Ecoles de journalisme : vigilance accrue pour la reconnaissance

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La Commission paritaire nationale de l’emploi des journalistes (CPNEJ) a réajusté pour la rentrée 2008 ses critères de reconnaissance des cursus de journalisme. Les écoles ont jusqu’au 31 octobre 2008 pour retourner leur dossier répondant aux nouveaux critères. La nouvelle version issue d’un accord signé en mai 2008 affine les dix critères établis en 2001, en prenant en compte l’évolution générale du secteur : inflation du nombre d’établissements spécialisés et crise de la profession. « Nous avons voulu mettre l’accent sur l’insertion des jeunes diplômés », indique Bernard Lainé, président de la CPNEJ.

L'insertion des diplômés devient un critère

Pour que la demande de reconnaissance d’un cursus soit recevable, celui-ci doit avoir diplômé au moins deux promotions, mais surtout fournir leur situation d’insertion, une précision qui n’existait pas auparavant. De même, le critère portant sur la durée minimale de la formation (trois semestres répartis sur deux années civiles) a été longuement développé. En l’occurrence, la commission demande copie de l’emploi du temps remis aux étudiants et le budget des heures payées, cela « afin d’appréhender la réalité des heures effectives d’enseignement ». Il s’agit d’éviter que des écoles gonflent artificiellement leur programme. Autres nouveaux critères pris en compte pour mesurer les efforts d’insertion : l’existence d’une association d’anciens élèves et d’une bourse aux emplois.

Extension du domaine de la labellisation

La commission a par ailleurs rédigé un référentiel général des formations détaillant les contenus pédagogiques attendus, aussi bien dans le domaine des enseignements fondamentaux (traitement des informations, déontologie, etc.) que des enseignements spécialisés pour chaque type de médias. « Ce document va nous permettre de labelliser des cursus ne relevant pas de la formation initiale, par exemple des filières en apprentissage, en formation continue ou encore une formation très spécialisée sur un métier », explique Bernard Lainé.

Reste la question de fond d’adaptation aux besoins d’une profession en grande difficulté. La CPNEJ s’en tient à son rôle « technique d’évaluation qualitative ». Certains renvoient la balle dans le camp du patronat, en souhaitant une réflexion en profondeur sur les différents enjeux de la formation des jeunes journalistes, tant en matière de financement des formations que d’insertion.

Mathieu Oui

Trois questions à Bernard Lainé, président de la CPNEJ : «Nous n’avons pas pour vocation à réguler la démographie de la profession »

Face aux difficultés d’insertion des jeunes diplômés, n’y a t-il pas trop d’écoles ? Et la CPNEJ doit-elle reconnaître plus de cursus ? Il n’est pas de notre ressort de réguler le marché des jeunes diplômés ou la démographie de la profession qui s’autorégule par elle même. Notre mission est de veiller à la qualité de l’enseignement.

La commission souhaite être encore plus vigilante sur l’insertion professionnelle. Quels sont vos moyens de vérifier cet élément, au-delà des enquêtes d’insertion fournies par les écoles ? On essaie de recouper nos informations au maximum. Par exemple, dans chaque filière reconnue, les partenaires sociaux signataires de la convention sont représentés au sein d’un conseil pédagogique paritaire. Pour le SPQR par exemple, c’est généralement le rédacteur en chef du journal régional de la ville ou est situé l’école qui siège dans ce conseil. Ces représentants nous informent sur le fonctionnement des cursus reconnus. Les présidents des associations d’anciens sont également de bons interlocuteurs.

Actuellement, où en sont les demandes de reconnaissance des cursus?  Pendant les travaux de redéfinition des critères de reconnaissance qui ont duré un an et demi, tous les dossiers de nouvelles demandes ont été mis en attente. A la suite de l’adoption du nouveau texte, nous avons envoyé une lettre-type demandant aux douze cursus reconnus et aux huit nouveaux candidats de nous retourner un dossier prenant en compte ces nouveaux critères. Ils ont jusqu’au 31 octobre pour le retourner.

Propos recueillis par Mathieu Oui

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