurs bancs avec la hausse annoncée des frais de scolarité pour les candidats extracommunautaires, le nombre d’"incoming students" estimé et espéré par l’ESC Clermont devrait, lui, croître et passer de 373 à 420 en 2022.

Pour atteindre ces objectifs, l’ESC Clermont a opté pour la prudence. Si, dès le printemps prochain, la business school a l’intention, d’ouvrir un nouveau campus à Zhuhai, au sud de la Chine, elle le fera dans les locaux d’un établissement partenaire, la Guangdong Polytechnic of Science and Technolgy.

"Nous allons lancer un programme DBA à la rentrée prochaine et, en septembre 2020, nous aimerions offrir cette destination à nos étudiants", explique Richard Soparnot, directeur académique de l’ESC Clermont. La business school ambitionne de s’installer également dans le nord de la Chine et au Maghreb dans les années à venir.

Développer l’offre de formation

Pour attirer de nouveaux étudiants – français comme étrangers –, l’école veut marquer sa différence en enrichissant son offre de formation avec des filières sectorielles propres à son territoire.

Terre de rugby et fief du groupe Michelin, l'école s'est appuyé sur les atouts de la région clermontoise pour développer des spécialisations et des diplômes autour du sport et de l’automobile. "À la rentrée 2019, nous ouvrirons un master of science intitulé 'innover et entreprendre dans le sport'. Avant de le lancer, nous avons bien regardé si d’autres établissements proposaient une formation de ce type. Cela n’était pas le cas", précise Françoise Roudier.

Afin de pallier les arrêts de subventions et un potentielle baisse des revenus de la taxe d’apprentissage et d’accroître ses capacités de financement, l’école a choisi de créer une SAS (société par actions simplifiées). L’ESC Clermont, qui a pris la forme associative après la dissolution de FBS, existera toujours, mais sera adossée à une nouvelle société.

La CCI du Puy-de-Dôme investira à hauteur de 2.418 millions d’euros. À terme, l’école souhaiterait, que le capital de cette nouvelle société se porte à 4 ou 5 millions d’euros, grâce à la participation de partenaires de l’école et des alumni.

Eva Mignot | Publié le