Concours des grandes écoles : Valérie Pécresse lance une concertation avec la CGE

Sylvie Lecherbonnier Publié le

La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche lance une concertation avec la CGE (Conférence des grandes écoles) sur les concours d’entrée aux grandes écoles « pour les faire gagner en justice sociale sans perdre en exigence ». Elle l’a annoncé aujourd’hui, vendredi 8 octobre 2010, à l’occasion de la clôture du congrès de la Conférence.

La ministre attend « dans les mois qui viennent, des propositions concrètes pour faire évoluer les épreuves du concours ». Ce chantier passe pour Valérie Pécresse « par une évolution de certaines épreuves, je pense en particulier aux oraux ou aux épreuves de langues, mais aussi, pourquoi pas, à l’introduction de nouvelles manières d’apprécier objectivement les qualités intellectuelles et personnelles des candidats. »

Après le clash début 2010 sur l’ouverture sociale des grandes écoles, c’est donc l’apaisement entre Valérie Pécresse et les grandes écoles. Le mot quota, qui avait déclenché la polémique, a à peine été prononcé. La ministre préfère croire au « volontarisme », volontarisme qui a déjà permis d’ouvrir « largement les portes des classes préparatoires aux boursiers ». « La République française s’est fondée sur l’éducation, c’est-à-dire l’espoir qu’un fils d’ouvrier qui en avait les capacités pouvait devenir polytechnicien. Nous pouvons être fier de cette culture de la méritocratie républicaine », a martelé Valérie Pécresse.

Des épreuves discriminantes
Des études conjointes de l’IGAENR (Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche) et de la CGE ont montré l’existence de biais sociaux dans les concours actuels. Selon Pierre Tapie, le président de la Conférence et directeur de l’ESSEC, « toutes les épreuves sont discriminantes. On constate le même écart entre boursiers et non boursiers sur les épreuves de mathématiques et d’éducation physique. » Et d’analyser les chiffres : « il existe un écart de deux points sur vingt, l’équivalent d’une mention au bac, entre les élèves boursiers et non boursiers à l’entrée en prépa. Cet écart est réduit de moitié au moment des écrits des concours, et dans un facteur de trois à quatre au moment des oraux. »

Pour le président de la CGE, les biais sociaux commencent bien avant l’entrée dans les grandes écoles : « on compte 16% d’élèves issus de catégories socio-professionnelles favorisées en 6ème, ils sont 51% chez les bacheliers avec mentions bien et très-bien parmi lesquels nous recrutons nos étudiants. »

Un livre blanc en novembre
 Face à la demande ministérielle d’évolution des concours, la réponse de la Conférence des grandes écoles reste encore timide. La CGE travaille à l’élaboration d’un livre blanc sur l’ouverture sociale « qui montrera la diversité des actions engagées », selon Hervé Biausser, vice-président de la Conférence. Pierre Tapie insiste, lui, sur « les phénomènes très complexes et les nuances très fines à apporter sur ce sujet». Sur l’ouverture sociale des grandes écoles, il avance tout de même huit propositions, comme étendre les cordées de la réussite, compléter les internats d’excellence par des « écuries d’excellence » pour les élèves au plus haut potentiel, défiscaliser les frais de scolarité ou examiner de nouvelles épreuves comme les TIPE. Rendez-vous est donc pris en novembre pour la publication du livre blanc et des propositions plus précises.


Sylvie Lecherbonnier | Publié le