Décret statutaire des universitaires : des rondes obstinées devant le conseil d’Etat

Fabienne Guimont Publié le
Décret statutaire des universitaires : des rondes obstinées devant le conseil d’Etat
Devant le conseil d'Etat (21 avril 2009) // © 

Malgré les vacances de printemps des zones B et C, plusieurs « rondes des obstinés » rassemblant quelques centaines d’enseignants-chercheurs ont occupé toute la place du Palais royal, le 21 avril 2009. Un emplacement symbolique devant le conseil d’Etat pendant son examen du décret réformant le statut des enseignants-chercheurs. Ce dernier avait été le déclencheur de la mobilisation dans les universités, qui dure maintenant depuis douze semaines.

« Des postes, du fric et du respect »

« Ce décret, même dans sa cinquième mouture, ouvre sur un service d’heures de cours alourdi et payés autant alors qu’avant, nous avions des heures supplémentaires », explique Laurent Gavoille, maître de conférences à Bordeaux 3. « Ce qui nous fait tenir, c’est l’urgence de la lutte contre la casse du service public d’enseignement. Avec la mastérisation de la formation des enseignants, nous allons fabriquer des précaires », renchérit sa femme, enseignant-chercheur à l’université de Tours et non syndiquée.

Corne de brume, sifflets et huées animaient ces rondes composées essentiellement d’enseignants-chercheurs de Paris et de province. Les slogans dépassaient largement le seul décret réformant celui de 1984 : « Service public : des postes, du fric et du respect » indiquait une banderole de l’EHESS, « Pécresse démission » ou encore « Qu’est-ce qu’on veut ? Le retrait de la loi LRU », « Plus d’enseignants, moins de président » ont scandé les manifestants.

« Irresponsabilité et provocation »

Jean-Louis Fournel, président de SLU tient sa pancarte « Je pense donc je tourne ». « Le gouvernement est irresponsable et provocateur. C’est d’autant plus dommage qu’au bout de 12 semaines, il est miraculeux que le mouvement garde ce sens de la responsabilité et de l’équilibre. J’aimerai qu’il y ait le même sens des responsabilités de la part du gouvernement. La mise en œuvre de la LRU actuellement est à l’image du concept de la décentralisation selon la droite : maintien du contrôle gouvernemental tout en se déchargeant de la responsabilité financière envers les universités ».   

Pour le nouveau secrétaire général du Snesup, Stéphane Tassel, le mouvement n’est pas prêt de s’éteindre, même s’il veut croire que « il y a toujours un geste politique pour évacuer ce texte ». « La mobilisation a traversé les vacances d’hiver et il traversera les vacances de printemps », conclut-il à une semaine d’une nouvelle manifestation programmée pour le 28 avril 2009.

En attendant le conseil des ministres

L’avis technique du conseil d’Etat est donné vis-à-vis du droit. Il est rendu au gouvernement à titre consultatif, le jour même ou le lendemain de son passage en examen, et n’est pas publié par le conseil d'Etat. Le décret, réécrit plusieurs fois, devrait ensuite être présenté en conseil des ministres. Mardi soir, le ministère de l'Enseignement supérieur indiquait ne pas connaître la date de son passage en conseil des ministres.

Fabienne Guimont | Publié le