Ecoles de commerce : la commission Helfer et l’AERES se partagent l’évaluation

Géraldine Dauvergne Publié le

« Les établissements qui se trouvent actuellement dans le périmètre de la Commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion (CEFDG) y resteront. Mais ceux qui ont des contractualisations avec l’Etat, et qui de ce fait touchent de l’argent public, seront en plus évalués par l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES) ».

15-20 % des écoles auditées par la CEFDG seront évaluées par l'AERES

C’est en ces termes que Jean-Pierre Helfer , président de la CEFDG, concluait, au ministère de l’Economie, son séminaire le 27 mars 2009. « Les établissements qui seront évalués par nos deux organismes seront ceux qui se trouvent membres d’un PRES, ceux qui ont une école doctorale, ainsi que les écoles membres de la FESIC (Fédération d’écoles supérieures d’ingénieurs et de cadres). C’est-à-dire 15 à 20 % des écoles de commerce et de gestion déjà auditées par la CEFDG. La plupart de nos établissements ne sont pas dans le cadre d’une contractualisation avec l’Etat, mais demandent la reconnaissance de l’Etat, un visa, un grade de master : ceux-ci n’auront affaire qu’à la commission Helfer. »
 
La place de la commission Helfer confirmée

Ce séminaire fut l’occasion de confirmer la CEFDG dans son rôle et sa légitimité. « La commission Helfer a toute sa place, a indiqué Patrick Hetzel, directeur général de l’Enseignement Supérieur. Au cours de ces huit dernières années, elle s’est installée auprès des établissements de commerce et de gestion, grâce à la problématique particulière de la place de la professionnalisation. Elle a acquis une légitimité aux yeux de tous, familles, entreprises et Etat. Tous les avis rendus par la commission Helfer ont toujours été suivis par les autorités de tutelle, alors que l’Etat a toute latitude pour s’en écarter. »

Les membres de la CEFDG et les représentants de l’AERES ont œuvré à partager les tâches et les responsabilités relevant de chacun de leurs dispositifs. « Notre collaboration existe déjà, rappelle Jean-François Dhainaut, président de l’AERES. Nous avons le souci à l’AERES de ne pas avoir une charge excessive. Nous préférons ainsi travailler en collaboration, en établissant un référentiel commun, des objectifs communs, et des critères sur lesquels nous pouvons asseoir notre évaluation. »

Le président de l'AERES a aussi rappeler qu'une organisation similaire avait été mise en place avec les écoles d’ingénieurs. « Dans le cadre de la contractualisation, nous avons déjà mis en place un groupe de travail commun avec la CTI (commission des titres d’ingénieurs) afin d’éviter les doublons et de favoriser les échanges. Les experts dans chacun de ces domaines, sciences ou gestion, ne sont pas si nombreux … »

Evaluations : similitudes et différences

Les participants au séminaire ont pu comparer les méthodes d’évaluation respectives de la commission Helfer et de l’AERES. Sur 25 critères, 9 ont été identifiés comme des points de ressemblance, 14 comme des critères différents. « Dans les éléments de ressemblance, il y a le poids accordé à la recherche, explique Jean-Pierre Helfer. Dans nos différences, il y a la manière dont est évaluée la gestion des personnels, ou encore la politique de confidentialité. Ainsi, les avis rendus par la CEFDG restent secrets, et sont rendus en face à face avec les établissements. Tandis que l’AERES publie chacun de ses rapports sur son site... ».

Jean-Pierre Helfer confie cependant que la publication des rapports de sa commission constitue un « objectif personnel », mais souligne les réticences du milieu « hyperconcurrentiel » des écoles de management. Si le travail sur le référentiel est de l’aveu des protagonistes « bien avancé », reste à harmoniser les calendriers. On irait vers une homogénéisation des durées, similaire à tous les organismes d’évaluation. La commission Helfer effectue jusqu’à présent un audit tous les six ans, l’AERES tous les quatre ans…

Quels profs et quelle recherche ?

L’évaluation de la recherche a occupé une place essentielle dans les discussions et les travaux de la journée. « Celle-ci couvre un champ plus vaste que les seules publications dans les revues de recherche, a tenu à préciser Jean-François Dhainaut. Il nous faut prendre en compte, non seulement la production de recherche, telle qu’elle se matérialise dans chaque spécialité ; mais aussi son attractivité auprès des doctorants issus de la Communauté européenne, et la stratégie de l’équipe, son projet, sa prise de risques, ses innovations. » La commission Helfer a exprimé son souhait d’assouplir la définition du corps professoral des écoles de commerce, en créant une catégorie intermédiaire de professeurs, ni permanents ni vacataires. « Les professeurs visitants ou associés pourraient apparaître en tant que tels dans le cadre de nos évaluations », résume Jean-Pierre Helfer.

Evoquant la loi de 2006 sur la recherche, puis la loi LRU (libertés et responsabilités des universités), Patrick Hetzel a rappelé qu’il souhaitait des regroupements significatifs entre établissements. « A terme, il s’agira de développer une marque ombrelle et une signature unique à l’aune d’un site, afin d’entrer dans une plus grande visibilité et d’une plus grande lisibilité à l’international. » Ce qui ne fait pas encore, semble-t-il, l’unanimité parmi les très nombreux représentants des établissements de commerce et gestion présents à ce séminaire.








Géraldine Dauvergne | Publié le